La bataille de chiffres est habituelle. Selon la préfecture de Seine-Maritime, 13 000 personnes ont défilé jeudi 19 janvier à Rouen, 11 000 au Havre, 4 200 à Dieppe, contre la réforme des retraites. La très large intersyndicale, elle, a compté 20 000 manifestants à Rouen et 30 000 au Havre.
Au-delà de cet écart, c'était bien la mobilisation des grands jours en Seine-Maritime pour cette première journée d'action nationale contre le projet de loi du gouvernement, qui entérinerait le recul de l'âge légal de départ à 64 ans. En témoignent la diversité des secteurs représentés dans les cortèges, son caractère intergénérationnel avec de nombreux jeunes (en particulier à Rouen), et la présence de manifestants qui n'avaient pas battu le pavé depuis bien longtemps.
Métro, boulot, caveau pouvait-on lire sur certaines pancartes.
Pour Rodolphe Lamolere, qui travaille à l'hôpital du Rouvray, c'était même une première. "Quand j'ai fait une simulation, je ne me voyais vraiment pas travailler jusqu'à 67 ans. J'ai pris conscience qu'il fallait que je vienne exprimer mon mécontentement avec les autres", indique-t-il, espérant que cet élan puisse payer. "Si dans chaque ville, tout le monde se mobilise, il y a peut-être moyen que ça fasse bouger les choses."
"Si c'est une retraite en fauteuil roulant, ce n'est pas la peine !"
Chacun a dégainé ses slogans dans le cortège rouennais.
Même remarque pour Jean-François Vidal, enseignant, qui n'avait pas manifesté depuis très longtemps. "Je dois être à la retraite dans une petite dizaine d'années, je ne veux pas qu'on m'oblige à travailler plus longtemps. Pour avoir une retraite complète pour moi, ce serait 67 !"
Arnaud Havard, lui, a commencé à travailler jeune et devrait pouvoir partir à la retraite prochainement. Mais son épouse, qui a deux ans de moins, devra travailler plus longtemps, au moins jusqu'à 64 ans. "Je vais devoir l'attendre pendant six ans à la maison ! Si c'est une retraite en fauteuil roulant, ce n'est pas la peine. Je suis contre la proposition de loi."
Une suite au mouvement ?
Des rassemblements étaient aussi prévus à Lillebonne et Fécamp dans l'après-midi, ainsi que des assemblées générales à Rouen et au Havre pour évoquer la suite à donner au mouvement. "Aujourd'hui, c'est un coup de semonce, mais il va falloir aller plus loin, juge Ludovic Desplanches, employé de la plateforme Total de Gonfreville-l'Orcher. Il va falloir unir nos forces avec les cheminots, les dockers, les portuaires et toutes les corporations opposées à ce projet de loi, pour se coordonner sur des dates." Dans le secteur pétrolier, une nouvelle grève de 48 heures est d'ores et déjà annoncée à partir du jeudi 26 janvier. "Mais il ne faut pas que les gens se ruent sur les stations, il y a largement ce qu'il faut !, assure le syndicaliste. Ce n'est pas notre but que les gens n'aient plus d'essence pour manifester."
60 ans, âge maximal autorisé pour la retraite !
Au Havre, plusieurs manifestants interrogés dans le cortège se disent prêts à tenir dans la durée. Une institutrice de maternelle, âgée de 55 ans, se souvient : "En 1995, j'avais fait grève trois semaines. S'il faut lancer une vraie grève reconductible, je suis prête."
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