On sait ce que pensent les Manchois à propos des déplacements dans le département. Jean Morin, le président du Conseil départemental, a présenté mardi 14 mars les résultats de la concertation citoyenne sur le sujet qui a eu lieu de novembre 2022 à fin janvier dernier. Il en ressort que les routes et les voitures sont extrêmement importantes dans la Manche, mais que les habitants sont prêts à des évolutions.
Trois panels différents
Cette étude a été réalisée avec trois panels : tout d'abord, 500 personnes tirées au sort, définies pour représenter la population manchoise, 2 578 volontaires qui ont répondu au questionnaire et 66 communes.
Il en ressort que la route est nécessaire, pour les trois panels, notamment d'un point de vue économique. Autres enseignements, les personnes sondées sont favorables à la création de pistes cyclables et d'aménagements pour marcher au bord des routes ou encore le développement des transports en commun. L'entretien du réseau existant est préféré à la construction de nouvelles routes dans la majorité des réponses.
Les différences entre les panels
Le panel représentatif de la population du département estime que les routes manchoises sont dangereuses. Les sondés sont prêts à baisser la vitesse. Ils sont aussi les seuls à adhérer à l'idée de réserver des routes à d'autres modes de transport que la voiture, temporairement ou pas. Dans l'étude, ces personnes ne montrent pas une conscience écologique très mise en avant, mais sont prêtes à être contraintes dans leur déplacement pour plus de respect de la nature. Elles n'ont pas forcément réfléchi à la politique routière du territoire avant que les questions leur soient posées.
Les personnes volontaires pour répondre ont un avis plus réfléchi sur la politique routière. Elles habitent autour des grands axes en débat : Saint-Lô, Coutances, Granville, Avranches ou Cherbourg. Si elles ont une forte sensibilité écologique, elles refusent néanmoins des contraintes dans leur déplacement. Au contraire, elles souhaitent rouler plus vite et garder la route pour les voitures.
Les communes souhaitent plus de vitesse sur les routes et sont les seules à mettre en avant l'augmentation du nombre d'aires de covoiturage.
Selon Jean Morin, cette étude est un point d'ancrage pour continuer les projets en cours. "Cette vision, très routière, qu'ont les Manchois, et du recours nécessaire à la route, nous conforte dans le fait de dire qu'il y a besoin d'améliorer, de gérer les routes", explique-t-il. Il poursuit : "Ce n'est pas pour autant que nous allons créer des deux fois deux voies partout. Mais l'orientation est qu'il faut faire évoluer les modes de circulation, tout en mettant en place des modes doux et en ayant une conscience environnementale. Tout cela nous oriente à coconstruire la route."
Pour l'axe Saint-Lô - Coutances, différents scénarios vont être présentés au vote des élus en juin. Quant à savoir lequel a déjà sa préférence, il reste évasif. Pour le contournement sud-ouest de Cherbourg, des études sont en cours. Dans le cas de l'axe Avranches-Granville, il faut repenser tout le projet. Le président penche pour l'aménagement des routes existantes et la création de voies à la marge, sur moins de 1 % du réseau départemental, suivant ainsi les résultats de la concertation.
L'idée de Jean Morin est de rester aussi en lien avec les communes et les intercommunalités pour définir au mieux les besoins de routes.
Jean Morin et l'exemple du contournement de Cherbourg
Le Département, pas unique décideur
Si le Département à la compétence pour gérer les routes, il n'a pas l'autorité pour permettre des travaux. Elle est réservée à l'État. "Je me suis employé durant ces derniers mois à me rapprocher de l'État", assure Jean Morin. "Mon idée est d'aller vers eux, avant même la décision, pour voir si ce que nous pouvons proposer est envisageable ou non. À quoi bon mener des études longues et coûteuses, si c'est pour essuyer un refus ?", questionne-t-il. Il conclut que le scénario choisi dans chaque projet sera surtout celui "de la raison", entre les aspirations des uns et des autres et les contraintes de l'État.
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