"Ni coupe budgétaire, ni coupe d'étrangères", scandait la petite foule réunie devant la préfecture de Rouen mercredi 8 février, en soutien à Mariam, Tchadienne et mère de six enfants, arrivée en 2019 en France. Elle a reçu dernièrement une OQTF, Obligation de quitter le territoire, par la préfecture en raison de son entrée, supposée illégale, sur le territoire.
Victime d'excision à l'âge de 8 ans, Mariam, âgée aujourd'hui de 48 ans, préfère taire son nom de famille afin de protéger son mari, resté au pays. Elle, a fui le Tchad justement pour que ses trois filles ne subissent pas le même sort. Un sort réservé à toutes les jeunes femmes de sa famille. "Normalement, quand on naît complet, on doit aussi mourir complet, mais ma famille conservatrice pense que c'est la coutume… Selon eux, on l'a toujours fait depuis nos parents, nos grand-parents, nos arrière-grands-parents, et donc il faut le faire et cela continue à se faire", déplore Mariam. Sa fille aînée en a fait les frais à treize ans, avant d'être mariée de force à un cousin. C'est ce qui a poussé la Tchadienne à quitter son pays, afin de mettre à l'abri ses autres enfants. Tous sont scolarisés dans l'agglomération rouennaise.
De nouvelles preuves d'excisions au Tchad
Clémence Hamel, professeure au collège Alain à Maromme, fait partie des premiers soutiens de la famille. Elle a eu vent de cette histoire en juin dernier, par le fils aîné de Mariam, et a décidé de se mobiliser pour que la petite famille obtienne un titre de séjour. "Il y a deux dossiers en cours, l'OQTF pour la maman et l'aîné, et il y a un autre dossier en cours pour la demande de réexamen au droit d'asile pour les trois petites filles", explique l'enseignante. Pour convaincre le tribunal administratif, désormais saisi du dossier, les soutiens de Mariam ont pu obtenir de nouvelles preuves d'excisions pratiquées récemment dans la famille. "La grande fille qui est restée au pays, celle qui est excisée, a subtilisé dans le téléphone de sa tante des vidéos qui prouvent que les dernières excisions ont eu lieu en août dernier… Elles sont terribles et cela prouve que si elles retournent là-bas, elles y passeront l'été prochain", affirme Clémence Hamel.
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Le témoignage de Mariam est arrivée aux oreilles de la députée de la quatrième circonscription de Seine-Maritime, Alma Dufour, qui s'est engagée à interpeller le préfet par courrier. Contactée par Tendance Ouest, la préfecture n'a pas souhaité s'exprimer sur le dossier. Une première audience doit avoir lieu au tribunal administratif de Rouen, mardi 14 février. À cette occasion, le Réseau éducation sans frontière appelle à un nouveau rassemblement devant le tribunal.
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