C'est un document de 64 pages, qui comprend notamment de nombreuses images radars. Le Bureau d'enquêtes sur les événements de mer (BEA Mer) a publié vendredi 26 mai son rapport d'enquête consacré au naufrage du Mylanoh, survenu le 3 février 2022 au large de Cauville, près du Havre. Trois marins ont péri dans cet accident, dont un élève du lycée maritime de Fécamp, toujours porté disparu.
Le Mylanoh pas détectable à l'AIS
C'est le Bienvenue, navire de pêche basé à Dieppe, qui avait alerté le CROSS Griz-Nez, expliquant avoir percuté la coque retournée du Mylanoh. Le rapport s'intéresse notamment à la position des deux navires, dont les deux échos radars se sont confondus à 20 h 17. L'équipage dieppois avait d'ailleurs été interrogé par la gendarmerie maritime, en janvier dernier.
Le BEA relève plusieurs "facteurs contributifs" de l'accident, survenu sur une mer peu agitée, avec une visibilité de 16 milles (environ 30 kilomètres). Il remarque notamment que le système automatique de détection du Mylanoh, l'AIS, était coupé en action de pêche. Le navire havrais avait en outre "conservé ses chaluts sur les enrouleurs", de quoi engendrer "un effet négatif sur sa stabilité".
Par ailleurs, au moment de l'accident, le patron du Bienvenue manœuvrait son gréement de pêche, situé à l'arrière du bateau. Il assurait donc "une veille intermittente sur l'avant", ce qui ne lui a pas permis de percevoir que le Mylanoh, situé à proximité, avait fait demi-tour. De plus, le pêcheur ne se fiait qu'à l'AIS pour éviter les collisions, pas à la surveillance radar.
Un accrochage du chalut
"Le chavirage du Mylanoh sans intervention extérieure, à l'instant même où les deux échos se confondent, n'est pas impossible", écrit le BEA. Il indique cependant "privilégier l'hypothèse de l'accrochage des funes du Mylanoh (câbles servant à remorquer un chalut) par le Bienvenue", confortée par les différentes constatations effectuées. Il note que "les marques relevées sur la coque" du bateau dieppois sont "cohérentes" avec ce scénario.
À la fin de son rapport, le BEA recommande au Bienvenue "de mettre en place une organisation du travail à la mer permettant une veille permanente effective". Il recommande en outre à l'administration de "veiller à la mise en œuvre effective de l'AIS", coupé par certains bateaux de pêche, par souci de discrétion vis-à-vis de la concurrence.
Des recommandations qui ne doivent "en aucun cas faire naître une présomption de responsabilité ou de faute", rappelle le BEA.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.