Quelques années à peine après avoir investi ses locaux à Colombelles, le Wip a déposé le bilan mercredi 10 mai. Grâce au soutien financier de nombreuses collectivités, Normandie aménagement a réhabilité cet ancien atelier électrique de la SMN en 2019, le faisant devenir "la Grande Halle", le tout pour un montant d'environ 7,7 millions d'euros.
Un bâtiment mal pensé ?
Pas aidé par une inactivité durant la période Covid, le Wip pointe également des dysfonctionnements du bâtiment. Un parking de 90 places pour une capacité de 1 500 visiteurs, et un système de chauffage inefficace, empêchant la tenue d'événements en hiver. "Nous avons fait des propositions à Normandie aménagement pour trouver des solutions efficaces à nos difficultés, mais nous n'avons pas eu de réponse", pointent Hugo Simon et Ophélie Deyrolle, respectivement directeur et présidente du Wip. Ils assurent par exemple avoir imaginé la mise en place d'un parking enherbé, ou bien avoir financé à leurs frais un audit énergétique pour "comprendre le bâtiment et envisager des solutions".
La dette de ce tiers-lieu s'élève désormais à 350 000 €, dont une centaine de milliers d'euros de loyers impayés à Normandie aaménagement. De quoi pousser la structure à déposer le bilan. Elle tiendra tous ses engagements jusqu'au début du mois de juillet, avant de définitivement fermer ses portes, et mettre au chômage 17 salariés. "On se laisse deux mois pour imaginer qu'un repreneur puisse se positionner, mais nous n'avons aucune discussion à ce sujet pour le moment", regrette Hugo Simon.
Ophélie Deyrolle et Hugo Simon, la présidente et le directeur du Wip.
Joël Bruneau, président de Caen la mer, mais aussi du conseil d'administration de Normandie Aménagement, espère vite retrouver de l'activité dans ce lieu. "C'est un bâtiment important, qui fait partie de la mémoire collective, et surtout une très belle réalisation", avance-t-il. Pour l'instant évidemment aucune piste concernant un repreneur ne peut être évoquée, étant donné le peu de temps écoulé depuis l'annonce du dépôt de bilan, mais une chose est sûre, la Grande Halle devra rester un tiers-lieu, puisque des subventions perçues vont dans ce sens.
Mais le bâtiment n'est-il pas inexploitable pour un éventuel repreneur ?
"On considère qu'il reste très cher à exploiter : loyer, taxe foncière, CFE (Cotisation foncière des entreprises), fluides, et vérifications de sécurité, le tout revient à 400 000 euros par an. Une somme considérable pour n'importe qui", pose Hugo Simon. Côté Caen la mer, on pointe plutôt une mauvaise gestion. "Lors d'une réunion il y a un an j'ai fait remarqué à Ophélie Deyrolle que la masse salariale du Wip me paraissait trop importante. Il me semble qu'ils ont continué à recruter ensuite", se remémore Joël Bruneau. Le maire de Caen ne manque d'ailleurs pas de rappeler que cette dernière faisait auparavant partie de Normandie aménagement, et qu'elle était donc grandement consultée lors de la réhabilitation des lieux.
"Caen la mer et Colombelles louaient des espaces et organisaient des évènements coûteux au Wip", assure également Joël Bruneau. "Il est important de préciser que nous avions accepté de reporter le paiement du loyer sur une dizaine d'années", poursuit-il.
Mauvaise gestion d'un côté, crise du Covid et défauts du bâtiment pour l'autre camp, les raisons de l'échec sont multiples. Reste maintenant à savoir si ce bâtiment onéreux en argent public saura retrouver de l'activité passée le mois de juillet, auquel cas il risquerait de sonner bien creux.
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