Pour la Communauté d’agglomération (Crea), qui a en charge sa production, sa distribution et son traitement, l’eau est un enjeu stratégique. Chaque année, 22 millions de mètres cube d’eau potable sont produits sur son territoire. Imaginez : l’équivalent d’un bassin de deux kilomètres de long, d’un kilomètre de large et de dix mètres de profondeur.
Sous haute surveillance
Des captages aux stations d’épuration, en passant par les réservoirs et les châteaux d’eau, la Crea pilote un réseau gigantesque. “Si elle ne devait garder qu’une compétence, ce serait bien celle de l’eau, ose même dire Jean-Marie Masson, maire de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en charge de la régie communautaire. Nous la considérons comme un bien essentiel, pas comme une marchandise”. Un bien essentiel que les pouvoirs publics surveillent de très près, comme en témoigne la présence du site de Moulineaux et des sources du Robec à Fontaine-sous-Préaux, qui alimentent l’usine de la Jatte, dans la liste nationale des captages prioritaires.
“S’il sont autant surveillés, c’est qu’il fournissent une grande partie de l’eau potable de l’agglomération”, indique Alain Renaud, directeur du pôle eau et assainissement de la Crea. La vie et l’hygiène de centaines de milliers de personnes en dépendent. Une pollution de la nappe à grande échelle – le scénario catastrophe – n’est jamais à exclure. “En cas de problème de ce type, les interconnexions du réseau permettraient d’alimenter la population à partir d’un autre”, éclaire Jean-Marie Masson.
Pollution, sécheresse, gâchis : protéger la ressource revient dans toutes les bouches. A chaque problème, la Crea tente de réagir, notamment au travers du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) s’appliquant à 25 communes du nord-est de l’agglomération. Des pesticides dans la nappe phréatique ? On organise des réunions pour sensibiliser les agriculteurs. Des canalisations défectueuses ? On lance la chasse aux fuites, avec trois agents dédiés à temps plein à cette mission.
Parallèlement, sous la pression de l’Union européenne, les normes de qualité de l’eau potable se durcissent. Depuis dix ans, l’usine de la Jatte, qui alimente 60 % des foyers rouennais, a ainsi recours à l’ultrafiltration. Ici, la Crea a opté pour des filtres en acétate de céllulose, avec des trous de10 nanomètres de largeur, empêchant même le passage des microbes.
“A l’avenir, de nouvelles substances, même les molécules médicamenteuses rejetées dans les eaux usées, seront contrôlées. Dans cinq ans, nous devrons investir 40 millions d’euros pour adapter la station d’épuration Emeraude (située au Petit-Quevilly) à ces nouvelles contraintes, note Alain Renaud. Il faut en être conscient : avec ces traitements de plus en plus sophistiqués, le prix de l’eau n’ira qu’en augmentant. Nous avons donc tout intérêt à responsabiliser les usagers sur leur consommation. Il y a d’énormes économies à faire”.
Repères
Elargissement En janvier 2012, 12 communes du nord-ouest de Rouen intégreront la régie publique de l’eau de la Crea. Elle alimentera 51 communes, soit 411 000 habitants.
“Eau de la Crea” Ce sera le nouveau nom de la régie publique de l’eau en 2012, “pour mieux identifier l’entité, la mutualisation”, explique l’élu Jean-Marie Masson.
Prix unique En 2012, les habitants des 45 communes de l’ex-communauté d’agglomération rouennaise (CAR), payeront l’eau au même prix. En 2018, ce sera toute la Crea.
Sécheresse Selon les services techniques de la Crea, le niveau des nappes phréatiques n’est pas alarmant. L’impact de la sécheresse devrait se faire sentir après l’été.
“La ressource la plus surveillée”
Que buvons-nous vraiment ? Ces derniers mois, la présence de solvants nocifs (trichloroéthylène et tétrachloroéthylène) dans l’eau du Syndicat intercommunal d’eau potable de Montville a fait prendre conscience de la vulnérabilité de la ressource. Dans chaque région, c’est l’Agence régionale de santé (ARS) qui contrôle sa qualité. “Nous faisons également contrôler l’eau toutes les semaines par un laboratoire indépendant de Caen”, explique la direction de l’eau, à la Crea.
En matière d’eau, les pouvoirs publics se veulent transparents. Sur orobnat.sante.gouv.fr, les résultats chimiques et bactériologiques sont donnés en temps réel. “Entre les pesticides et les rejets industriels, certains sols sont pollués, reconnaît Alain Renaud, de la Crea. Il y a une prise de conscience, mais personne ne sait combien de temps il faudra pour que certains polluants, datant parfois de plusieurs années, disparaissent. Ceci dit, n’oublions pas que l’eau reste la ressource la plus surveillée”.
Thomas Blachère
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