C'est acté. Les producteurs de betteraves sucrières ne pourront plus utiliser des insecticides à base de néonicotinoïdes en 2023. C'est ce qu'a annoncé le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau le 23 janvier dernier. Le gouvernement a renoncé à une mesure dérogatoire autorisant l'usage d'insecticides néonicotinoïdes pour protéger les semences de betteraves sucrières. Les betteraviers doivent aujourd'hui utiliser d'autres solutions pour protéger leurs champs de betteraves des pucerons et des insectes. C'est le cas de Guillaume Verougstraete, producteur de betteraves sucrières à Esteville.
Traiter les betteraves plusieurs fois avec des insecticides
Guillaume Verougstraete produit des betteraves dans son exploitation depuis 2003. "J'ai toujours connu les néonicotinoïdes sur l'enrobage des betteraves, je n'ai jamais traité mes champs avec d'autres types d'insecticides et c'est une méthode qui marche." Les néonicotinoïdes, ce sont des insecticides qui permettent de protéger les betteraves de la jaunisse, une maladie véhiculée par un puceron qui jaunit les feuilles et qui stoppe la croissance de celles-ci.
"Quand on n'a plus de néonicotinoïdes sur les semences, il faut traiter les betteraves plusieurs fois avec des insecticides. C'est-à-dire qu'on les pulvérise sur toute la parcelle, ça fait une sorte de brouillard." Mais cette nouvelle méthode n'est pas aussi efficace. "Ce type de produit a une durée d'action de 10 à 12 jours et, selon la météo, ça peut aller jusqu'à 15 mais il faut les pulvériser plusieurs fois sur les betteraves pour éviter qu'elles soient victimes de la jaunisse." Au total, Guillaume Verougstraete produit environ "3 000 tonnes de betteraves sucrières pour environ 30 hectares".
"Si la jaunisse se déclare, on peut perdre 30 à 70 % du rendement"
Puisque les néonicotinoïdes ne sont plus tolérés en 2023, les agriculteurs ont tout de même besoin de trouver des solutions pour protéger leurs plantations de betteraves. "Si la jaunisse se déclare dans une parcelle, on peut perdre 30 à 70 % du rendement dans les cas extrêmes. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir 100 tonnes, on en aura environ 70", explique l'agriculteur normand.
"Les néonicotinoïdes étaient un produit efficace puisqu'en mettant juste un enrobage sur la graine, on était tranquille pour tout le cycle de la betterave, il n'y avait pas de développement de jaunisse", poursuit-il. Désormais, "on va utiliser des insecticides en foliaires avec des risques pour les exploitations voisines puisque ce sera pulvérisé. Moi, je n'aime pas vraiment utiliser ce type de produit mais on n'a pas le choix, car sinon on perdrait 70 % du rendement".
Et pour la suite ?
"Si on perd du rendement, on a la possibilité de faire d'autres cultures que la betterave dans notre exploitation. On fera plus de pommes de terre, plus de lin ou plus de colza", affirme le betteravier. Si tout va bien, courant mars, les producteurs de betteraves devraient recevoir de nouvelles graines sans néonicotinoïdes car la période de semis débutera. À noter également que dans un article paru sur le site de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, "dans une mise à jour de son avis de 2018 sur les alternatives aux néonicotinoïdes, l'Anses a identifié vingt-deux solutions pour lutter contre les pucerons et la maladie de la jaunisse dans les cultures de betteraves sucrières".
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