Plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi 22 mars dans la soirée, devant la raffinerie TotalEnergies de Normandie de Gonfreville-l'Orcher, à l'appel de la CGT, pour s'opposer à des réquisitions de salariés grévistes décidées, selon le syndicat, par la préfecture.
"On a refusé la relève depuis 21 heures, tout le monde est dehors, on ne procédera aux relèves que lorsque la préfecture annulera ses réquisitions", a déclaré à l'AFP Alexis Antonioli, secrétaire général raffinage de la plus grande raffinerie de France, dont la production est à l'arrêt complet depuis lundi 20 mars.
Un huissier sur le site
Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe, confirme "des réquisitions préfectorales sur le secteur TMEX (Transferts Mélanges Expéditions) de la Plateforme Normandie, qui ont pour but de prélever du kérosène à envoyer dans les aéroports parisiens".
La préfecture n'a pas envoyé de policiers chez les salariés pour remettre les courriers de réquisition, mais elle a dépêché un huissier sur le site, selon Alexis Antonioli.
Les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites avaient été annoncées mardi 21 mars, au dépôt de Fos-sur-Mer, près de Marseille. Cette décision a provoqué des incidents, et trois CRS ont été blessés devant le dépôt où plusieurs centaines de syndicalistes s'étaient rassemblés.
TotalEnergies n'a qu'une raffinerie sur quatre qui fonctionne encore, à Feyzin près de Lyon - d'où les grévistes continuent d'empêcher toute expédition. Deux autres (Donges, en Loire-Atlantique, et La Mède, dans les Bouches-du-Rhône) sont arrêtées pour des raisons autres que la grève.
Les deux raffineries d'Esso-ExxonMobil tournent encore : celle de Fos-sur-Mer fonctionne en débit minimal et celle de Port-Jérôme-sur-Seine, qui commençait à manquer de pétrole à raffiner mais qui en a reçu lundi, selon Éric Sellini, coordinateur national de la CGT pour TotalEnergies. Dans les deux sites, les expéditions de carburants restent selon lui bloquées.
L'approvisionnement des aéroports critique
L'approvisionnement en kérosène de l'Ile-de-France et de ses aéroports par la Normandie "devient critique" en raison des grèves dans les raffineries, a indiqué ce jeudi 23 mars le ministère de la Transition énergétique, qui est prêt à faire réquisitionner des grévistes.
Compte tenu de cette situation, le gouvernement a "pris un arrêté de réquisition" à l'égard des grévistes de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, mise à l'arrêt le week-end dernier et où les expéditions de carburants sont bloquées, "mais il n'a pas été décidé de le notifier à ce stade", a ajouté le ministère.
De son côté, la Direction générale de l'aviation civile prévient depuis plusieurs jours les compagnies aériennes que les réserves de kérosène dans les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et Paris-Orly sont "sous tension", les incitant à prendre leurs précautions.
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