Olha Cherniakova, 21 ans, était étudiante à Kiev avant le début du conflit
"Je suis arrivée en France en mars. J'ai d'abord vécu en banlieue parisienne. On m'a dit que Paris était différent du reste de la France, et c'est vrai. Là-bas, les gens sont un peu centrés sur eux-mêmes. En Normandie, les gens sont plus ouverts, plus volontaires pour vous aider. Ici, tout le monde est plus calme, et, c'est sûrement lié à la proximité avec l'Angleterre, mais je croise beaucoup de personnes qui parlent anglais, ou qui au moins font l'effort d'essayer.
Je suis un Master management et commerce international à l'IAE de Caen. En Ukraine, j'étudiais les sciences politiques, c'était vraiment ma passion. Mais quand la vie te donne l'opportunité d'essayer autre chose, il faut saisir sa chance. Je trouve ces études intéressantes, et c'est mieux que ce que je pensais pouvoir faire vu ma situation.
Un retour en Ukraine ?
Ma famille est restée en Ukraine. Ce serait un stress énorme pour mes parents de tout quitter et de rejoindre un pays dont ils ne parlent pas la langue. Je prends des cours de français mais c'est difficile, j'ai l'impression de ne pas progresser. Si je veux rester en France ? C'est difficile à dire, cela dépend de la situation. J'aime mon pays, je lui souhaite le meilleur, mais je comprends aussi que je dois penser à moi-même. Et si la guerre continue, cela sera plus simple pour moi d'aider ma famille mais aussi mon pays en restant ici. Si je m'engage en politique, cela me permettrait de me battre pour défendre les intérêts de l'Ukraine. Et le plus important est de ne pas oublier qui tu es, ni d'où tu viens.
Olha Cherniakova
J'ai déjà aidé mon pays en étant en France. J'ai donné une interview pour la télévision ukrainienne, expliquant comment le gouvernement français pouvait aider mes compatriotes. Si je retourne en Ukraine, je ne sais pas ce que je pourrai y faire. On m'a donné la chance d'aller de l'avant, quand je parle à des amis restés sur place, je me rends compte que la situation est très difficile. Il y a beaucoup de stress, on ne sait pas à quel point certains vont rester traumatisés par la situation. Je serai plus utile en gardant une situation stable et en continuant à vivre ma vie.
Ma mère est professeur, et on lui a demandé de donner ses cours en ligne le 24 février, date anniversaire de la guerre. Le gouvernement s'attend à être lourdement bombardé. Mais c'est dingue comme les gens s'habituent à tout. Mes amis me disent que la vie est presque normale. Moi, j'ai déjà oublié comment était la situation. Quand j'appelle ma mère et qu'il y a des bombardements, elle me dit que tout va bien, qu'elle est dans un abri souterrain, et elle m'envoie des vidéos des enfants."
Adriana Baleha, 42 ans, occupait des postes à responsabilité à Kiev
"J'ai quitté ma maison en emportant seulement quelques affaires. J'ai marché, conduit, arrêté, puis marché à nouveau, pris le train, l'avion, et ainsi de suite pendant presque une semaine. Je suis partie pour survivre. Je suis arrivée en mars en France, et en mai en Normandie. Une ancienne collègue habitait ici, elle m'a accueillie au sein de sa famille.
En Ukraine, j'ai commencé ma carrière en tant qu'infirmière, puis j'ai ensuite connu divers postes dans le management, dont un poste de directrice adjointe des opérations dans une entreprise internationale spécialisée dans les technologies de l'information à Kiev. Arrivée en France, on m'a proposé un job temporaire à Mecapole, un groupe industriel. Je devais rechercher des réfugiés ukrainiens pour travailler dans cette entreprise.
J'ai ensuite décidé de faire un master à l'IAE de Caen pour apporter de la théorie à mes connaissances pratiques, mais aussi pour pouvoir travailler à l'international. J'espère ainsi améliorer mon anglais. Je prends également des cours de français, mais c'est une langue difficile.
Je veux rentrer en Ukraine, c'est mon pays, c'est là où je suis née. J'aimais ma vie en Ukraine, mes amis et ma famille y sont encore. J'ai un frère qui a trois petits garçons. Mais je ne pense pas pouvoir revenir cette année ni l'année prochaine. J'ai tellement envie que le conflit se stoppe. Pas que moi d'ailleurs, tous les Ukrainiens le veulent. Que ça s'arrête le plus vite possible !"
Olah et Adriana sont d'ailleurs à la recherche de stages pour valider leurs études. Elles éprouvent de grandes difficultés dans leurs recherches, la langue étant une barrière. Vous pouvez les contacter sur leur adresse mail : stasfavorskii@gmail.com pour Olah, odrichka80@gmail.com pour Adriana.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.