"La mascotte, c'est comme un gros nounours, résume dans un sourire Roch Bedos, entraîneur du Caen Handball. Aucun club ne peut s'en passer car c'est un acte de communication qui permet de créer un lien, avec son côté affectueux." Chez les Vikings, difficile d'imaginer autre chose qu'un blond barbu aux yeux bleus et casqué pour représenter le club. Comment a été choisie la mascotte, affublée du nom "PataThor", jeu de mots sur l'univers nordique ? "On a regardé ce qui se faisait ailleurs et celle-là nous convenait, on l'a ensuite habillée aux couleurs du club", se remémore Roch Bedos. D'autres ont fait du design de la mascotte une priorité et s'y sont investis énormément. Ollivier Bidon-Maraboeuf, secrétaire générale des hockeyeurs caennais, a passé presque une demi-année à penser la nouvelle mascotte. Exit le léopard tout jaune, place à Léo, un léopard des neiges "pour se rapprocher de l'univers de la glace", justifie le concepteur. Le cahier des charges était bien précis, puisque la mascotte doit pouvoir patiner, manier la crosse, avoir un pelage extrêmement doux…
Félins et Vikings mis à l'honneur
"Ce léopard des neiges est arrivé auprès des Drakkars et a décidé de faire sa tanière dans la patinoire de Caen. Il adore manger les bonnets des enfants et caresser les fourrures des manteaux, puis l'histoire se complétera au fil du temps", détaille Ollivier Bidon-Maraboeuf. Les basketteuses de Mondeville ont également changé leur mascotte il y a peu, preuve de l'importance d'avoir un ambassadeur visuel qui assure le show. Ruby, une lionne rouge, accompagne les joueuses partout, même à Paris pour disputer la finale de la Coupe de France. "Pour que l'identification soit plus forte, elle a même ses propres réseaux", précise Vasuéla Gomis, chargé de l'événementiel à l'USOM. Pour rester dans le monde des félins et du basket, évoquons Dunky, le fameux lion qui soutient le CBC. Pourquoi un lion ? Personne ne le sait vraiment au club, mais puisqu'il est présent depuis de nombreuses années, le public s'est attaché à la mascotte.
Dunky, adroit au shoot !
Au SM Caen, la figure du Viking est elle aussi présente depuis longtemps, mais a été modernisée en 2016. Vik le Viking est d'ailleurs présent sur le logo du club, son apparition coïncidant avec la refonte graphique du club. Très apprécié des supporters, il est utilisé même en dehors des jours de match. Exemple le plus récent lors de l'arrivée du Suédois Anton Salétros. Sur la petite vidéo de présentation, c'est le Nordique qui se cachait sous le costume, le club jouant sur le fait qu'un "Viking peut en cacher un autre".
Eliott Arley, l'ours de la MOS
Eliott assure l'ambiance lors des matchs de l'équipe première et des tournois de jeunes. Il est rare pour une équipe de R1 d'avoir une mascotte, et cela étonne les adversaires.
"J'aime bien faire rire, être au contact des gens", témoigne Eliott Arley, mascotte de la Maladrerie depuis trois ans. La boule au ventre au moment de faire ses débuts, ce garçon "calme et réservé" profite du costume pour "se lâcher". Lors des tournois organisés par le club, il se retrouve rapidement assailli par les demandes des enfants et, comme toutes les mascottes, doit utiliser les gestes pour communiquer. Quand il n'y a pas de match et qu'il doit laisser le costume au placard, "l'ambiance du public lui manque".
Romain Gautier, alias Dunky
Passionné de costumes, il a postulé pour devenir la mascotte du Caen BC. Il entame sa 4e saison et affirme ressentir un manque les week-ends sans match.
Carreleur de profession, Romain Gautier n'a pas forcément d'appétence pour le basket, mais il aime se déguiser et faire le show. Lors de chaque match, il s'assure de saluer chaque spectateur. "L'ambiance dans le Palais me donne parfois des frissons, assure-t-il. Être la mascotte, c'est devenu une drogue pour moi, je ne suis pas près d'arrêter." Pour faire le spectacle, il prépare en amont des petits sketchs avec le speaker ou se promène dans les gradins, s'arrêtant, parfois, pour "faire des petits massages ou s'asseoir entre les gens".
Christophe Tessier, la lionne de l'USOM
Ce bénévole s'apprête à enfiler le costume de Ruby pour la première fois. Il souhaite entraîner avec lui un public mondevillais "prêt à s'enflammer".
Déçu de voir que Ruby n'était plus de sortie ces derniers temps, Christophe Tessier s'est proposé pour enfiler le costume. Ayant déjà pour habitude de lancer des chants lors des matchs, il devrait être à l'aise dans ses nouvelles fonctions. "J'ai déjà prévu quelques trucs pour interagir avec le public, mais je vais y aller au feeling", sourit-il. Après avoir testé la mascotte pour la première fois, il anticipe déjà le point noir : "Il va faire chaud et le costume est lourd, surtout la tête." Du stress avant sa première sortie ? "Pas du tout !"
Des noms derrière les costumes
Ils interagissent avec le public lors de chaque match, sont présents sur les réseaux des clubs, mais pourtant, personne ne les connaît. Derrière chaque mascotte se cache une personne qui, chaque week-end, se transforme en star éphémère, photographiée sous tous les angles. Zoom sur ceux qui assurent le show.
Alexis Marinho, mascotte du Stade Malherbe Caen
Depuis six ans consécutifs et
presque cent matchs il joue Vik le Viking.
Grand supporter du SMC, il côtoie les joueurs au plus près grâce à son costume.
Alexis Marinho, 20 ans, étudie et obtient quelques revenus grâce à des missions d'intérim. Un jour, son téléphone sonne : on lui propose d'être la mascotte du SM Caen lors d'un entraînement délocalisé. Il accepte ni une ni deux, et se retrouve au milieu des joueurs, à leur taper dans la main. "C'était vraiment impressionnant", se rappelle-t-il. On lui demande de recommencer, "pour un Caen - Lyon à guichets fermés en Ligue 1", et depuis, il n'a plus quitté le costume. Plongé dans le monde du sport via ses études, ce garçon "timide", qui devient "un grand enfant dans le costume", se régale à faire des photos avec les jeunes, mais aussi des plus âgés, "qui n'osent parfois pas demander".
Seul bémol, avoir sur le dos un équipement qui pèse près de 15 kg et qui donne chaud. "Je suis trempé au bout de quelques minutes", assure-t-il. Heureusement, lorsque le match démarre, il peut redevenir Alexis Marinho et regarder le jeu aux premières loges. Mais si Malherbe gagne, il renfile le costume et part faire la fête avec les supporters. Une chance pour lui, l'ancien abonné au sein du MNK96. Après six ans de services, des anecdotes, il pourrait en raconter des dizaines. Un exemple ? "En 2018, l'équipe se maintient lors de l'ultime journée. Sous l'euphorie, je vois Enzo Crivelli me foncer dessus, il me fait un croc-en-jambe puis s'en va en courant. Pire qu'un gamin", sourit Vik, ou Alexis.
Guillaume Roque, mascotte du Caen HB
Bénévole et arbitre au sein du club, il s'est proposé pour enfiler le costume. Il est l'interprète officiel de PataThor et a hâte d'investir le nouveau Palais des sports.
Personne n'a pris au sérieux Guillaume Roque quand il a affirmé vouloir devenir la mascotte du club. Depuis l'an passé, c'est bien lui qui anime les matchs des Vikings et propose des petites danses répétées quelques minutes avant avec le speaker. "Sans le costume, je ne le ferais pas, concède-t-il. Je suis de nature introverti et ça me permet d'être quelqu'un d'autre." Guillaume se considère comme "un joueur qui ne touche pas le ballon" et prend un malin plaisir "à donner le sourire aux gens", malgré la chaleur sous le costume.
Avoir une mascotte, un budget important pour les clubs ?
Posséder une mascotte représente un investissement parfois important pour un club, mais il est vite rentabilisé.
Quelle meilleure publicité qu'une mascotte ? Elle s'emmène partout, interagit avec le public, se retrouve sur toutes les photos… Voilà pourquoi les clubs cherchent à avoir un design réussi. Alors, au Caen Handball, on a déboursé environ 1 200 € pour que le résultat soit optimal. Les Drakkars, eux, évoquent une somme comprise entre 2 000 et 6 000 euros pour Léo, leur léopard des neiges au regard bleu acier et glacial. Ça, c'est quand on veut avoir une mascotte faite sur mesure et que l'on fait appel à des sociétés spécialisées. Pour le Caen BC et Dunky, un lion basique, la somme déboursée est moins conséquente, environ 300 €.
Des coûts supplémentaires ?
Une fois le costume acheté, quels coûts viennent s'ajouter pour les clubs ? Sauf au Stade Malherbe, tous les interprètes sous les déguisements sont des bénévoles. Comptez alors un rafraîchissement et un snack, et voilà, vous avez une mascotte qui s'occupe de chauffer la salle ou la patinoire à moindres frais. Le SM Caen, le club calvadosien avec évidemment le plus gros budget, rémunère sa mascotte sur la base horaire du SMIC. D'un point de vue rentabilité, aucun club ne peut se targuer d'avoir trouvé mieux qu'une mascotte pour promouvoir son équipe.
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