Les traditionnels œufs de Pâques, les poules, les lapins, toutes sortes d'animaux moulés vont orner nos tables ou être cachés dans les jardins pour le plus grand plaisir des petites têtes blondes. Pâques, c'est évidemment un moment clé pour les chocolatiers, la période la plus importante de l'année juste après Noël en termes de chiffres d'affaires. Mais si l'on considère la création pure, la période de Pâques passe même devant, avec une grande majorité de moulages et de quoi laisser libre cours à l'imagination, parfois sans limite des chocolatiers, qui affectionnent particulièrement cette période. Chez le Cacaotier, chocolaterie normande à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, cette période se prépare bien longtemps en amont. L'entreprise compte désormais une quarantaine de salariés et six boutiques, trois en Normandie, dont une à Rouen, et trois en région parisienne. Cette année, 1 300 moulages ont été réalisés pour la période, dont 700 poules, l'animal qui a la cote cette année. "Je ne me souviens plus d'où c'est parti, raconte Florian Sabouraud, chocolatier responsable décor du Cacaotier. Je crois que c'était un dessin animé, on a vu une poule rigolote et on a continué de là."
"On voulait des poules
un peu farfelues"
Le professionnel dessine ensuite directement sur ordinateur, avant de réaliser les premiers prototypes, grâce à une imprimante 3D. Avec des décennies d'expérience, Hubert Masse, le patron du Cacaotier, a pu constater l'évolution du métier, grâce à de telles machines pour faire les moules ou des machines de découpe haute précision qui permettent l'assistance de l'informatique. L'artisanat et la qualité des produits restent, mais les machines participent à une certaine automatisation. "Il y a de plus en plus de place pour la créativité, estime le chef d'entreprise. Maintenant, tout le monde fait une pièce commerciale pour sa vitrine à Pâques. On met ça en avant pour attirer le client et on utilise beaucoup les réseaux sociaux." Cette année, "on voulait quelque chose avec un peu d'humour, un peu enfantin, avec des coqs et des poules un peu farfelus avec les yeux dans tous les sens, comme s'ils étaient un peu perdus", décrit Florian Sabouraud. Les pièces sont assemblées comme un grand puzzle, puis sculptées, et décorées pour la couleur. Un véritable travail d'artiste, pensé plusieurs mois en amont. Car dans l'atelier de Saint-Pierre-lès-Elbeuf, les équipes travaillent déjà à des pièces pour le 1er mai, et Florian Sabouraud songe à ses pièces de Noël. "Mais c'est top secret !"
Œufs, lapins, poules en folie ou pirates
Entre classiques et créations, chacun cherche à se démarquer pour Pâques, qui permet aux chocolatiers de libérer leur créativité.
"Pâques, c'est la période à ne surtout pas louper", confirme d'emblée Nicolas Guerbois, responsable marketing et communication chez le chocolatier normand Hautot, basé à Auzeboc et qui a 13 boutiques en Normandie, dont deux à Rouen. "On prépare la période dès fin novembre, début décembre, le gros du travail se fait début janvier et la production commence en février", explique-t-il.
"Swimming poule" ou "Poule au pot"
Chaque année, les équipes se retrouvent, des chocolatiers à la communication, pour trouver une idée à la fois originale et réalisable. "Cette année, on voulait un thème proche du traditionnel. On est restés sur les poules et on a voulu leur donner un côté humoristique et contemporain." Hautot a donc travaillé une série conçue autour de jeux de mots, comme la "swimming poule" et sa bouée (photo) ou la "poule au pot" dans sa casserole. Quatre ont passé la sélection. "On avait une dizaine de bons jeux de mots, mais ce n'était pas toujours facile à réaliser", sourit Nicolas Guerbois. Car c'est aux chocolatiers de donner ensuite vie à ces animaux farfelus qui, en l'occurrence, sont des montages avec plusieurs pièces réalisées séparément. Hautot réalise aussi environ 10 000 moulages pour la période de Pâques.
Dans la boutique rouennaise de l'Atelier du chocolat, toute la production pour cette période est terminée. "C'est comme les fringues, en été en prépare l'hiver et en hiver on prépare l'été", décrit simplement Claire Roy, chocolatière responsable de la boutique.
Des pirates pour l'Armada
Le groupe est de Bayonne, mais la production se fait en partie au sein même de la boutique, en particulier pour les plaques. À Pâques, chacun est consulté pour choisir le thème. "L'équipe commerciale propose des idées et chacun émet son petit vote. Quand les produits sont prêts, on reçoit des échantillons et on fait des retours. On peut indiquer ce que l'on n'aime pas ou ce qui ne conviendrait pas à notre clientèle", précise la professionnelle, ce qui donne un caractère quasi unique à chaque boutique. Le thème retenu pour Pâques 2023 : les pirates. "Parce que c'est sympa les pirates, et ça colle bien avec l'Armada qui a lieu cette année", lance la chocolatière enthousiaste. La pièce maîtresse cette année ? Un immense œuf en chocolat de plus de 5 kg. "Celui-là a été livré. Il est découpé au laser et mon frigo serait trop petit !" Une pièce imposante qui fascine les clients et pour laquelle il faut tout de même compter environ 500 euros. "En général, j'en vends un chaque année." Chez Hautot comme à l'Atelier du chocolat, les pièces classiques ont aussi toujours du succès. Lapins, poissons, œufs et poules se vendent bien, confirment les vendeuses.
Pâques, la période faste après Noël
La période de Pâques représente une part importante du chiffre d'affaires de l'année pour les chocolatiers.
Chiffre d'affaires
Les chocolatiers s'accordent tous à dire que la période de Pâques est la plus importante de l'année, juste après celle de Noël, qui s'étend sur une durée un peu plus longue. Selon les chocolatiers interrogés, les produits de Pâques représentent entre 18 % et un tiers du chiffre d'affaires annuel. "On a aussi d'autres périodes qui sont intéressantes dans une moindre mesure, comme la Saint-Valentin, la fête des mères et la fête des pères", détaille Hélène Rougette, responsable d'une boutique Hautot à Rouen.
Des clients toujours fidèles
Le marché du chocolat ne connaît pas la crise. Les professionnels s'accordent à dire que les ventes sont plutôt stables et que les consommateurs continuent à se faire plaisir. Le panier moyen tourne autour d'une vingtaine d'euros, selon les boutiques que nous avons interrogées. "Ça peut être un peu plus, en fonction du nombre d'enfants", explique Hélène Rougette. Dans la boutique accolée à l'atelier du Cacaotier à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, le panier moyen peut même atteindre une trentaine d'euros. "Ici, les gens viennent exprès pour acheter du chocolat et, du coup, ils se font plaisir", indique Hubert Masse, le patron du Cacaotier.
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