Plus qu'un amusement, le cosplay (pratique consistant, selon Le Robert, à incarner un personnage de manga, de film d'animation, de jeu vidéo, etc.) est un art. Et ne parlez pas à un ou une adepte de la discipline de déguisement. C'est très réducteur : "On ne déguise pas, on se costume. Il y a vraiment une notion d'interprétation du protagoniste que l'on choisit", précise Louise Crausse, alias Louamie, cheffe de projet web en formation, âgée de 25 ans.
Une fibre artistique dès le plus jeune âge
Dès l'enfance, cette Montivillionne exprime sa fibre artistique par le dessin. "À 4 ans, je reproduisais de tête des paysages. Après, j'ai eu ma période stylisme." La petite fille habille ses poupées de tenues faites maison, inspirée par sa mère. "Elle a fabriqué elle-même les vêtements de bébé que nous portions ma sœur et moi. On avait une petite garde-robe personnalisée". Mais la couture attendra : Louise pratique la danse pendant douze ans, le théâtre, le chant choral. Et elle ne délaisse pas le dessin. "J'étais une touche-à-tout", se souvient-elle avec un sourire plein de gourmandise.
"Un nouveau costume
pour chaque convention"
À l'adolescence, elle revient à la couture dans le but de pouvoir "ressembler à [ses] personnages préférés". "Quand j'ai commencé le cosplay, je regardais le manga One Piece. J'adorais le personnage de Nami, une navigatrice rousse. Je récupérais des vieux vêtements pour les modifier." Une pratique solitaire d'abord, dans sa chambre de collégienne. La révélation intervient pour Louise quand elle se rend avec sa cousine à sa première Japan Expo, à Paris. Elle y rencontre des gens qui partagent sa passion et rejoint une petite communauté très active qui s'échange conseils et dates d'événements dédiés à proximité du Havre (Rouen, Turretot, Gruchet). "Et le but est de fabriquer un nouveau costume pour chaque rendez-vous."
Son passage par le lycée de l'Institution Saint-Joseph du Havre lui apporte, selon elle, une "mentalité de compétitrice". "Dans tous les projets que j'entreprends, il faut toujours que je sois la meilleure. Je donne tout." Elle enchaîne les conventions pendant plusieurs années, jusqu'à être présélectionnée à Caen, en octobre 2021, pour la finale de la Coupe de France de cosplay, qui aura lieu en juillet prochain lors du Japan Tours Festival 2023.
Son nouveau défi : incarner le roi Arthur
Louise Crausse décide de frapper fort : elle sera… le roi Arthur, de la saga Kaamelott, d'Alexandre Astier ! Une figure masculine ? Pas de quoi décourager l'artiste. "Je ne choisis pas mes personnages en fonction de leur genre. J'ai tout à fait les moyens de me transformer." Et elle explique : "Je suis touchée par la notion de quête chez ce héros. Il a de grandes choses à accomplir. Il y a aussi sa relation conflictuelle avec sa famille. On a pas mal de points communs." Le Graal, pour elle, sera de réussir parfaitement cette incarnation. "J'ai déjà fait des essais de costumes. J'améliore le maquillage. Grâce aux conseils d'une costumière de cinéma, j'ai trouvé une super colle pour le visage qui permet de faire en sorte que quand je parle, la barbe que je porte suive mes mouvements. Je puise dans tout ce qui est possible pour y arriver."
Pratique. Louise sur Instagramart_cosp_louamie
Pour un cosplay réussi
Les conseils de Louamie.
Choix crucial
Sélectionner le bon personnage pour la scène
"Si on choisit mal son personnage, le risque est de mal l'interpréter. Pour le roi Arthur par exemple, je me suis basée sur le film Kaamelott. Mais il y a plein d'univers différents : les mangas et autres films d'animation, les jeux vidéo. Certains vont davantage miser sur la fabrication du costume, d'autres sur le jeu de scène. Et il y a aussi ceux vont se mettre la pression sur les deux. C'est 50-50 pour les notes du jury dans des concours comme la Coupe de France. Le mieux, c'est quand même déjà de bien réussir son costume."
Chaque détail compte
Fabriquer son costume
et ses accessoires
"En Coupe de France, le jury cherche à nous voir faire évoluer nos techniques et notre manière de travailler. On a un dossier à envoyer concernant la fabrication de la tenue. Pour ma part, j'ai fait énormément de recherches sur les matières que j'ai trouvées à Lyon, à Paris, Marseille. J'ai même fait une commande au Canada. Et j'ai conçu ma propre Excalibur, une épée lumineuse en plexiglas. Je me suis inspirée des sabres laser Star Wars."
Le jour J
Devant le jury, un véritable
examen à passer
"Les jurés nous examinent pendant dix minutes. Sous la forme d'un entretien, on doit justifier nos choix. La cohérence avec l'univers est évaluée. Pour ma part, Kaamelott est une saga hyperconnue. La notation risque donc d'être un peu plus rude. Pour la prestation en elle-même, l'attitude compte évidemment. Il y a aussi la capacité à se déplacer. Opter pour une grosse armure par exemple n'est pas toujours un bon plan, on peut perdre des points sur la mobilité. De plus en plus de participants maîtrisent ces règles et le niveau d'exigence augmente d'année en année."
Pour plus de fluidité
Répéter, répéter, répéter
et encore répéter
"Je répète au moins une dizaine de fois pour les petites conventions. Pour la Coupe de France, ce sera plus. Dans mon numéro, j'ai un 'quick-change', un changement rapide de costume sur scène. J'arrive avec la tenue en peau de bête d'Arthur au début du film Kaamelott, avant de révéler mon armure en dessous. Il faut que tout cela devienne une routine. Heureusement, on a le droit à trois répétitions en condition sur place, avant le show."
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