Tout commence avec leurs parents. Saint-Vaast-la-Hougue, années 80 : la structure ostréicole qui les emploie fait faillite et donne ses parcs à huîtres à certains salariés licenciés. Avec cinq hectares, les parents de Stéphanie Lefèvre créent leur propre entreprise. En 1991, leur fils Guillaume les rejoint et la Gaec La Tatihou naît alors. "Moi, je faisais des études de biologie à Caen, avec une curiosité particulière pour l'algologie [discipline médicale qui s'intéresse aux causes et aux traitements de la douleur, ndlr], raconte Stéphanie. Plus jeune, j'avais déjà une âme de naturaliste."
Née de la mer
Une enfance les pieds dans l'eau, un premier tour de tracteur dans les parcs ostréicoles à huit ans… La mer est toute sa vie, la pointe de Jonville et l'île de Tatihou sont les tout premiers terrains de jeux de Stéphanie. "Encore aujourd'hui, je suis à l'eau tous les week-ends à Quinéville, dit-elle. Il n'y a rien de plus fort que de se retrouver nez à nez avec un phoque…"
Après ses études, elle anime les classes de mer à Tatihou et participe au montage d'expositions naturalistes. "J'ai pris goût à l'animation de groupe et à la transmission, confie-t-elle. Aussi, en 2003, quand j'ai décidé de prendre la suite de mon père à la Gaec, je suis arrivée avec de nouvelles idées…"
L'huître Tatihou, le meilleur de la mer
Stéphanie propose à son frère de faire évoluer la production : "Nous avons arrêté la vente en gros pour valoriser notre produit en nous concentrant sur la vente au détail." L'huître Tatihou est une huître qu'ils ont appris à améliorer et à affiner, en tirant parti du meilleur de la mer. "L'eau ici est très riche en planctons. Notre huître est dite durcie car elle a passé un peu plus de temps dans la mer. Nous la gardons haut sur l'estran, dans un courant qui lui apporte beaucoup de nourriture." L'huître Tatihou, ronde et charnue, a du caractère. Son goût très iodé reste longtemps en bouche.
Comprendre la nature et ses paramètres, tirer parti des qualités environnementales du lieu : voici ce qui passionne Stéphanie. Elle est aussi la seule ostréicultrice de Saint-Vaast à ouvrir ses ateliers au public, avec des visites sur réservation. La vente à emporter est organisée tous les matins en semaine, ainsi que la livraison chrono-fresh partout en France. "Le contact direct avec nos clients, voici notre priorité, conclut Stéphanie. Vous ne verrez jamais notre huître en grande surface."
Pratique. Gaec La Tatihou, visite sur réservation (8 € avec dégustation). 02 33 54 43 04 - la-tatihou.gaec@wanadoo.fr
L'idée vertueuse !
Les poches à huîtres recyclées
Les poches en plastique servent à contenir les huîtres en mer sur des tables d'élevage. En travaillant, les ostréiculteurs génèrent des déchets sur l'estran. "Un jour, Mathilde Letablier m'a montré comment elle transformait nos poches à huîtres usagées, raconte Stéphanie Lefèvre. J'ai eu un véritable coup de cœur pour sa démarche." Mathilde Letablier a créé la marque Les Pochons et revalorise ces poches en les transformant en sacs et cabas. "Elle fait du beau avec des déchets, commente Stéphanie. Nous aimons notre mer et nous devons en prendre soin."
Les ostréiculteurs mobilisés
Alors, les ostréiculteurs de Saint-Vaast-la-Hougue se sont organisés. Non seulement ils fournissent leurs poches à huîtres usagées à Mathilde, mais ils organisent aussi des ramassages sur le littoral. D'autres partenariats sont nés, comme celui avec l'association Orchis, qui œuvre pour la protection et l'entretien de l'environnement, et le Comité régional de la conchyliculture (CRC). Différents nettoyages du littoral sont proposés. La mobilisation est croissante. "C'est une manière d'aller plus loin dans notre passion, dit Stéphanie. Maintenant, nous participons à notre niveau pour préserver l'environnement."
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