Vous pensez que tout est calme et paisible dans un zoo lorsqu'il est fermé ? Ce n'est vrai qu'en partie ! "La fermeture au public ne change pas grand-chose dans notre organisation, il faut s'occuper des animaux", assure Thierry Jardin, fondateur du zoo de Cerza. Alors, soigneurs et vétérinaires sont sur le pont pour que personne ne manque de rien. "Avec la froideur de l'hiver, les animaux dépensent plus d'énergie, et doivent ainsi plus manger", souligne Guillaume Ourry, directeur du zoo de Jurques. Pour ceux qui craignent les basses températures, ils disposent de petites maisons chauffées, pouvant ainsi aller à l'extérieur ou rester tranquillement au chaud à leur guise. D'autres demandent moins de travail, comme les chiens de prairies "qui s'enterrent tout l'hiver", à Jurques. "Les ours polaires, eux, ça ne les dérange pas !", s'amuse Thierry Jardin. "On peut combattre le froid avec du chauffage. C'est surtout pour les animaux qui ne supportent pas la chaleur en été que c'est le plus dur", témoigne son homologue de Jurques, qui garantit que, contre toute attente, les félins ne sont pas si fragiles.
Oursons, bassin
et signalétique
Et pendant tout ce temps, les nouveau-nés peuvent grandir paisiblement, avant de rencontrer des milliers de visages. "Nous avons trois petits léopards du Sri Lanka, ça joue énormément, c'est comme des grands chats", s'émerveille Thierry Jardin. Autres nouveaux venus, deux bébés ours à lunettes. "Des petites boules qui jouent énormément. Dans quelques jours, ils pourront découvrir leur enclos extérieur. Ce sont des oursons qui grimpent aux arbres, c'est sensationnel pour les visiteurs", poursuit le directeur de Cerza. Ils devront bientôt cohabiter avec des chiens des buissons, une espèce sud-américaine qui va débarquer dans le parc.
Qui dit zoo fermé, dit occasion de faire des travaux. À Cerza, c'était l'année des ours, puisque les enclos de plusieurs espèces ont été retravaillés, ainsi que les points de vue pour les visiteurs, avec des passerelles. À Jurques, le coin australien, avec notamment kangourous et wallabies, a été modifié, permettant d'être au plus près des animaux. Les manchots de Humboldt jouiront, eux, tout prochainement, d'un nouveau bassin. "On a également retravaillé la signalétique et plein de choses qui ne se voient pas", poursuit Guillaume Ourry. Avec un conseil de professionnel, "pour apprécier au mieux les animaux, il faut venir au moment de la réouverture. Ils sont toujours intrigués de revoir des visiteurs, alors qu'en août, ils sont lassés !".
Grégory Cochener, le touche-à-tout
Après avoir passé onze ans en tant que juriste, il a changé de carrière. Voulant "prendre un bol d'air frais", il découvre la vie au zoo, et la fatigue qui va avec !
Au zoo familial de Jurques, le poste de Grégory Cochener n'est pas vraiment défini. Si en été il travaille principalement au restaurant, cet hiver, il a accumulé les tâches. "Je ramasse les feuilles mortes, je change le mobilier, j'aide à tenir le registre des animaux, je donne un coup de main pour les travaux…", énumère-t-il. Son programme de la journée ? Préparer le jeu pour Pâques, nettoyer les jeux gonflables et réagencer le restaurant ! Toujours autant émerveillé par les animaux, il a un faible pour "un ânon qui vient de naître".
François Jallier, au soin des animaux
Présent depuis 14 ans à Cerza, il est le responsable animalier adjoint. Polyvalent, il chapeaute l'équipe de soigneurs et peut remplacer n'importe qui.
"Le métier de soigneur est toujours plein d'inattendus, puisqu'on travaille avec du vivant", assure François Jallier. Capable de s'occuper de n'importe quel animal au sein du parc, il doit être vigilant sur la température des bâtiments en hiver. Par exemple, les rhinocéros ne descendent pas en dessous des 14 degrés. "Et ils passent quasiment tout l'hiver dans leur maison de 400 m2." Alors forcément, ça implique beaucoup plus de nettoyage pour l'équipe. "Rien que pour eux, on y passe au moins cinq heures par jour."
Mathieu Ourry, codirecteur de Jurques
Frère de Guillaume, il codirige le zoo fondé par son grand-père. Il s'occupe de toute la partie administrative… mais aussi de la cuisine !
Après dix ans dans la restauration, Mathieu Ourry a décidé de revenir aux sources, au zoo de Jurques. "Je ne me destinais pas à ça, mais je me suis rendu compte qu'ici, c'était vraiment chouette", témoigne-t-il. À la tête d'une équipe pouvant grimper à 32 unités, il est aussi le chef du restaurant du zoo. Son hiver est bien chargé, puisqu'il organise la communication pour la reprise, s'occupe toujours de la compatibilité, prépare en amont tous les événements de la saison, tout en retravaillant la carte culinaire.
Pas de répit quand le zoo ferme ses portes
Si quelques saisonniers ne travaillent au zoo qu'en période estivale, les parcs animaliers restent vivants toute l'année. Il faut nourrir et soigner les animaux, mais aussi préparer la saison à venir en offrant le plein de nouveautés aux visiteurs. Rencontre avec des passionnés, dont le métier ne se résume pas qu'à câliner des animaux !
Dorothée Ordonneau,
vétérinaire polyvalente
Présente au zoo de Cerza depuis 2013,
elle soigne "les bobos du quotidien".
En hiver, elle peut faire les bilans de santé
des animaux et des expérimentations.
Elle a beau passer son quotidien auprès d'eux, Dorothée Ordonneau se dit "toujours scotchée par les capacités des animaux sauvages". Son travail ne diffère pas énormément selon les saisons. Si un animal a un problème de santé, c'est à elle qu'on fait appel. "Mais l'hiver peut parfois être plus intense, à cause du froid et de l'humidité." Et comme les humains, les animaux doivent faire un bilan de santé. Alors l'absence de visiteurs et la présence plus fréquente des bêtes dans leur maison facilitent le travail de notre vétérinaire pour l'anesthésie. "Cet hiver, on a procédé à la 'capture' d'un groupe d'antilopes pour faire des prises de sang et des examens", illustre-t-elle. Et si vous vous posiez la question, oui, c'est bien comme dans les films : "On utilise des fléchettes tirées avec un fusil ou une sarbacane, même si certains animaux sont entraînés pour recevoir des piqûres."
Dorothée Ordonneau a aussi, cet hiver, lancé une expérience avec une espèce d'oiseau, le calao terrestre. Le couple pond deux œufs chaque année mais n'élève qu'un petit, gardant le deuxième "en secours". Alors cette année, Cerza a décidé de nourrir le second qui se retrouve délaissé. Une expérience qui fonctionne, les deux oisillons grandissent pour l'instant très bien, et le deuxième est aussi protégé par ses parents, ce qui est bon signe. "C'est une fierté de faire évoluer le mode d'élevage d'une espèce", témoigne la vétérinaire.
Jimmy Vigneron,soigneur des félins
À Jurques depuis un mois, il nourrit les animaux les plus dangereux du parc. Il doit faire preuve de la plus haute vigilance, pour lui, mais aussi pour les autres.
Il n'a pas le droit à l'erreur. "Il faut faire attention à tous les cadenas ou trappes, assure Jimmy Vigneron. On développe même une espèce de toc : je retourne souvent sur mes pas voir si j'ai bien fermé tel accès." En hiver, son travail ne change pas, il doit toujours nourrir les carnivores et nettoyer leurs enclos. C'est aussi lui qui vérifie s'ils vont bien, d'un coup d'œil. "Un changement de comportement, un vomi… Tout peut aller très vite." Et tout ça, sans jamais entrer en contact direct avec les lions, tigres ou encore panthères du zoo.
Une coopération particulière entre les deux zoos du Calvados ?
Jurques et Cerza coopèrent-ils plus particulièrement du fait de leur proximité géographique ?
La proximité ne change rien
"Tous les parcs travaillent ensemble, car il est nécessaire de collaborer pour les animaux. La proximité géographique avec Jurques ne change rien, si ce n'est qu'on peut se voir plus souvent", explique Thierry Jardin, le directeur de Cerza. Les zoos ne se considèrent en effet pas en concurrence, et se transmettent leur expérience et les informations à propos des espèces.
Une complémentarité appréciable
Les deux zoos sont différents. Ayant enregistré trois fois moins d'entrées sur la saison 2022 que Cerza (110 000 visiteurs contre 330 000), Jurques est un zoo "plus familial, situé dans une zone moins touristique", affirme Guillaume Ourry, son directeur. Mais les deux parcs sont très complémentaires. "Nous n'avons pas les mêmes espaces et thématiques", abonde Thierry Jardin.
Des animaux qui ont fait la navette
Pas de coopération particulière, mais certains animaux ont déjà fait des allers-retours entre les deux zoos. "Cerza nous avait envoyé une lionne, qui nous a ensuite fait des petits", se souvient Guillaume Ourry. Dans le sens inverse, il se remémore l'envoi d'un bébé girafe dans le pays d'Auge. "Il y a quelques années, un vétérinaire de Cerza était intervenu sur un de nos zèbres", poursuit-il.
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