Vous avez assisté au grand colloque, lundi 23 mai au Zénith de Rouen, réunissant les grands élus normands et franciliens. Son but : préparer le Grand Paris. Qu’en retenez-vous ?
“Contrairement au colloque de 2010, au Havre, où il avait été question de l’axe Seine comme un lien Paris-Le Havre uniquement économique, j’ai le sentiment qu’on s’oriente enfin vers une véritable coopération régionale. J’en suis agréablement surpris, puisque c’est l’idée que je défends et que nous avons exprimée récemment, avec onze autres géographes des universités de Rouen, du Havre et de Paris, dans une lettre ouverte.”
Il faut donc avoir une vision plus large...
“Oui, et c’est ce qui a été évoqué. En imaginant, par exemple, la création de véritables filières normandes autour de l’éolien ou des véhicules électriques, le débat s’est décentré de la simple ligne à grande vitesse. Les élus ont, à mon sens, dévoilé un projet cohérent et consensuel, il faut le souligner.”
Rouen retrouve-t-elle une place de choix ?
“Je crois, oui. Il faut se rappeler qu’il y a deux ans, quand Nicolas Sarkozy avait lancé le débat, il n’avait évoqué qu’une ligne Paris-Le Havre, contournant Rouen. Là, le ministre Bruno Le Maire a entériné l’idée d’une future gare à Saint-Sever. Comme Pierre Mauroy à Lille avait réussi à obtenir la nouvelle gare en centre-ville dans les années 1990, Rouen peut en faire de même, créant ainsi un pôle urbain central.”
En 2008, vous aviez publié “Rouen, métropole oubliée ?” Où en est votre interrogation ?
“La création de la Crea, laborieuse, a mobilisé tous les efforts des élus pendant plusieurs années. Pendant ce temps, Rouen a laissé passer des opportunités. Quand le rapport Balladur, en 2009, parlait de Rouen, nous aurions dû sauter sur l’occasion. Si Rouen n’a pas réussi à devenir métropole, c’est la faute des élites rouennaises. Il a manqué, par le passé, un homme fédérateur. Aujourd’hui, le projet “Axe Seine”, tel qu’il est apparu lundi, change la donne. Il reste que le grand handicap de la Normandie est la proximité sur son territoire de trois grandes villes, Rouen, Le Havre et Caen. Ce n’est que reliées entre elles qu’elles arriveront à grandir”.
Vous pointez du doigt l’absence des citoyens dans le débat...
“Il y a comme un divorce entre les élus et la population. Je ne sens pas les Normands mobilisés derrière les politiques. Comme a dit Bertrand Delanoë, le maire de Paris, “il faut que le peuple fasse vivre ce projet”.
Comment ?
“Il faudrait que ce débat puisse se multiplier localement. Car il s’agit de tout sauf d’une discussion complexe et technocratique. C’est l’avenir de la région qui est en jeu. Si rien n’est fait, elle se videra au profit de la région parisienne.”
Une vie, six dates
- 1936 : naît à Cherbourg
- 1967 : professeur assistant à l’université de Rouen
- 1976 : thèse d’Etat à l’université de Caen
- 1990-1994 : préside la commission géographie du CNRS
- 1993 : “La Haute-Normandie sur deux horizons” (La Documentation française)
- 2008 : “Rouen, métropole oubliée ?” (L’Harmattan)
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