Il est 16 h 30, lorsque nous avons rendez-vous à l'aéroport de Cherbourg Maupertus pour accompagner ces parachutistes qui espèrent depuis plusieurs jours pouvoir sauter au-dessus de la Normandie comme l'ont fait ces soldats il y a 79 ans maintenant. Je suis accompagné par Adrien, membre de l'association D-Day Live, pour vous faire vivre de l'intérieur ce parachutage du lundi 5 juin 2023 qui restera gravé dans ma mémoire.
La sécurité avant tout
Devant l'aéroport, les parachutistes sont déjà sur cette pelouse qui est leur terrain d'entraînement. Chaque geste est répété minutieusement. C'est une véritable répétition au sol. Je les vois se lever, faire comme s'ils étaient déjà dans cet avion. Ils répètent les mots du Jump Master. Tout doit être prêt et le maître mot est la sécurité.
Nous passons au briefing. Une carte est dessinée pour expliquer, en anglais puis en français, la "drop-zone"', ce terrain où ces parachutistes doivent impérativement se poser. "Attention, il y a une ligne de chemin de fer, des arbres, un petit canal, des vaches, des lignes à haute tension." En écoutant ce briefing, il est clair que la tâche n'est pas réservée à n'importe qui. À ce moment, les visages sont concentrés. Chaque information est écoutée avec une grande attention de la part de ce groupe de parachutistes habillés en militaires et maquillés de noir.
Il est l'heure de s'équiper puis de passer aux vérifications. Les sangles, harnais et autres équipements sont vérifiés un par un. Hubert Hachten, de la Round Canopy Parachuting Team (RCPT) (association de ces parachutistes), donne le feu vert.
Nous passons les portes pour marcher sur le tarmac de l'aéroport après avoir effectué, pour certains, quelques embrassades avec leurs proches. Les yeux de ces parachutistes sont rivés vers ce Douglas C47. Il est là, prêt à les embarquer. Nous montons les premiers pour être assis à l'avant de l'avion avec Adrien. Le sol n'est qu'un plancher en bois : pas de siège, côtés de l'avion apparents. Nous avons devant nous le cockpit avec ses deux pilotes. Le confort n'est pas là, cet avion n'a qu'un seul objectif : aller au bout de sa mission.
Décollage imminent
Les premiers parachutistes sont derrière moi, ils s'assoient les uns après les autres en formant deux lignes. Les moteurs démarrent, nous nous approchons du bout de cette piste. L'adrénaline est là, les moteurs accélèrent, et c'est parti. Plein gaz ! Nous avançons et c'est le décollage. Des cris retentissent, la satisfaction de ces parachutistes est bien là au moment où cet avion ne touche plus le sol.
Le Jump Master se prépare, ces hommes et ces femmes regardent par les hublots cette Normandie qu'ils aiment tant, vue d'en haut, pour ce "devoir de mémoire", comme ils le disent si fièrement. Les parachutistes se lèvent et j'entends des cris depuis le fond de l'avion. C'est le Jump Master : "Check equipments !" puis les parachutistes répètent, pour confirmer, comme ils l'avaient fait sur la pelouse à l'entraînement.
Nous sentons le vent, en effet, il y a des turbulences. Puis on entend : "One minute !", puis "Thirty seconds !" et c'est l'heure. La première rangée attachée à ce câble au plafond avance et ils sautent les uns après les autres. Incroyable, ces gars qui étaient assis à côté de moi viennent de sauter dans le vide. Puis s'enchaîne le saut de la deuxième rangée. Ils effectuent les mêmes gestes, répètent les mêmes paroles. Tout est orchestré par le Jump Master qui est présent au fond de l'avion, près de la porte. Ils sont là, en face de moi, ces courageux hommes et femmes qui sauteront dans quelques secondes au-dessus d'Amfreville.
Le top est donné, ils s'élancent les uns après les autres. J'aperçois les parachutes s'ouvrir. C'est incroyable. Après quelques minutes de vol, c'est la descente, le pilote actionne un levier pour sortir le train d'atterrissage et l'avion se pose. Les prochains parachutistes attendent pour repartir. Nous descendons de l'avion sur le tarmac de cet aéroport qui nous aura fait vivre une expérience, un devoir de mémoire d'une incroyable intensité. Nous "checkons" lors de notre descente de l'avion avec les prochains parachutistes qui grimperont à leur tour dans cet avion.
En ce 5 juin 2023, je viens de vivre ce moment à bord d'un Douglas C47 au-dessus de la Normandie, 79 ans après.
Pensées sincères et respectueuses à tous ces soldats.
Rodolphe de la Croix accompagné de Hubert Achten du RCPT. - Adrien - membre de l'association DDAY LIVE
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