Le futur tracé du tramway de Caen la Mer a souvent fait débat. Longtemps pensée pour traverser la rue Guillaume-le-Conquérant, proche de bâtiments historiques, cette nouvelle ligne de tram Est-Ouest passera finalement par l'Établissement public de santé mentale (ESPM) de Caen. Cela a été acté mardi 28 février par la communauté urbaine. Pour résumer, à l'Est, le tramway partira de la Presqu'île, au niveau de la ZAC du nouveau bassin, avant de rejoindre le tronc commun jusqu'à l'angle entre l'avenue du Six-Juin et l'avenue de Bernières. Une ligne sera créée pour passer devant le théâtre, la préfecture et le boulevard Bertrand qui remonte vers l'hôtel de ville. De là se séparent deux tracés : l'un emprunterait la rue du Carel, à travers l'hôpital psychiatrique, pour terminer sa course à la CCI de Saint-Contest. L'autre branche passera par l'avenue Albert-Sorel avant de remonter vers le quartier de Beaulieu (cf. tracé ci-dessous). Jusqu'en 2028, les quartiers du Chemin-Vert et de Beaulieu continueront de n'être desservis que par le bus ou le service à la demande Twisto Flex.
Un passage "au remplissage"
lors d'événements
Le tram permettra de les reconnecter avec le centre-ville. "Ces quartiers ne sont pas enclavés, réagit Gilles Bisson, président de l'association du Village Saint-Etienne. Les gens descendent à pied ou à vélo. Le tram n'est pas nécessaire." Exemple avec Georges Eden, cet habitant du quartier du Chemin-Vert. De chez lui jusqu'à la gare SNCF, son temps de trajet en bus se situe entre 12 et 18 minutes. À pied, jusqu'au théâtre, il compte dix minutes. "La ligne 1 dessert très bien le centre-ville toutes les 10 minutes. Il faut aussi reconnaître que certains bus circulent à vide hors heures de pointe", avance-t-il. De son côté, la communauté urbaine n'est pas du même avis. "Les bus sont déjà très fréquentés sur ces quartiers", assure Nicolas Joyau, adjoint en charge des mobilités. Il prend comme référence l'arrêt "Molière", qui compte 650 validations par jour en moyenne, soit la troisième plus grosse station du réseau. "Le tram sera une plus-value aussi pour les communes en périurbain. Les habitants de Thue-et-Mue ou Saint-Manvieu-Norrey par exemple gagneront du temps pour venir en centre-ville."
Aujourd'hui, entre le terminus de la ligne de bus n°2 à Beaulieu et la gare SNCF, il faut compter environ 30 minutes de trajet. Avec le futur tramway, Caen la Mer fait une estimation à 18 minutes. L'élu voit aussi le tramway comme un atout d'attractivité, aussi bien pour les habitants que les entreprises. Cette future ligne permettra aussi de desservir des équipements très fréquentés comme le lycée Malherbe, le Zénith, le Parc des expositions ou encore le stade d'Ornano. "Lors d'un événement sportif ou culturel, on aura un fonctionnement au remplissage. Dès qu'une rame sera pleine, on amène immédiatement un deuxième tram." Pour cela, il faudra créer des plateformes pour stocker les trams, comme au terminus de Beaulieu par exemple. De quoi changer le visage d'un quartier d'ici cinq ans.
Le calendrier prévisionnel
La future ligne de tramway de Caen devrait être opérationnelle en 2028. Découvrez le calendrier prévisionnel d'ici là.
Septembre 2023
Le choix du tracé du futur tram a été acté le 28 février. D'ici septembre 2023, la communauté urbaine de Caen la mer va avoir pour mission de sélectionner l'équipe de maîtrise d'œuvre via un appel d'offres. La maitrise d'œuvre est chargée de concevoir l'espace public afin d'esquisser des travaux par secteur. "On part d'une feuille blanche. Il faut réfléchir à l'organisation du transport avec les piétons et les cyclistes par exemple", confie Nicolas Joyau, vice-président de Caen la mer en charge des mobilités.
Automne 2024
A la suite de cette étude, l'autorité environnementale sera saisie au début de l'année 2024. Puis une nouvelle phase de concertation va s'ouvrir. Une procédure d'enquête publique devrait débuter à l'automne 2024.
Décembre 2025
La communauté urbaine, à la tête de ce projet, prévoit de commencer les travaux avant le 31 décembre 2025. Pour l'heure, les étapes des travaux ne sont pas encore définies. On ne sait pas quel quartier entrera en premier dans sa phase de mutation. Les travaux devraient débuter deux ans et demi.
2028
Le nouveau tramway de Caen devrait circuler à partir de mi-2028. Comme en 2019, lorsque le tramway sur rails a vu le jour, trois mois d'essais dès le printemps 2028 seront nécessaires avant que des voyageurs puissent monter à bord.
Un vaste réaménagement urbain
Avec la mise en place de son nouveau tramway en 2028, la communauté urbaine Caen la Mer devra aussi repenser ses voies cyclables et son réseau de bus. Tendance Ouest est entrée dans le détail.
Le réseau de transports Twisto enregistre 100 000 voyages par jour, dont la moitié se font dans le tramway, sur les lignes T1, T2 et T3. Plus que d'apporter un nouveau service dans les quartiers de Beaulieu, du Chemin-Vert, à Saint-Contest ou à la pointe de la Presqu'île, la création de la future ligne de tramway permet dans le même temps à la communauté urbaine de repenser d'autres mobilités. À commencer par l'utilisation de la voiture. Elle ne peut pas être plus claire. "L'objectif est de réduire la part du nombre de voitures individuelles dans le centre-ville. On n'arrivera pas à zéro mais, sur des déplacements courts et urbains, on veut permettre aux habitants de laisser la voiture au profit du tramway", explique Nicolas Joyau, en charge des mobilités à Caen la Mer. Pour ce faire, la communauté urbaine prévoit d'installer trois parkings-relais à proximité des rails de tram à l'horizon 2028. L'un sera situé au niveau du terminus de Beaulieu, un autre au niveau de l'échangeur du Chemin-Vert, proche du périphérique, et un troisième dans le parking souterrain du futur Palais des Sports. Tous auront une capacité d'environ 300 places. Un parking silo, du même capacitaire, verra aussi le jour au niveau du terminus de la CCI Saint-Contest.
Repenser et adapter les autres mobilités
L'idée étant de favoriser le covoiturage ou de laisser sa voiture en entrée de ville. Cela va aussi modifier l'environnement urbain de ces quartiers. De là à voir tous les Caennais lâcher la voiture au profit des transports en commun ? Non, sachant qu'il est estimé que 100 000 véhicules entrent dans Caen par jour. "Le tram est une partie de la solution", admet Nicolas Joyau, tout en étant conscient que le public majoritaire est constitué de "ceux qui ont une station de tram à 200 m de chez eux, pas ceux qui viennent de l'extérieur". Pour désenclaver la ville de véhicules thermiques, la Ville veut aussi revoir son plan de transports en commun. Le réseau de bus va forcément subir quelques modifications. "Le sujet n'est pas simple", assume l'élu, alors que 70 lignes de bus fonctionnent quotidiennement sur Caen et son agglomération. "On ne va pas abandonner le bus sur un quartier à cause de l'arrivée du tramway. Le bus va être complémentaire", rassure-t-il. Ainsi, "des lignes vont être remariées entre elles. Certaines lignes vont passer par d'autres itinéraires".
Par exemple, la ligne 1 qui descend du Chemin-Vert vers le centre-ville va quasiment emprunter le même itinéraire que le futur tram. Il n'est pas question de faire doublon. Quant au vélo, de nouveaux itinéraires cyclables vont voir le jour et se connecter le long du tramway, en réponse à la loi d'orientation des mobilités du gouvernement fixée en 2019. "L'aménagement sera différent en fonction des secteurs. Parfois, il y aura des pistes cyclables très sécurisées et identifiées. D'autres fois, il s'agira de voies partagées avec les piétons." L'objectif étant aussi de poursuivre le maillage territorial du périphérique vélo sur l'ensemble de la communauté urbaine. Plus que le tram, ce sont aussi tous les modes de transport doux de Caen qui vont être bouleversés en 2028.
Un tram sans caténaires pour la beauté du paysage
La totalité de la flotte de tramway de Caen sera équipée de batteries en 2028. Sur certaines portions, des lignes aériennes vont disparaître pour préserver le patrimoine historique.
En 2028, 10,2 km de voies nouvelles vont voir le jour sur le réseau Twisto de Caen et de son agglomération. Dix nouvelles rames vont s'ajouter aux 26 existantes et seront équipées de batteries. Cette technologie permettra une autonomie de la totalité de la flotte sur 1 km. "C'était prévu pour le tramway de 2019, mais la capacité des batteries a beaucoup évolué. C'est moins cher et moins lourd, ce qui nous permet de le mettre en place dans ce nouveau projet", admet Nicolas Joyau, vice-président de Caen la Mer en charge des mobilités. Comme pour les voitures hybrides ou sur le tramway de Nice depuis une quinzaine d'années, la batterie va se charger en roulant. Ainsi, des lignes aériennes de contact sont amenées à disparaître sur certains secteurs. Par exemple, sur le nouveau tracé qui relie la Presqu'île au Chemin Vert et à Beaulieu, il n'y aura pas de caténaires entre les arrêts Théâtre et la rue Caponière.
Préserver le patrimoine
Il en sera de même sur le tracé commun existant entre la Place de la Mare et l'arrêt Bernières, au pied du château. "Cela permet de dégager la vue autour des secteurs patrimoniaux, au niveau de la mairie, au niveau du boulevard Albert-Sorel devant le lycée Malherbe, sur les remparts du château et au pied de l'église Saint-Pierre par exemple", poursuit l'élu. Les poteaux qui tiennent les caténaires devraient être réutilisés pour les portions du nouveau tracé de tramway.
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