Tout a été dit, écrit, raconté dans les moindres détails. Tout, mais une seule chose manque au puzzle qu'on tente tant bien que mal de reconstituer, avec toutes les hypothèses possibles et imaginables dont certaines les plus loufoques : on ne sait toujours pas ce qu'il est advenu du Boeing de la Malaysia Airlines. Le vol MH 370 reste à ce jour, dix ans bientôt après sa disparition, l'une des plus grandes énigmes de l'histoire du trafic aérien. L'appareil reste introuvable.
L'avion a disparu le 8 mars 2014 après avoir décollé à 00 h 41 de Kuala Lumpur en direction de Pékin, lors d'une nuit sans nuage. À la radio, le commandant de l'appareil a souhaité "une bonne nuit" à tous. Le vol MH 370 n'est jamais arrivé à destination. On a perdu sa trace alors qu'il survolait la mer de Chine méridionale.
C'est autour d'une heure du matin, alors qu'il quittait la Malaisie pour se rapprocher des côtes du Vietnam, que tous les signaux électroniques de l'avion ont disparu d'un coup. On ne l'a plus vu sur les écrans radars. 227 passagers étaient à bord, une majorité de Chinois, et aussi plusieurs membres d'une famille normande originaire de la région de Dieppe, les Wattrelos. il y avait aussi 12 membres d'équipage.
"Le monde s'arrête, c'est un cauchemar"
Cette nuit de mars 2014, Ghyslain Wattrelos, ancien du Groupe Lafarge, a perdu sa femme Laurence, 52 ans, et deux de ses enfants, Ambre, 14 ans, et Hadrien, 17 ans. La famille, qui vivait à Pékin, était partie passer quelques jours au Club Méditerranée en Malaisie. Elle y avait invité une amie franco-chinoise d'Hadrien, Yan Zhao. La famille était très connue dans la communauté des expatriés. Laurence, très engagée, disent ses proches, dans la vie du lycée de ses enfants, était originaire de Saint-Aubin-sur-Scie, le berceau familial de ses parents, Jacques et Claudine. Une commune située aux portes de Dieppe qui compte un millier d'habitants.
Le père de famille s'apprêtait à rejoindre à Pékin sa femme et ses deux enfants quand il a été informé de l'insoutenable nouvelle. Il repense à ce moment tragique : "Quand je suis arrivé à Pékin à 16 heures par avion, une hôtesse m'a demandé de la suivre. À ce moment-là, je ne sais pas ce qu'il se passe. Et là, quand on me l'annonce, le monde s'arrête, c'est un cauchemar, c'est pas possible. Je leur pose la question : vous êtes sûrs ? Ils me répondent : on est sûrs de rien."
Depuis bientôt dix ans, ses questions restent sans réponse. Ghyslain multiplie les interventions dans la presse, a aussi écrit un livre pour dire son combat, Une vie détournée (éditions Flammarion). Le Journal La Croix lui a consacré un portrait "sur les chemins du deuil". Il s'est aussi confié à Tendance Ouest.
Ghyslain en est persuadé : "Cet avion a été abattu, quelqu'un quelque part sait ce qu'il s'est passé et il doit parler." Il ne croit pas à la version officielle qui voudrait que l'avion se soit crashé dans l'océan Indien. "On n'a pas cherché au bon endroit."
"Papa, dis-moi qu'ils ne sont pas
dans l'avion"
C'est aussi ce qu'il répète dans le documentaire Netflix mis en ligne depuis mars dernier. Le père de famille y intervient à plusieurs reprises, témoigne de son calvaire. Les jours qui ont suivi la perte du vol MH 370, Ghislain Wattrelos a continué d'envoyer des SMS à sa femme et à ses enfants : "Tous les soirs avant de me coucher, je leur envoyais des messages : 'comment allez-vous ? Je pense à vous'. C'était ma manière de maintenir un peu le dialogue avec eux." À l'époque, la famille vivait à Pékin près de l'aéroport. L'aîné des enfants était en France pour ses études. Ghyslain l'a appelé peu de temps après l'annonce de la disparition. Il le raconte sur Netflix : "Ça a été le moment le plus dur de ma vie. Je ne lui ai rien dit. La première chose chose qu'il m'a dit au téléphone, c'est : 'Papa, dis-moi qu'ils ne sont pas dans l'avion'."
Voilà bientôt dix ans que cet avion est un fantôme.
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