Ils étaient dans le cortège de l'intersyndicale, jeudi 16 février à Rouen. Les élèves de l'école d'architecture de Rouen ont profité de la manifestation contre la réforme des retraites pour faire entendre leurs craintes quant à l'avenir de leur diplôme. Voilà maintenant une dizaine de jours qu'ils ont lancé un mouvement de grève au sein de l'École nationale supérieure d'architecture de Normandie (ENSA Normandie) basée à Rouen. L'établissement traverse une crise depuis la rentrée de janvier. Une rentrée qui ne s'est toujours pas faite.
Initialement prévue le 30 janvier, elle a dû être décalée par la direction le lundi 6 février, en raison d'un manque de personnels chargés de concevoir les emplois du temps des différentes promotions. Professeurs et élèves ont alors décidé de bloquer l'établissement jusqu'à obtenir de nouveaux moyens de la part du ministère de la Culture, leur ministère de tutelle.
"Cette situation est due à un manque de personnel, parce qu'il y a des arrêts maladie qui n'ont jamais été remplacés, des arrêts qui sont remplacés le jour même et les gens ne sont donc pas formés, constate Jade Deffois, en deuxième année à l'ENSA Normandie et représentante des étudiants. Moi, j'ai encore trois ans d'étude à faire ici, je n'ai pas envie de recommencer cette mobilisation tous les semestres, je veux avoir un bon diplôme à la fin, que ce soit valable."
Au-delà du manque de personnel administratif, les élèves veulent aussi attirer l'attention du ministère sur le manque de moyens alloués aux étudiants d'écoles d'architecture. "On est moins bien dotés que des collégiens", déplore l'étudiante.
Moins d'argent pour les étudiants en architecture
"Le ministère de la Culture lui accorde (à l'ENSA Normandie N.D.L.R.) de fait une dotation budgétaire insuffisante qui reflète bien la paupérisation des vingt ENSAs à travers la France. L'État y investit en effet 8 500 € par an et par étudiant, quand il engage 10 550 € en moyenne à l'université et 15 500 € dans les classes préparatoires aux grandes écoles", expliquaient les représentants des enseignants de l'établissement dans un communiqué, le mardi 31 janvier, au lendemain de la décision de la direction de reporter la rentrée. Les doctorants des ENSAs étaient également montés au front il y a un an, en demandant à leur tour une revalorisation générale des moyens alloués aux établissements en plus de leur revendication salariale.
L'École nationale supérieure d'architecture de Normandie n'a pas fait sa rentrée de janvier 2023 en raison d'un mouvement de grève initié par les élèves et les professeurs.
Manque d'effectif dans l'administration, contrat court, budget en stagnation, la situation se dégrade de mois en mois et d'année en année à l'ENSA Normandie, confirme Antoine Appruzzese, doctorant et enseignant dans l'établissement rouennais. "On a embauché des gens en CDD ou sur des périodes assez courtes et, du coup, on est obligés de tout le temps refaire les choses… Le nombre d'élèves augmente et le budget reste assez stable, ce qui fait que le montant par étudiant et par an diminue." S'ajoute à cela un trou dans le budget de l'établissement. Toujours d'après les représentants des enseignants, l'ENSA Normandie présenterait un déficit budgétaire de 680 000 € cette année.
Une assemblée générale doit se tenir vendredi 17 février pour acter la fin du mouvement à la veille des vacances universitaires avant une possible reconduite de la grève le lundi 27 février, où une autre réunion doit se tenir entre élèves et professeurs.
Contactée, la direction de l'établissement n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.
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