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Elbeuf. Violée et battue par son père, Jocelyne n'a plus la "bouche cousue"

Faits Divers. L'enfer sur terre. Violée et battue par son père pendant 33 ans, Jocelyne a réussi à s'en sortir. Elle nous raconte son calvaire.

Elbeuf. Violée et battue par son père, Jocelyne n'a plus la "bouche cousue"
Un écrivain public de la région rouennaise a aidé Jocelyne Coudurier, battue et violée par son père, à mettre des mots sur son calvaire. Son témoignage vient d'être publié aux éditions City. "Je me libère d'un poids énorme." - Philippe Bertin

Bouches cousues. Elle n'a pas choisi le titre du livre qu'elle vient d'écrire avec la complicité de Vanessa, écrivain public. C'est son éditeur - City - qui le lui a soufflé "parce que, dit-elle, cela lui semblait plus porteur". Ce n'est pas faux et cela lui colle à la peau. Bouche cousue, pour rappeler qu'il lui fut interdit pendant des années - trente-trois très précisément - de dire ce qu'il se passait derrière les murs de la maison familiale, d'abord dans la Marne, puis dans la Somme, où vivaient alors ses parents, François et Georgette, sa sœur Sylvie et son autre petite sœur Delphine, dont elle n'a plus de nouvelles. "Je n'ai plus aucun contact avec elle. Par contre, avec Sylvie, c'est tout autre chose : elle m'a poussée à 200 % à écrire tout cela."

"Le pardon est impossible"

Sa sœur bien-aimée fut elle aussi violée et battue par cet homme que Jocelyne Coudurier n'appelle jamais par son prénom, ou même par le terme "père", mais désigne comme son "géniteur". "Je ne peux pas l'appeler par son prénom. C'était un monstre à l'esprit tordu et pervers." Un monstre au-delà même de ce qu'on peut imaginer et que raconte dans le détail Jocelyne dans ce récit-témoignage qui vient donc d'être publié. "Il nous disait : ce que je fais avec vous, tout le monde le fait."

L'ouvrage agit sur la mère de famille, âgée aujourd'hui de 63 ans et installée seule à Elbeuf après un divorce d'avec le père de ses deux garçons, Paul et Valentin, et une aventure amoureuse douloureuse, comme une vraie thérapie. "Je l'ai écrit pour me libérer du poids que ce parcours pesait sur moi. Aussi pour dire à ceux et à celles à qui il arrive la même chose de ne pas se sentir seuls", et que l'on peut en sortir, en dépit des chagrins qui n'en finissent plus, pourtant, "de vous pourrir la vie comme une trace indélébile". Jocelyne dit, avec ses mots, qu'il y a malgré tout de l'espoir en toute chose, y compris dans les plus horribles, et qu'il faut essayer d'avancer coûte que coûte. "C'est ce que j'essaye de faire avec l'aide d'un psychiatre. Je me bats aussi contre cette idée reçue qu'un violeur reproduirait systématiquement ce qu'il a connu enfant. Ce n'est pas une fatalité. Je n'aurais jamais eu l'idée de porter la main sur mes propres enfants. C'est tout l'inverse. Je suis une maman poule."

Le rêve du père parfait,
l'image idéalisée d'Alain Delon !

Pardonnera-t-elle un jour à son père de lui avoir fait tant de mal ? "Non. C'est tout sauf un père." Et à sa mère qui l'a laissé faire ? "C'est différent. Elle a aussi été battue, je lui trouve des circonstances atténuantes." Ses deux parents sont aujourd'hui décédés. Privée d'amour ? C'est peu de le dire. Son témoignage est glaçant. C'est la vie fracassée d'une enfant puis d'une adolescente et jeune femme qui ne demandait rien à personne, si ce n'est de la tendresse et de l'affection de ses parents. La vie à la maison fut son calvaire, depuis sa plus tendre enfance, jusqu'à ce qu'elle puisse s'enfuir seule à moto du domicile familial pour échapper enfin à ce monstre de père qui les violait, elle et sa sœur, avec l'assentiment de leur propre mère, elle aussi battue. "Je me suis enfuie sans savoir où aller. C'est un prêtre de Saint-Sever, près de Rouen, qui m'a recueillie et m'a orientée dans un foyer."

Quand, en 2008, on lui annonça la mort de son père, elle eut, dit-elle, "comme une bouffée d'oxygène". Aujourd'hui, Jocelyne rêve de rencontrer quelqu'un qui lui tienne la main pour faire un bout de chemin "et se sentir moins seule. C'est bête à dire mais, moi qui aime faire des gâteaux, j'aimerais pouvoir les partager avec quelqu'un".

Plus jeune, elle adulait Alain Delon, dont elle était une groupie. "Il était pour moi l'image d'un père que je n'ai jamais eu, ce père parfait. J'aurais aimé pouvoir le lui dire. C'est un rêve : encore aujourd'hui, j'aimerais pouvoir le rencontrer." 

Si elle le pouvait, elle lui dirait sûrement qu'elle n'a plus la "bouche cousue".

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