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Croisières à Cherbourg. Monstres des mers : quel accueil dans le Cotentin ?

Tourisme. De nombreux paquebots font escale tous les ans dans le port de Cherbourg. Ces croisières sont-elles bonnes pour l'économie du nord-Cotentin ? Rencontre avec des acteurs du tourisme.

Croisières à Cherbourg. Monstres des mers : quel accueil dans le Cotentin ?
À l'intérieur du bateau AIDAmar, accosté le 18 février quai de France à Cherbourg. Ici, la salle de spectacle.

AIDAMar, de la compagnie allemande à la bouche AIDA Cruises, est le premier bateau de l'année 2023 à avoir accosté quai de France à Cherbourg. De 10 heures à 20 heures, les 1 500 passagers, majoritairement de nationalité allemande, avaient le choix entre plusieurs destinations comme la découverte de la ville, les plages du Débarquement, le Val de Saire ou encore le Mont Saint-Michel.

Des ports de "repositionnement"

La cité portuaire normande était sur la route du retour vers Hambourg après plusieurs semaines entre les océans du monde, de San Antonio au Chili au Cap en Afrique du Sud, en passant par Rio de Janeiro au Brésil, Ushuaia en Argentine, Sydney en Australie ou encore l'île Maurice. "Cette compagnie ne venait jamais avant, elle est arrivée après la période post-Covid grâce notamment à la fermeture de ports anglais (Brexit)", confie Julien Bougon, directeur adjoint de l'office de tourisme du Cotentin, chargé des croisières.

2022 fut une année record avec 57 paquebots et 95 000 passagers à Cherbourg. Sur le papier, la ville fait beaucoup moins rêver qu'une ville du Brésil mais l'office de tourisme du Cotentin tire pourtant son épingle du jeu : "La façade atlantique française n'est pas forcément une destination de croisières, nous sommes des ports de repositionnement", affirme Julien Bougon. Il existe trois grandes zones de navigation pour les paquebots et Cherbourg se trouve sur le chemin : les Caraïbes, la Méditerranée et l'Europe du Nord. "Quand les bateaux terminent une saison dans les Caraïbes par exemple, ils vont en commencer une autre en se déplaçant dans une autre zone et ils s'arrêteront chez nous. Les compagnies choisissent le port qui leur convient le mieux. Ce qui plaît à AIDA, c'est notre port très bien protégé et ses installations portuaires optimales." Cherbourg est aussi une porte d'entrée vers la Normandie et ses excursions comme les plages du Débarquement, qui plaisent beaucoup aux compagnies. "Nous avons beaucoup de bateaux de mars à juin et moins l'été, mais c'est très complémentaire", rassure le directeur adjoint. Les Allemands et les Américains sont les croisiéristes les plus présents à Cherbourg.

Le panier moyen par croisiériste : 94 €

Chaque croisiériste dépense en moyenne, "excursion comprise" dans le nord-Cotentin, environ 94 € selon des chiffres publiés en 2016. Une nouvelle étude des retombées économiques sera commandée en 2024. "Il y a en tout cas une volonté de consommer des croisiéristes. L'important pour nous est de pouvoir les accueillir dans de bonnes conditions. Nous voulons une qualité d'accueil à la mesure de nos ambitions. Nous ne voulons pas nous diriger vers une croissance déraisonnée et arriver à 50-60 paquebots où on se retrouverait en difficulté.Par ailleurs, une charte "Cruise Friendly" est en cours de préparation entre commerçants et croisiéristes. "Il s'agit d'une charte des bonnes pratiques pour un l'accueil des touristes", ajoute-t-il.

Paquebots : des chiffres et des dates

Cherbourg. Paquebots : des chiffres et des dates
Julien Bougon, directeur adjoint à l'office de tourisme, chargé des activités croisières

Quelques chiffres et dates à retenir sur l'arrivée de ces paquebots tout au long de l'année 2023 dans le port de Cherbourg-en-Cotentin.

Nombre d'escales

Selon la dernière mise à jour effectuée le 14 mars, 38 escales de navires de croisière, dont cinq inaugurales, sont annoncées pour cette année dans le port de Cherbourg, soit environ 85 000 passagers attendus. Les chiffres se basent sur la capacité maximale des navires de croisière.

Des bateaux jusqu'en décembre

La saison des escales a été lancée le 18 février par la venue inaugurale de AIDAMar et sera clôturée par l'un des navires de la même compagnie, l'AIDANova, le 6 décembre 2023. Le MSC Virtuosa est le deuxième bateau de croisière à avoir accosté en 2023, le 4 avril. En avril, six autres paquebots sont attendus : Britannia le 15, MSC Virtuosa les 19 et 29, Aida Sol le 23, Seabourn Ovation le 24, Ventura le 28. Parmi les nouveaux, certains devraient être remarqués, comme le Disney Dream, en escale le 23 juillet, ce qui coïncidera avec le départ de la Rolex Fastnet Race, course mythique de navigation à la voile. 

Le quai de Normandie, c'est terminé

"A l'exception des réservations effectuées en 2021, il est dorénavant acté l'arrêt de l'utilisation du quai de Normandie pour les escales croisières", indique Julien Bougon, directeur adjoint à l'Office de tourisme, chargé des activités croisières. "En effet, ce dernier ne permet plus d'assurer un accueil optimal tout en sécurisant les activités annexes réalisées par le port de Cherbourg."

Nouveau : des navettes pour les croisiéristes

Nord-Cotentin. Nouveau : des navettes pour les croisiéristes
Le 18 février dernier, un bateau de croisière AIDAMar a fait escale. Ici, lors de la descente des croisiéristes.

Les paquebots amènent de nombreux passagers à Cherbourg. Environ 75 % d'entre eux vont visiter la ville et/ou le nord-Cotentin. Désormais, des navettes sont mises en place pour les transporter.

Grâce aux paquebots, l'ambition portée par l'agglomération cherbourgeoise est de faire du Cotentin une destination touristique "européenne majeure" sur la façade Atlantique. Avec du développement "raisonné" de la croisière dans un milieu "très concurrencé", l'Office de tourisme du Cotentin réussit sa mission. Mais il souhaite aller encore plus loin, avec plus de services à l'arrivée des croisiéristes. Si ces derniers sont accueillis dans les meilleures conditions dans des infrastructures portuaires propres et une arrivée dans une gare maritime art déco, il faut aussi prévoir leur transport. L'an dernier, un nouveau dispositif a donc été mis en place : des navettes pour visiter le territoire.

75 % des passagers visitent
Cherbourg et/ou le nord-Cotentin

Le transport des passagers dans le nord-Cotentin et même dans Cherbourg est devenu une "nécessité". Environ 75 % d'entre eux en moyenne restent en ville ou dans les alentours, les autres partent en excursion sur les plages du Débarquement ou au Mont Saint-Michel.

"Un travail a été mené afin de fluidifier et faciliter l'acheminement des passagers des paquebots depuis le Terminal croisière, tant en centre-ville que sur le territoire du Cotentin", indique l'Office de tourisme. D'où l'idée de ces navettes croisières, payantes bien sûr. L'expérimentation lancée en 2022 s'avère très concluante.

Le service croisières de l'office et la direction Transports et mobilités de l'Agglo du Cotentin ont donc décidé "sans hésiter" de renouveler leur partenariat. Il s'inscrit dans la continuité de ce que propose le réseau de mobilités Cap Cotentin porté par l'Agglomération.

Un billet à 4 euros pour la journée

En centre-ville par exemple, les navettes adaptées à la capacité d'accueil du navire assurent, de 10 heures à 18 heures, les liaisons depuis le Quai de France. Ce service a été proposé lors de 28 escales sur les 57 reçues en 2022, au port de Cherbourg, en concertation avec les professionnels du secteur. "Les rotations sont, majoritairement, effectuées toutes les 30/45 minutes avec des arrêts devant le Bureau d'information touristique, la gare routière et le centre commercial Les Eleis, explique l'office de tourisme. Ce parcours a néanmoins dû être modifié en raison des divers travaux opérés dans le centre-ville. Les passagers souhaitant utiliser la navette ont été invités à acheter un titre de transport journée au tarif de 4 euros."

Navettes : chiffre d'affaires
de 28 000 € en 2022

Sur les 28 navires pour lesquels des navettes ont été mises en place en 2022, soit plus de 60 800 passagers, 7 000 personnes en ont profité. Ce chiffre ne tient pas compte des membres d'équipage qui ont également bénéficié de ce dispositif à titre gracieux. Ces navettes ont rapporté, en 2022, environ 28 000 € de chiffre d'affaires. Pour l'agglomération cherbourgeoise, il y a tout intérêt à pérenniser ce dispositif. Avec les 38 escales annoncées pour 2023 à Cherbourg, 22 navires pourront, à nouveau, bénéficier de ce service et de ses améliorations.

"Cherbourg, un port bien protégé avec des structures solides et entretenues"

Cherbourg-Octeville. "Cherbourg, un port bien protégé avec des structures solides et entretenues"
Félix Rothe, capitaine du paquebot AIDAMar, qui a accosté en février à Cherbourg.

Rencontre avec Félix Rothe, le capitaine du paquebot AIDAMar. Ce dernier a fait escale à Cherbourg.

Qui décide d'accoster à Cherbourg ?

"Cette croisière était déjà préparée depuis longtemps et la compagnie a décidé d'avoir Cherbourg comme dernier port. C'était prévu dans l'itinéraire et c'était un bon choix. Personnellement, je n'ai aucune influence sur cela. Cela a été fait par l'entreprise. Les passagers aiment aller à la Cité de la Mer, se balader dans le centre-ville, au Mont-Saint-Michel, ou encore Omaha Beach."

Que pouvez-vous nous dire sur ce navire ?

"Le navire s'appelle Aidamar, il a été construit en Allemagne. Nous avons environ 1 500 passagers à bord et 610 membres d'équipage. La particularité de cette escale ? Un tour du monde avec 90 % des passagers réalisant ce défi en 117 jours. Nous avons donc commencé l'année dernière en octobre 2022 de Hambourg et nous sommes sur le chemin du retour. Nous avons 99 % de passagers allemands. Nous avons aussi un peu de Suisses et d'Autrichiens."

Que pensez-vous de Cherbourg ?

"J'aime beaucoup la ville. Je travaillais avant dans la marine allemande et sur des frégates en tant que chasseur de sous-marins. L'Allemagne fait partie de l'OTAN et j'ai pu connaître Cherbourg, c'était très intéressant de visiter la Cité de la Mer et surtout le sous-marin, le plus grand ancien que nous avons pu visiter. Et il y a aussi le musée consacré au Titanic, vraiment très beau. Ce port est très bien protégé et bien abrité, avec des structures solides et bien entretenues. Il y a toujours ce défi concernant les vents et les courants fort, mais nous y arrivons à chaque fois, nous sommes des professionnels."

Ravitaillements des paquebots : comment ça marche

Le ravitaillement en eau potable est l'une des premières actions du personnel du port de Cherbourg-en-Cotentin quand un paquebot accoste quai de France.

Les équipes du port de Cherbourg-en-Cotentin sont mobilisées lors de chaque escale d'un bateau de croisière.

Eau et déchets : deux actions phares

Yannick Millet, directeur de la Société publique locale (SPL) des ports de Cherbourg, décrit comment les ravitaillements s'organisent au moment où les croisiéristes profitent des visites en Normandie ou dans le centre-ville : "Pour chaque paquebot, nos dockers interviennent", indique-t-il. Le temps est compté, ces gros navires restant accostés une journée quai de France. La première des actions pour le personnel du port est le ravitaillement du paquebot en eau potable : "C'est ce que nous faisons en premier", poursuit Yannick Millet. "Ensuite, nous récupérons tous les déchets avec l'aide de bennes."

Des marchandises ?

Rare sont les paquebots demandant au port un ravitaillement en produits alimentaires comme, par exemple, des fruits et des légumes : "Nous sommes souvent la première ou l'avant-dernière escale quand nous accueillons un bateau, ils ont alors plusieurs jours d'avance en provisions", poursuit Yannick Millet. "Nous pouvons ravitailler en marchandises et en matériel usagé mais cela arrive très peu et c'est à la demande de la croisière." Des semi-remorques se présentent alors quai de France et ce sont les dockers qui chargent à bord des navires.

Comme les ferrys, les paquebots se mettent au vert

Cherbourg-en-Cotentin. Comme les ferrys, les paquebots se mettent au vert
Infographie Croisières Cherbourg

Les paquebots venant s'amarrer dans le port de Cherbourg tentent de faire des efforts en matière d'environnement.

Un quart du trafic mondial transite par le rail de la Manche Mer du Nord. Naviguer dans ces eaux n'est pas donné à tous. Une réglementation spécifique en matière de développement durable est à respecter. "Les normes environnementales sont plus restrictives qu'en Méditerranée", prévient d'emblée Yannick Millet, directeur général pour la Société publique locale (SPL) des ports de Cherbourg-en-Cotentin.

Des normes à respecter

Parmi les particularités, les navires comme les paquebots doivent être équipés de filtres à particules et utiliser du fioul léger. Depuis le 1er janvier 2021, pour les navires construits le 1er janvier 2016 ou après et exploités en Manche Mer du Nord, zone de contrôle des émissions d'oxyde d'azote, les moteurs doivent respecter le niveau III. Sur les trois niveaux existants, il s'agit du plus strict en termes d'émissions d'oxyde d'azote et de particules fines. L'objectif : améliorer la qualité de l'air en réduisant les émissions de polluants atmosphériques. Dans le cadre d'un ambitieux plan de renouvellement de sa flotte, deux nouveaux navires de Brittany Ferries, le Galicia et le Salamanca, ont été baptisés en février à Cherbourg. Ils sont désormais propulsés au Gaz naturel liquéfié (GNL). "L'intérêt du GNL, c'est 30 % en moins d'émissions de gaz à effet de serre et plus du tout de particules fines, expliquait Christophe Bergeroux, commandant du Salamanca. Par exemple, il n'y a plus de fumée grise à l'arrière du navire."

Et du côté des paquebots ?

Les paquebots consomment énormément de CO2 mais tendent aussi vers plus de vert. Il y a des avancées majeures. Par exemple, du côté de la compagnie MSC Croisières, société basée à Genève en Suisse et qui prévoit huit escales à Cherbourg cette année, des navires propulsés au GNL ont été lancés depuis l'été 2022. L'AIDA Nova, mis en service en décembre 2018 et qui clôturera l'année 2023 des escales dans la cité portuaire normande, fait partie des navires les moins polluants. Il a été le premier paquebot propulsé au GNL.

Costa Croisière s'est également mise au vert avec ce gaz naturel transformé sous forme liquide par refroidissement à environ -160 °C à pression atmosphérique.

Dans tous les cas, l'impact environnemental est pris très au sérieux par les directeurs de compagnies. Autre avancée écologique, le dessalinisateur pour bateaux est un dispositif qui permet d'obtenir de l'eau douce à partir d'eau salée. Un outil qui permet d'économiser sur les réserves d'eau.

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