Le jardin est en pente au-dessus de la maison encaissée dans la vallée de Quincampoix, à Cherbourg-en-Cotentin. Il s'agit d'une ancienne dépendance de ferme restaurée. Les enfants de Benoît Lemercier s'élancent dans l'herbe avec joie. "Ce matin en me levant, j'ai entendu de petits cris, raconte Benoît. Ils provenaient de la petite mare de la maison voisine. J'ai d'abord cru à un oiseau mais en m'approchant, j'ai trouvé une famille de hérissons, une mère et deux petits essayant d'échapper à la noyade. J'ai pu les récupérer et les mettre dans un abri." Les petits rescapés reprennent des forces, nichés dans la paille. "C'est souvent qu'on m'appelle pour des sauvetages, poursuit Benoît Lemercier. J'ai l'habitude. Naturellement je donne de la place à la faune dans mon jardin parce que chaque animal a son rôle dans l'écosystème."
Une place pour tous les animaux
Et des abris pour animaux, il y en a chez Benoît ! D'abord, des plaques de tôle posées dans l'herbe qu'il soulève. On y découvre des orvets. "Il y en a dans tous les jardins. Les tôles me permettent simplement de les détecter, explique Benoît. Les gens confondent les orvets avec des serpents mais ce sont des lézards qui consomment des limaces et des escargots." La façade de sa maison est équipée d'hôtels à insectes ainsi que d'abris à chauve-souris. Dans les poutres de bois percées, les abeilles s'en donnent à cœur joie. "Elles pondent et rebouchent les trous avec de la terre, dit Benoît. Pas besoin de grand chose pour leur faire des abris : du bois et de l'huile de coude !"
Tout le monde peut facilement rendre son jardin accueillant pour les animaux. Voilà le message que veut faire passer Benoît Lemercier. Ce natif de Coutances, Cherbourgeois depuis l'adolescence, a fait des études de gestion et de protection de la nature. "J'ai toujours eu de la curiosité pour la faune qui nous entoure, ici dans le Cotentin, rembobine-t-il. Enfant, je passais mon temps à attraper des bestioles pour les comprendre." Le quadragénaire a été animateur nature, chef d'équipe d'entretien d'espaces verts avant de devenir moniteur aux ateliers thérapeutiques de Béthanie, à Picauville. "J'encadre des patients de la Fondation Bon Sauveur sur une activité de maraîchage. C'est un hôpital de jour où les patients en psychiatrie sont accueillis. Ils font pousser des légumes et vendent les produits sur place."
Un engagement pour
la préservation des espèces sauvages
Benoît Lemercier est également investi dans le Groupe mammalogique normand (GMN), une association œuvrant depuis 40 ans à la connaissance et à la protection des mammifères sauvages. "Je suis bénévole depuis 24 ans. C'est une association scientifique avec une équipe de neuf salariés qui mène des études sur certaines espèces et réalise des comptages. Chacun peut aussi transmettre des informations au GMN en fonction de ses observations personnelles de mammifères sauvages."
Le GMN a même développé une application permettant de transmettre les lieux où certains animaux se font écraser. "De nouvelles actions se mettent en place pour que chacun contribue à la préservation des animaux." Ainsi, comme le démontre l'amoureux de la nature avec son engagement, même en habitant près des villes, il est possible d'être attentif à la faune et de rendre facilement son jardin accueillant.
Pratique. Groupe mammologique normand : www.gmn.asso.fr
Des chauves-souris dans le Cotentin : un animal précieux
Comme pour les hérissons, il est possible de venir en aide aux chauve-souris qui vivent près de chez vous.
Impopulaire, la chauve-souris est également un animal précieux. "Si elles occupent un lieu, c'est qu'elles sont utiles, affirme Benoît Lemercier. Les femelles vivent en colonie pour mettre au monde les petits et les élever. Les mâles sont seuls. La pipistrelle est la plus répandue ici. La grande rhinolophe est bien représentée dans le Cotentin, c'est une espèce en progression, il y a par exemple une colonie au pied de la montagne du Roule à Cherbourg. L'alimentation et les techniques de chasse des chauves-souris dépendent de leur espèce. Elles prennent la place des oiseaux insectivores la nuit."
Pratique. Comme Benoît Lemercier, il est possible d'installer des nichoirs à chauve-souris sur sa maison, en les exposant vers le sud. Si vous en trouvez à l'intérieur de votre maison, contactez SOS chauve-souris. Renseignements par téléphone au 09 54 53 85 61.
Comment aider les hérissons ?
Il est possible de venir en aide aux hérissons de chez soi !
Dans le Cotentin comme ailleurs, le hérisson d'Europe est victime du trafic automobile. Ayant besoin de se déplacer jusqu'à 4 km chaque nuit pour s'alimenter, son domaine vital est de plusieurs hectares. Pour protéger cet allié de nos potagers (il consomme beaucoup de limaces), vous pouvez prévoir des abris : une cavité dans un tas de bois ou un mur de pierres, ainsi qu'un gîte bricolé avec des planches de bois feront l'affaire.
Autre action importante, créer des passages entre votre jardin et celui du voisin pour que les hérissons évitent les routes. A Caen par exemple, le Groupe mammalogique normand (GMN) auquel Benoît Lemercier est adhérent a lancé un grand dispositif en créant déjà 114 passages permettant ainsi de connecter 154 jardins et espaces publics caennais. Le dispositif se nomme Piqu'Caen et une cagnotte Hello Asso est en ligne.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.