L'Armada a-t-elle perdu son esprit d'origine ? Non, répond évidemment Patrick Herr, le président d'honneur de l'association et fondateur de l'Armada en 1989, alors appelée les Voiles de la liberté.
Pas question de tomber dans le "c'était mieux avant". Les contraintes d'organisation et de sécurité notamment n'étaient pas les mêmes. Mais celui qui est à l'origine de cet événement si populaire regarde tout de même avec une certaine nostalgie les premières éditions, et en particulier celle de 1989. "C'était la plus belle, parce que c'était la première !", lance-t-il enthousiaste. À l'époque, les voiliers venaient gratuitement. "On était partis les voir à un rassemblement à Amsterdam, au culot, avec des bouquins de Rouen et des bouteilles de calvados. Et ils sont venus en 89 pour les remplir !"
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Un site désormais fermé
Aujourd'hui, il faut payer pour faire venir les bateaux, à l'exception des bateaux d'État. C'est comme cela que l'association a dû développer son modèle économique, en sous-louant les bateaux pour des soirées privés. "Par exemple, si un voilier coûte 10 000 euros par jour, on le sous-loue pour 10 000 euros et on fait une opération blanche", détaille Patrick Herr. Et comme il voulait que l'événement reste complètement gratuit, "on a commercialisé les quais", en faisant payer les exposants. "Avant, chacun pouvait venir faire des frites, s'il le voulait."
Autre différence majeure : la fermeture du site pour des raisons de sécurité depuis 2019, alors que les quais restaient jusqu'alors complètement ouverts. "Ça a été un petit handicap qui a fait perdre un peu de charme… C'est vrai qu'une barrière, ce n'est pas beau."
Un autre amoureux de l'Armada, l'écrivain de Rouen à succès Michel Bussi, se souvient aussi de 1989 comme d'une autre époque. "Il faut imaginer que les quais de Rouen n'avaient rien à voir. C'était des entrepôts désaffectés, entrepôt de pneus… Tout était improvisé. Et Rouen s'est fait envahir par une foule improbable, explique-t-il sourire aux lèvres. Je garde ce souvenir de ce joyeux bazar de 89, où la ville est devenue folle pendant 10 jours." Des entrepôts qui accueillaient des expos ou des soirées plus ou moins improvisées.
L'événement s'est rationalisé donc, mais la fête populaire, les rencontres avec les marins, et la gratuité, pour l'entrée du site et la visite des bateaux, sont toujours de mises. Et pour Patrick Herr, le développement des quais et leur réappropriation par les Rouennais sont aussi liés à ce succès populaire. "C'est simple, les deux sujets qui intéressent à Rouen, c'est Jeanne d'Arc et l'Armada !", conclut-il.
Et à voir la fréquentation de l'édition 2023, l'Armada a de très beaux jours devant elle !
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