Baptiste Duseaux est un enfant du Havre. Né en 1988, il a grandi quartier Sanvic, dans une cité Océane qui a bien changé depuis. "Non, c'était pas pareil", acquiesce-t-il, racontant alors une prise de conscience vers ses 10 ans, pendant des vacances en famille au Lavandou (Var). "Quand je disais d'où je venais, je subissais un déferlement de haine de mes petits camarades : 'Le Havre, ça pue, mes parents m'ont dit que c'était pourri.' La ville avait vraiment une presse terrible."
L'art pour révéler de la beauté du Havre
Un épisode fondateur pour Baptiste Duseaux. "Ma démarche artistique est inspirée de ce souvenir. Je prends une photo en noir et blanc d'un paysage industriel qui fait un peu peur. Je donne ainsi raison aux détracteurs de la ville. Je dépose ensuite mes aplats de couleurs qui attirent l'attention et j'ajoute des motifs aux tramages différents qui, de loin, forment des nuances de gris. Comme Le Havre, il faut s'approcher et prendre le temps de regarder pour en appréhender les détails et la beauté."
Au moment de choisir ses études supérieures, ce bon élève décide de faire une grande école. Ce sera l'ENSM. Baptiste Duseaux fait ainsi plaisir à son grand-père maternel. "Papy était marin, dans l'hôtellerie de bord. Il voulait voir son petit-fils devenir officier de la marine marchande." Il entame son cursus à l'Hydro, sans délaisser ses passe-temps artistiques. Le dessin, mais aussi la musique. Une chanson écrite pour sa mère touchée par le cancer lui permettra de participer à une tournée aux États-Unis à l'été 2009. "J'ai côtoyé les gars de Bad Religion, de No FX (deux groupes de punk rock américains, ndlr) !"
Sa première expo en 2014
Baptiste Duseaux revient ensuite au Havre pour terminer ses études. À partir de 2010, il navigue, vers l'Asie notamment, et met l'art de côté. "Je reprends le crayon en 2013, au cours de ma dernière année à l'ENSM, dès que j'ai du temps libre." En 2014, poussé par le patron du bar L'Abri-cotier, il dévoile sa première exposition avec des dessins d'animaux marins. "Ça a très bien marché ! J'ai vendu pas mal de tableaux."
Pour les 500 ans du Havre en 2017, il trouve sa patte : il part d'une photo de la centrale thermique EDF et en décore les cheminées de motifs inspirés du street art. Sa technique évolue et s'affine au fil du temps. L'an passé, Baptiste Duseaux a proposé une exposition au Port Center, dont il a reversé les bénéfices aux sauveteurs en mer de la SNSM. Depuis janvier dernier, il s'est mis en congés de la Britanny Ferries qui l'emploie, pour se consacrer à un tout nouveau projet artistique.
Une collaboration Desperados x BD.ART
BD.ART inspire également la pub.
Pour Baptiste Duseaux, la vie est faite de "heureux hasards". Sa découverte d'une annonce pour recruter les artistes de la campagne de publicité 2023 de Desperados* (groupe Heineken France) en est un.
Alors, le Havrais tente le coup. "Je travaille depuis quelques années avec une petite brasserie parisienne. Je kiffe faire leurs étiquettes. Je me suis dit qu'une grosse marque pourrait m'apporter de la légitimité." Une légitimité nationale, car les visuels seront diffusés dans toute la France.
"C'était une expérience de fou !"
En janvier dernier, il participe à une résidence artistique à Marseille avec sept autres artistes retenus. Baptiste Duseaux découvre le monde de la publicité, assez éloigné de sa pratique, d'ordinaire plus artisanale. "On bossait avec des appareils photos à 10 000 balles. J'avais une assistante pour la lumière, une autre pour les prises de vues. C'était une expérience de fou !"
Le résultat ? "On retrouve ma patte graphique, mais sans les éléments du Havre. Même s'il peut y avoir des références. Ce n'est pas encore défini, je ne peux rien dire pour l'instant." Les affiches seront visibles dès cet été.
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.
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