Cela en fait des pas, plusieurs milliers, à raison de 40 kilomètres par jour pendant neuf jours, du samedi 29 avril au dimanche 7 mai, soit au total 360 kilomètres et 400 mètres, pas un de plus, pas un de moins, le long du canal de Brest à Nantes.
Didier Foucher, bientôt 55 ans, ne craint pas la fatigue en dépit du poids des ans et d'une hanche fatiguée. Il y a onze ans, on lui a reposé une prothèse, la deuxième, pour le soulager après un accident de la route qui faillit lui couter la vie. La nuit de la Saint-Sylvestre 1988, Didier, élu de Crocy, près de Falaise, s'est endormi au volant. Sa voiture a filé tout droit contre un poteau. Résultat : deux mois d'hospitalisation et une sacrée frayeur.
Est-ce pour défier la mort qu'il entreprend cette marche dont il se sert pour récolter des fonds au profit du petit Esteban, 7 ans, atteint de la maladie d'Austin, une maladie génétique particulièrement rare (un cas sur un million dans le monde) ? Il y a peut-être de cela. La mort fait partie de son quotidien. Didier, père de trois enfants, deux filles et un garçon, est marbrier funéraire. Il creuse des fosses dans les cimetières, installe des caveaux, procède aussi parfois à la mise en bière des défunts qu'il accompagne jusqu'à leur dernière demeure.
De cette vie passée depuis tant d'années avec la mort, il se souvient de moments particulièrement douloureux, comme le suicide de cet ado qu'il a accompagné jusqu'à la tombe. "Il est parti avec le maillot de foot de l'OM, son club de cœur. J'y repense souvent."
Pour Esteban qui ne peut plus marcher
L'an dernier, Didier avait marché pour récolter des fonds pour la lutte contre les cancers qui touchent les enfants. Il avait parcouru à pied 160 kilomètres entre Falaise et le Mont-Saint-Michel, récoltant ainsi 2 500 €. Cette fois, c'est pour le jeune Esteban dont il a fait la connaissance qu'il entreprend ce nouveau périple pédestre : "Ses parents doivent supporter beaucoup de frais liés à la maladie de leur enfant, notamment pour acheter du matériel adapté."
Didier ne marchera pas seul le long du canal qui relie Brest à Nantes. Ses deux sœurs Sylvie, 62 ans et Nadine, 56 ans l'accompagnent, tout comme Virginie, 41 ans, une amie de Nadine. Un couple d'amis de la famille, Pascal et Véronique, assureront la logistique pour les bivouacs de la troupe, à chaque étape. La petite équipe s'entraîne régulièrement, à raison de deux ou trois sorties la semaine. Cadence programmée : marcher à 6 kilomètres/heure. Didier espère beaucoup de la marche et de la générosité qu'elle pourra engendrer autour de lui et de ses équipières afin de venir au secours de l'enfant malade. Une cagnotte baptisée "Unissons nous pour Esteban" est en ligne sur helloasso.com. 1 500 € ont déjà été récoltés.
"Je m'empoisonne petit à petit"
L'enfant dont la maladie l'emprisonne chaque jour un peu plus et dont l'espérance de vie n'excède pas 15 ans ne peut pas marcher. Il souffre de malformations osseuses, l'une de ses vertèbres est trop petite et son organisme accumule des déchets toxiques qu'il ne peut pas détruire. "Autrement dit, raconte Esteban, je m'empoisonne petit à petit."
Il n'y a aujourd'hui aucun traitement qui puisse venir à bout de sa maladie. Seules des séances régulières de kinésithérapie et de psychomotricité l'aident dans son combat. Ses parents font tout ce qu'ils peuvent pour atténuer sa souffrance. Ils ont créé l'association "Unissons nous pour Esteban" qui leur permet de récolter régulièrement des fonds. L'argent obtenu à ce jour leur a permis d'acheter un véhicule adapté à la pathologie de leur enfant.
Le jeune garçon sait aussi pouvoir compter sur le soutien de sa grande sœur Jessica, 26 ans et de ses grands frères Evan, 22 ans et Nolan, 8 ans.
À leur soutien s'en ajoute désormais un autre de poids : Didier, l'homme des cimetières qui marche chaque jour pour tromper la mort.
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