Du petit matin jusqu’au soir, huit bateaux à fond plat vont et viennent entre les berges de la Seine. Sans eux, certains territoires seraient voués à un isolement certain. Les bacs de Seine, véritables traits d’union sociaux et économiques des boucles du fleuve, sont uniques en France par leur nombre et leur rôle stratégique.
“Ils valorisent la Seine”
Les bacs occupent une place centrale dans l’esprit des riverains de la Seine. A tel point qu’ils ont formé, en 2004, l’enjeu majeur de la campagne pour les élections cantonales, remportées par le socialiste Didier Marie. Devenu président du Conseil général, l’élu a alors entrepris ce qu’il avait promis : sauver et moderniser les bacs. “La majorité précédente remettait en cause ce service public et nous nous sommes battus pour les bacs”, se souvient ainsi David Lamiray, maire de Maromme et conseiller général en charge de la question.
Le Conseil général de Seine-Maritime, qui a la charge exclusive de ces bacs depuis 2001, a ainsi entrepris depuis sept ans une série de travaux de modernisation : arrivée de bacs neufs à La Bouille et Quillebeuf, création d’un atelier technique à Yainville, construction de pontons d’amarrage, renforcement des normes de sécurité, installations de panneaux lumineux d’information afin d’orienter les automobilistes ou les conducteurs de poids lourds vers les traversées disponibles... “Nous y consacrons chaque année dix millions d’euros, rappelle David Lamiray. Aujourd’hui, les bacs ont un taux de fiabilité supérieur à 97 %”. Avec 2 500 véhicules, dont 190 poids lourds, et une centaine de traversées par jour, la liaison Duclair-Berville est la plus empruntée des huit.
Continuité de la route sur le fleuve dans des zones dénuées de pont, les bacs sont aussi de formidables atouts touristiques. “Leur gratuité (décidée en 2004) est même signalée dans les guides”, remarque ainsi Martial Murray, président de l’association des usagers des bacs de Seine et militant de la première heure en 2004 quand leur suppression était évoquée.
“Ils participent au charme et à la valorisation des bords de Seine, dont les attraits sont sans cesse redécouverts par les touristes et la population”. Même constat de la part de l’élu David Lamiray : “Atypiques, ils ont toute leur place dans le classement des boucles de la Seine au titre des sites. Pour beaucoup, traverser la Seine en bac est un plaisir !”
Aujourd’hui ancrés dans la paysage, les bacs continuent de faire l’objet de toutes les attentions. “Une réflexion est en cours sur l’avenir du bac maritime de Duclair. Faut-il le conserver ? Opter pour un bateau plus petit ? Il coûte cher, consomme 2 000 litres de carburant par jour et est sujet à de nombreuses pannes”, soulève Martial Murray, rappelant qu’il est aussi un point de passage obligé des camions des carrières de sable d’Anneville-Ambourville et de Berville.
Thomas Blachère
Grandes marées, gros ennuis
En mars dernier, une série d’incidents a immobilisé les bacs maritimes de Duclair et Quillebeuf-sur-Seine, obligeant le Conseil général à faire appel à des bateaux de rechange, mobilisables en un temps record, mais plus petits, non sans conséquences néfastes sur l’activité économiques de certains transporteurs routiers. La plupart de ces pannes découle des effets indésirables des grandes marées. “Nous faisons face aux aléas de la nature”, explique David Lamiray, conseiller général.
“Deux à trois fois par an, les grandes marées charrient des objets qui endommagent les moteurs”. En mars (coefficient 118), un tronc d’arbre, une cordée de 35 cm de diamètre ou une bache en plastique de 50 mètres de long ont ainsi fini leur course dans les turbines de certains bacs. “Il va falloir être plus vigilants à l’avenir. Nous avons lancé une réflexion pour mieux appréhender les grandes marées”. Faudra-t-il réduire fortement les traversées les jours de grande marée ?
Repères
Taille. Sur la Seine, tous les bacs ne sont pas logés à la même enseigne. A Duclair et Quillebeuf, on parle de bacs maritimes. Partout ailleurs, ce sont des bacs fluviaux, plus petits.
Liaisons. Sept des huit bacs sont dans l’agglomération rouennaise. Rive droite : Dieppedalle, Val-de-la-Haye, Sahurs, Duclair, Le Mesnil-sous-Jumièges, Jumièges, Yainville.
Boom. Depuis 2004, le trafic sur les bacs aurait augmenté de plus de 15 % selon l’association des usagers des bacs de Seine. L’instauration de la gratuité expliquerait ce bond.
SMS. Pour améliorer encore davantage l’information sur les bacs, le Conseil général de Seine-Maritime envisage de lancer un service d’alerte et d’état du service par SMS.
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