Fumigènes, fusées de détresse et cornes de brumes : les pêcheurs de Normandie avaient pour objectif de se faire voir et de se faire entendre, jeudi 30 mars, au Havre. Des armements venus des ports de Seine-Maritime mais aussi de la Manche et du Calvados se sont retrouvés dans l'avant-port, avec au total une soixantaine de bateaux en mer et environ 200 manifestants à terre.
Dans leur viseur : un décret de la commission européenne visant à interdire progressivement la pêche de fond dans les aires marines protégées, d'ici 2030. Elles représentent actuellement 12 % des eaux européennes et pourraient s'étendre à 30 %. Or, l'usage des chaluts, dragues et autres engins de fond mobiles est encore très répandu dans la pêche artisanale. "On est inquiets car on nous réduit de plus en plus nos zones de pêche. Natura 2000, éoliennes… Cela va devenir très, très compliqué d'être marin-pêcheur" estime Patrice Cauchois, venu du Cotentin, qui possède deux petits bateaux de 7,50 m. "Si on ne fait pas quelque chose maintenant, le métier sera fini", déplore le marin, dont le fils de 19 ans vient de sortir du lycée maritime de Cherbourg.
Patrice, venu du Cotentin pour manifester, s'inquiète pour l'avenir du métier.
"C'est la France que l'on nourrit"
Les pêcheurs dénoncent aussi la pression administrative et le poids des quotas. "Notre ressource, on la gère, on sait la protéger pour qu'il y ait du poisson sur les étals, estime Éric Boisanfray, à la tête d'un chalutier-dragueur de Trouville-sur-Mer. Il n'y a jamais eu autant de coquilles Saint-Jacques ou de bars." Comme lui, René Clapisson, patron-pêcheur de Dieppe, déplore la concurrence des chalutiers XXL étrangers, souvent venus des Pays-Bas : "Ils ramassent tout devant chez nous, travaillent jour et nuit, sans quotas… Et ils ne sont pas contrôlés."
Judith, de Dunkerque, a transformé sa voiture de livraison de poisson en corbillard.
Aux côtés des marins, leurs épouses, comme Cindy Leclerc, armatrice de l'Espadon II à Fécamp. "Tous les bateaux qui sont ici perdent de l'argent, petits ou gros. Nous avons tous stoppé la pêche et la débarque pour montrer au public ce que serait une France sans poisson. Bien sûr, on fait vivre les familles de nos armements. Mais c'est la France que l'on nourrit."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.
Impression soleil levant version 2023 ?