Jean-Numa Ducange, historien à l'université de Rouen, est spécialiste des mouvements sociaux. Il livre son regard sur la contestation qui s'annonce, dès jeudi 19 janvier.
La question des retraites a-t-elle
toujours été sensible ?
Oui, tout à fait. La première loi sur les retraites ouvrières et paysannes en 1910 avait donné lieu à d'intenses débats, déjà sur l'âge de départ. On parlait de 60 ou 65 ans et beaucoup de catégories populaires n'atteignaient pas cet âge. Il est clair que, par la suite, depuis la Seconde Guerre mondiale, la question des retraites mobilise beaucoup. Historiquement, dans le mouvement ouvrier, il y a l'idée que, dans le contexte du capitalisme, les travailleurs donnent beaucoup pour leur entreprise et qu'ils ont droit à une retraite, avec un âge de départ convenable.
Qu'est-ce qui rend ce sujet fédérateur ?
Pour schématiser, vous avez des catégories de la population qui ne sont pas classées à gauche, qui ne se sentent pas concernées d'habitude par les appels à la grève. Là, il y a une possibilité qu'une frange plus importante de la population estime que les revendications syndicales sont légitimes.
Jugez-vous le climat social explosif ?
À mon avis, les retraites pourraient être l'étincelle qui met le feu aux poudres. On a vu des contestations partielles, parfois au niveau local, pas forcément très visibles. Mais elles pourraient le devenir avec cet élément fédérateur. Cela pourrait relancer les gilets jaunes ou des mouvements similaires, qui ne se retrouvent pas directement dans les formes syndicales mais pourraient être d'accord sur certains slogans. Cela commencerait alors à regrouper suffisamment pour éventuellement bloquer des secteurs importants du pays.
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