C'est un fléau. En "gonflant artificiellement le volume de consommation d'un ou plusieurs titres, on accroît la notoriété et la valeur économique d'un projet ou d'un artiste", dénonçait début décembre l'Union des producteurs phonographiques français indépendants.
D'après les indications des plateformes (Deezer, Qobuz, Spotify) et de distributeurs (Universal, Sony, Warner, Believe et Wagram), le Centre national de la musique (CNM) établit qu'en France, en 2021, entre 1 et 3 milliards de streams, "au moins", étaient faux, soit entre 1 % et 3 % du total des écoutes.
"L'imagination des pirates est riche
et évolutive"
Il est "certain que la réalité des faux streams dépasse ce qui est détecté, sans qu'il soit pour autant possible de parvenir à un chiffrage précis, puisqu'ils n'entrent pas dans le champ de la détection", développe le président du CNM, Jean-Philippe Thiellay. L'instance déplore "que des acteurs comme Amazon Music, Apple Music et YouTube n'aient pu ou souhaité partager leurs données suivant le périmètre d'observation défini, malgré toutes les garanties de confidentialité". L'instance définit la manipulation frauduleuse des écoutes en ligne comme "l'augmentation artificielle du nombre d'écoutes ou de vues, par des robots ou personnes physiques, dans le but de générer un revenu, d'améliorer la performance d'un titre dans les palmarès et/ou d'orienter un système de recommandation (playlists, recherche)".
"Fermes à streams (ordinateurs en réseau, ndlr), piratages de comptes, l'imagination des pirates est riche et évolutive", regrette encore le CNM. Tous les domaines sont concernés : hip-hop, pop/rock, classique, chanson française ou musiques d'ambiance. Dans le détail, sur Spotify et Deezer, "la très grande part des streams détectés provient du hip-hop/rap : c'est assez logique puisqu'il s'agit des genres les plus écoutés (plus de 50 % du top 10 000 sur Spotify et 40 % sur Deezer)", relève encore le CNM.
Pour autant, "rapportés au nombre total d'écoutes de titres hip-hop/rap, ces streams frauduleux ne représentent qu'un très faible pourcentage, 0,4 % sur Spotify et 0,7 % sur Deezer". En comparaison, la part des streams détectés "comme frauduleux sur l'ensemble des écoutes d'un genre donné est nettement plus élevée sur les musiques d'ambiance (4,8 % sur Deezer)".
L'instance propose l'élaboration d'une "charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne". Le CNM réalisera aussi une nouvelle étude en 2024.
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