"Vous êtes venus les mains dans les poches, ce matin ? Notre métier ne nous permet pas ça !" Michaël Bunel, entraîneur adjoint des U19 du HAC Foot, n'est pas du genre à mâcher ses mots. Sur la pelouse de la Cavée Verte, les aspirants pros encaissent et reprennent leurs exercices avec, en toile de fond, le bâtiment blanc et bleu du centre de formation.
La vie après le foot
"Ici, c'est une vraie ruche, surtout le mardi et le jeudi, ça grouille", décrit François Rodrigues, directeur de la formation havraise. Lever, inspection des chambres, petit-déjeuner, départ pour les cours, retour pour l'entraînement, repas, retour en classe, entraînement, devoirs, repas, temps d'animation, coucher… Le planning est minuté. Au total, ils sont une quarantaine d'adultes à entourer les footballeurs, confiés au centre dès l'âge de 13 ans, pour les plus jeunes, à condition d'habiter la Seine-Maritime. Des bézots qui, pour certains, sont repérés tout petits. Le club doyen invoque cependant "un code de conduite" : pas question de siphonner les effectifs, mais des clubs locaux partenaires sont prompts à répertorier au HAC "les tout meilleurs joueurs" parmi les enfants. "C'est rarissime, mais cela arrive", commente le directeur.
À l'adolescence, le recrutement est davantage proactif. C'est notamment le rôle des "scouts", recruteurs du club, qui couvrent la Normandie, les régions limitrophes et les Outre-Mer. "Ils sont amenés à aller dénicher la pépite ou le profil de joueur que l'on a identifié, en vue d'une intégration en U16", poursuit François Rodrigues, qui revendique un effectif à 70 % originaire de Normandie. "Nous essayons d'être très vigilants au noyau familial, d'où notre volonté de garder des jeunes issus de la région ou bien des petits Parisiens." Et comme le foot évolue, il n'est pas rare qu'un jeune âgé de 13 ou 14 ans, prêt à signer, soit accompagné de ses parents et, déjà, d'un "conseiller", sorte d'agent qui ne dit pas son nom (la rémunération est interdite quand le joueur est mineur). "Les agents sont devenus imposants. Il faut composer avec eux", concède le directeur.
• Lire aussi : "Notre vocation, c'est de dénicher des jeunes talents" : la Cavée Verte, le club de football normand qui rivalise avec les plus grands
Pour éviter de voir un jeune se brûler les ailes, le club mise sur l'école et l'orientation. C'est le travail de Dany Pain, responsable pédagogique en charge du développement de la formation professionnelle. Sa devise ? "Travail, rigueur, humilité. L'éducation, c'est leur assurance vie. Dans le foot, on dit que le premier contrat professionnel est plus facile à décrocher que le second", rappelle ce Caennais, passé par les centres du SM Caen, de Quevilly ou de l'OM. Outre le suivi quotidien avec les établissements scolaires, le club a tissé des liens avec les universités, l'Agence pour l'éducation par le sport ou l'APF France Handicap.
Il offre aussi la possibilité de passer un BPJEPS, un diplôme d'éducateur sportif, dans ses murs. Objectif : permettre aux jeunes Hacmen et Hacwomen d'avoir une possibilité de reconversion. "Ce qui m'importe, c'est que ces jeunes sachent qu'ici, ce n'est pas la vraie vie. Nous sommes nourris, logés, blanchis. La scolarité est donc prioritaire, poursuit Dany Pain. Des garçons et filles qui n'ont pas réussi dans leur carrière mais qui s'épanouissent dans leur vie, il y en a plein."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.