Connaissez-vous la blonde de Caen ? C'est peu probable. Et pourtant, elle fait partie du patrimoine caennais. Cette dentelle date des années 1600. "Elle était très à la mode à l'époque de Louis XVI ou Napoléon 1er", rembobine Michel Bouvot, spécialiste de la dentelle. Lui et sa femme, Claudette, n'étaient pas nés. Arrière-petite-fille d'une dentellière, Claudette avait toutes les chances de le devenir à son tour. Pourtant, on ne lui a jamais montré comment faire à la maison.
Des initiations pour petits et grands
En retrouvant de vieux fuseaux dans le grenier (ces objets en bois qui permettent de faire la dentelle), elle commence par prendre des cours près de Bayeux. Elle tombe amoureuse de la blonde de Caen. "C'est une dentelle en soie, naturelle, couleur écru, qui fait penser à une chevelure blonde", sourit la passionnée. Avec son mari, ils décident de créer l'association "Dentelles et Blondes de Caen et Courseulles-sur-Mer", qui va d'ailleurs fêter son quart de siècle cette année. La dentelle de Courseulles était unique en son genre, "en soie et en couleur". Dans une quinzaine de livres qu'ils ont co-écrits, ils retracent aussi l'histoire de ces dentelles. On apprend par exemple qu'en 1850, il existait environ une centaine de fabricants de dentelle à Caen et dans l'agglomération. En 1870, il n'en existait plus qu'une vingtaine. Afin de promouvoir l'art dentellier, le couple de 75 ans décide de donner des cours à son tour. Depuis plus de vingt ans, le couple se rend à Caen, Sannerville et Courseulles plusieurs fois par semaine. Par groupe de 15, petits et grands apprennent à créer une dentelle à la Maison de quartier Saint-Paul de Caen chaque lundi, jeudi et vendredi. "C'est difficile de faire venir les enfants pour l'instant, sourit Michel, blonde de Caen dans les mains. Mais on fait des cours dans des écoles primaires, et ça plaît !"
La dentelle peut-elle revenir à la mode ?
Le premier essai est gratuit. L'enjeu est de continuer à faire perdurer ce patrimoine. "On peut faire autre chose que ce que l'on faisait autrefois. Par exemple, créer des fantaisies sur des robes", sourit Claudette, montrant du doigt le corsage d'une robe fabriquée à base de bandes de cassettes audio à la place du fil. À Noël, par exemple, les élèves ont fait des décorations en dentelle. Ils organisent aussi de grands salons denteliers. Leur objectif final est de "sauvegarder le patrimoine et le savoir-faire local". Et ensuite ? Monter un projet Unesco pour la dentelle de Courseulles. "Elle est unique au monde !", s'exclame Claudette, un peu chauvine.
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