"Je suis né et j'ai grandi ici", clame fièrement Clément Baloche. L'attachement "viscéral" du jeune homme âgé de 22 ans à la cité Océane est aussi puissant que sa volonté de s'engager au service des autres. De son enfance dans les années 2000 à La Hêtraie (entre Mare-Rouge et Bois-de-Bléville), il se souvient d'un environnement "enclavé". "À ce moment-là, on sentait quand même beaucoup la différence entre ville haute et ville basse. On ne descendait pas très souvent dans le centre et, quand on y allait, c'était un peu l'aventure." Mais le Havrais dit avoir toujours été heureux dans son quartier, où il vit encore aujourd'hui.
Après avoir fréquenté l'école Charles-de-Foucauld, Clément Baloche entre en 6e à Saint-Joseph. Il découvre, lors de sorties entre amis, le cœur de ville, la plage, le skatepark, "un nouveau terrain de jeu". Et l'institution scolaire d'élargir son horizon. Il y suit un cursus littéraire, avec une mention européenne anglais. "À la sortie de Saint-Jo, je me sentais prêt à affronter les grandes écoles et l'université." Le lycéen a déjà une conscience politique. "Je suivais Louis Boyard (alors président de l'Union nationale lycéenne, devenu député Nupes)", raconte-t-il. Il se décrit comme "curieux" et "cherche à [se] cultiver, à apprendre sans cesse".
"J'avais envie de m'impliquer pour améliorer la vie des gens"
Avec un père policier et une mère secrétaire aux urgences, Clément Baloche découvre dès l'enfance la notion de service aux autres. "Quand ils me racontaient le soir leur journée de travail, ça me donnait envie de m'impliquer pour améliorer la vie des gens, et aussi celle de mes parents." Son bac L en poche, l'étudiant choisit d'abord le droit. Il se réoriente finalement vers un cursus AES (Administration économique et sociale), "plus proche des enjeux de société" et de ses aspirations.
À la fac, il découvre les BDE (Bureaux des étudiants). Il intègre celui de droit, dont le président Thibault Cazier prend la tête de la FED'LH (Fédération des associations étudiantes du Havre) en mai 2020. En pleine crise Covid, la structure organise des distributions alimentaires. Clément Baloche est vice-président à l'innovation sociale et travaille sur un projet d'épicerie solidaire. Devenu à son tour président de la FED en juin 2020, il inaugure l'Agoraé en septembre 2021. Jusqu'à 50 étudiants bénéficiaires viendront faire leurs courses à très bas prix dans le magasin, à Danton.
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Clément Baloche termine son mandat à la FED'LH en juin 2022, remplacé par Hugo Cosset-Coinsin. Après deux ans de bataille constante, "à rencontrer tout le monde, à dormir deux heures par nuit, plus rien". Il est alors contacté par le vice-président étudiant de l'université Matis Moisson, qui laissera bientôt sa place. Fort du soutien de nombreuses structures étudiantes, il organise ses troupes, forme les candidats qui l'accompagneront vers le conseil d'administration de la fac. Son élection, le mois dernier, pour deux ans, est une formalité.
La suite pour Clément Baloche ? "Déjà, réussir mon mandat." Une réponse d'homme politique, non ? Emprunter cette voie dans le futur serait-il envisageable ? "Peut-être. L'université est une chance de s'engager. Elle a ce rôle d'incubateur pour avoir des étudiants qui puissent un jour intervenir à l'échelle de la ville ou plus largement. Mais pour l'instant, mon mandat de vice-président est ma priorité."
Ses priorités pour les étudiants
Clément Baloche est le nouveau vice-président de l'université Le Havre-Normandie.
Précarité
Favoriser
l'accès aux soins
"On parle souvent de précarité alimentaire, mais très peu de précarité médicale. Aujourd'hui, beaucoup d'étudiants refusent de se faire soigner par manque de temps, de moyens financiers ou de praticiens accessibles dans la cité Océane, qui est un désert médical. Je souhaite travailler avec le Service de médecine préventive universitaire et apporter mon expérience en tant que secrétaire à l'Association médicale des urgences du Havre. Un étudiant qui se sent bien et qui est en bonne santé est un étudiant qui peut réussir."
Engagement
Valoriser
le bénévolat
"Il ne s'agit pas que de l'engagement dans les assos étudiantes. Il y a aussi les élus, les élèves en Service civique, les pompiers volontaires. Un diplôme d'engagement étudiant existe, mais il reste symbolique. Il faut une valorisation directe et académique, avec une bonification de la moyenne. On doit aussi relancer les Assises étudiantes sur une base trimestrielle pour générer du débat et rendre les étudiants acteurs de leur campus."
Violences et discriminations
Lutter
et prévenir
"À la fac, la CÉSAM (pour Cellule d'écoute, de soutien, d'analyse et de médiation) est chargée de traiter les conflits entre étudiants et avec les professeurs. Le lien doit être fait avec la section disciplinaire, car de nombreux cas n'arrivent pas jusqu'à cette instance. Il y a des agressions à l'université. Cela peut même arriver dans les locaux de la fac. Et il ne s'agit pas simplement de punir et d'exclure. Il faut faire de la pédagogie et mettre en place des mesures de responsabilisation grâce à des associations. Les étudiants d'aujourd'hui sont les citoyens qui construiront la société de demain."
Orientation et insertion pro
Mieux communiquer
sur la fac
"Il s'agit de créer une fierté de l'université Le Havre Normandie chez les étudiants et les enseignants. Nous sommes les premiers ambassadeurs de notre institution, il faut aller dans les lycées et collèges lors des portes ouvertes et forums des métiers pour valoriser nos filières qui souffrent de la proximité avec Rouen et Caen. On peut enfin développer des partenariats avec les entreprises pour les stages et aider à la professionnalisation des cursus."
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