Pour le Normand, tout a commencé par un voyage à travers le monde, effectué entre 2010 et 2011, avec Les Vagabonds de l'énergie, association créée pour l'occasion, et qu'il raconte dans un essai, sorti cette année aux éditions Terres Vivantes : La Boulangerie solaire. Un exemple pour un futur radieux. De ce long périple, Arnaud Crétot a rapporté quelques souvenirs mais a surtout fait des rencontres déterminantes. C'est en Inde qu'il fait la découverte de Solar Fire, une entreprise spécialisée dans la construction de four solaire. Il en deviendra même le directeur technique en 2014, avant de se lancer à son compte, trois ans plus tard, de retour en Normandie, pour mettre au point ce qui deviendra la première boulangerie solaire d'Europe.
Une boulangerie hybride
Sa marque Neoloco, installée à Montville, s'oriente d'abord autour de la torréfaction, savoir-faire qu'il a découvert au Kenya lors de son voyage. "Ça s'est perdu ici, en France, mais en réalité, on peut tout faire avec la torréfaction." Café au pois chiche, à l'orge ou aux lentilles, épices locales, graines apéro, Neoloco a tout une gamme de produits torréfiés grâce à un Lytefire, un four solaire dont Arnaud Crétot a lui-même conçu les plans et envoyé en fabrication à Saint-Romain-de-Colbosc. Conscient que la Normandie n'est pas la région la plus ensoleillée de l'Hexagone, le boulanger travaille son "pain solaire" par intermittence, son four ne fonctionnant que lorsque le ciel est tout à fait dégagé. "Si tu es dehors et que tu vois ton ombre au sol, alors ça veut dire que le four peut être utilisé", résume ainsi le boulanger – ingénieur. 11 m2 de panneaux photovoltaïque permettent de concentrer les rayons du soleil qui sont ensuite réorientés vers le four. Grâce à son pain au levain qui se conserve plus facilement, entre 7 et 10 jours, l'artisan gère mieux ses stocks également. "Le 100 % solaire est possible, mais cela nécessite une sacrée organisation", incompatible avec ses autres activités de torréfacteur, formateur et désormais heureux papa d'enfants en bas âge. Mais cela n'empêche pas le boulanger de sortir 110 kg de pain l'hiver et jusqu'à 240 kg au mois de juin, de quoi largement vivre de son activité selon lui. Neoloco possède une centaine de points de vente aujourd'hui, principalement en Normandie.
Tout le reste se fait sur commandes, via le site internet, et part en livraison via La Poste ou par Neoloco. Arnaud lui-même livre la marchandise à vélo, jusqu'à Sotteville-lès-Rouen.
Plutôt que faire grossir son entreprise et industrialiser sa méthode de travail, le boulanger préfère semer ses bonnes idées. Chaque mois, il organise des ateliers de formation autour de la torréfaction et de la boulangerie solaire. "Nous avons déjà convaincu une dizaine d'artisans en France."
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