Il y a quelques mois, la navigatrice Clarisse Cremer était lâchée par son sponsor pour le Vendée Globe 2024 à la suite de sa grossesse. "Ça a été un petit tremblement de terre dans la famille de la voile, admet Sophie Faguet. Clarisse est un très bon marin. C'est hypercompliqué de se positionner car on n'a pas tous les tenants et aboutissants de l'affaire. J'espère juste que la maternité sera un jour prise en compte comme n'importe quelle incapacité physique à naviguer." La Montivillionne pointe la longévité des carrières dans son sport, citant en exemple "Jean Le Cam, qui a dépassé les 60 ans. Chez les femmes, la question se pose forcément à un moment de devenir maman".
"La mer, un espace de liberté
et un terrain de jeu stimulant"
Le monde de la voile reste majoritairement masculin. Il n'y a dans le monde que 2 % de femmes chez les skippers professionnels. Pourtant, les petites filles pratiquent la discipline sur nos littoraux. La passion de la mer de Sophie Faguet commence ainsi. Née à Rouen, elle déménage avec ses parents, vers l'âge de 7 ans, à Granville (Manche). "Je faisais des stages pendant les vacances scolaires", se souvient-elle, trouvant sur l'eau "un espace de liberté et un terrain de jeu instable et stimulant".
Sophie Faguet connaît pour la première fois le grand frisson d'une épreuve sur le Tour de France à la voile. "On courait en équipage de sept à huit personnes sous les couleurs de la Normandie. Un super challenge sportif dans une super ambiance." Les compétitions s'enchaînent pour la jeune athlète qui s'oriente, à la fac, vers un cursus STAPS à Caen (Calvados). Mais une carrière de prof d'EPS n'est pas pour elle : "Il n'était pas envisageable d'être affectée à Paris, loin de la mer. Et je ne me voyais pas enseigner des sports qui ne me passionnaient pas."
Une nouvelle aventure en double mixte
Sophie Faguet passe alors ses brevets de skipper et de monitrice de voile au Havre. Elle intègre la Société des régates du Havre (SRH) en 2011. À la condition d'avoir la disponibilité nécessaire pour la compétition.
La Montivillionne âgée de 36 ans avait en ligne de mire, ces dernières années, une participation en solo à une course transatlantique. Cela ne se fera pas. "Je n'ai pas trouvé les partenaires pour monter mon propre projet." Un objectif qu'elle ne perd toutefois pas de vue. En attendant, c'est en double mixte que Sophie Faguet poursuit son aventure. Elle sera au départ de la transat Paprec 2023 avec Guillaume Pirouelle à Concarneau (Finistère) à la fin avril.
Les courses au calendrier 2023
Deux transats en un an.
30 avril : départ de la transat Paprec (Concarneau - Saint-Barth)
"C'est la seule et unique transatlantique en double mixte et à armes égales. On a tous les mêmes bateaux [des Figaro Bénéteau 3, ndlr]. C'est une course difficile, car le navire est petit et la traversée plutôt longue, environ vingt jours. Le système de pilotage automatique n'est pas aussi performant que celui des Class 40 ou des Imoca, donc on passe énormément de temps à la barre." Sophie Faguet mise sur une association gagnante avec Guillaume Pirouelle. Elle a passé les deux dernières années sur le circuit en double mixte. Lui a terminé deuxième de la Solitaire du Figaro 2022.
29 octobre : départ de la transat Jacques Vabre (Le Havre - Fort-de-France)
Après la Paprec, Sophie changera de partenaire. Avec un autre skipper (dont elle garde le nom confidentiel), elle devrait se lancer à l'assaut de la Jacques Vabre, qui fête cette année ses 30 ans. "On doit d'abord préparer la Rolex Fastnet, en juillet, afin de se qualifier. L'entraînement se poursuivra ensuite à Port-la-Forêt (Finistère) où est basé le bateau. Ce serait une super opportunité. Je n'ai jamais fait de transat. Là, j'en ferais deux en une année. Et j'espère faire rayonner les femmes et le territoire sur cette épreuve qui part du Havre."
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.