"On va peut-être sortir la tente Quechua pour cette nuit, on l'a déjà fait contre la loi travail !", se souvient Christophe Thieulent. Opérateur chez Synthomer, qui produit des polymères synthétiques, il se dit prêt à tenir les points de blocage montés mardi 7 mars, sur la zone industrielle du Havre. "Il n'y a que cela qui fait parler", estime ce gréviste, qui s'est positionné avec une centaine d'autres travailleurs au niveau du rond-point Total, quand des dizaines d'autres bloquaient le pont VII Bis, le pont du Hode et le pont rouge.
Sur le pont VII Bis, en aval du carrefour de la Brèque, des salariés de Chevron et Alkion notamment.
"64 ans, on n'y arriverait pas"
Après cinq journées de manifestations très suivies contre la réforme des retraites, ce sont désormais deux stratégies qui cohabitent, au Havre. Certains ont, une nouvelle fois, opté pour le défilé intersyndical. D'autres, soutenus notamment par l'union locale CGT d'Harfleur, préfèrent employer une méthode plus radicale. "La balade c'est bien, mais il faut de l'action", estime Karine Martin, déléguée du personnel à Auchan. Elle espère "voir les routiers s'y mettre, pour qu'il y ait moins de marchandises et que cela impacte le commerce". Comme elle, beaucoup font état de la fatigue de leurs collègues en fin de carrière. "Les épaules, le canal carpien… Tous les mois, il y a un ou deux dossiers d'inaptitude. Donc 64 ans, de toute façon, on n'y arriverait pas."
Christel Deneux, travailleuse en logistique chez Chevron, fabricant d'additif pour carburants, dit s'être levée tôt, aussi, pour défendre notamment les sous-traitants des grandes entreprises. "Ils n'ont pas toujours de syndicat pour négocier des plans de pénibilité. Ils ont des conditions de travail plus pénibles, des salaires beaucoup plus bas. Impossible de travailler deux ans de plus." Pour Guillaume Decaens, opérateur chez le fabricant d'engrais Yara, "nous devons bouger, pour entraîner les petites boîtes dans la lutte. L'économie, cela touche tout le monde. On attend que les directeurs d'usines demandent au gouvernement de dire 'stop'".
Une petite centaine de personnes bloquaient le rond-point Total au lever du jour.
Sans doute prévenus qu'un mardi noir se préparait, les chauffeurs de poids lourds étaient moins nombreux à être bloqués que le 7 février dernier. Mais le mouvement pourrait être reconduit plusieurs jours.
Reportage sur la zone industrielle du Havre
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Quel est l'intérêt de ces blocages effectués par les grévistes aisés ? Mettre en pièce ce qui a survécu à la crise COVID ? Manifester oui, bloquer non : chacun est libre de travailler et se déplacer.