“Quand je me suis installée à Canteleu, il y a vingt-quatre ans, je n’étais pas vraiment emballée... Aujourd’hui, jamais je ne quitterai cette ville !” Isabelle Audam, rencontrée dans les Jardins familiaux du Village où elle cultive un lopin de terre, est catégorique. “Nous avons tous les services, nous sommes à dix minutes de Rouen et entourés de forêt. C’est un luxe”. Vivre à Canteleu, un luxe ? L’affirmation en surprendra plus d’un. Mais il suffit de faire un tour de la ville, qui a longtemps souffert comme d’autres cités-dortoirs ayant poussé comme des champignons après-guerre, pour se rendre compte de la métamorphose en cours.
Rénovation urbaine gigantesque des deux cités Rose et Verte, construction de zones pavillonnaires, résurrection de Bapeaume (lire ci-dessous) arrivée d’une chaufferie bois et de panneaux photovoltaïques sur les HLM, amélioration des transports en commun : la commune change de visage.
Casser les ghettos
Arrivé aux commandes de la municipalité en 2001, le maire Christophe Bouillon n’a pas ménagé ses efforts. “A peine élu, j’ai réussi à obtenir que soit lancée à Canteleu une opération de renouvellement urbain”, raconte-t-il. “Il a fallu plaider notre cause. En 2005, nous avons signé notre convention avec l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU), pour une enveloppe totale de 100 millions d’euros. La première version ne comprenait que le centre-ville et la Cité Rose. Nous avons réussi à inclure la Cité Verte”.
Objectif : casser les ghettos, dans une ville en proie à de vives violences urbaines dans les années 1980-1990. Aujourd’hui, la délinquance a chuté et Canteleu dévoile un visage apaisé, même si le chômage et la précarité restent élevés. Championne des HLM, la ville compte 63 % de logements sociaux et 56 % de sa population ne paye pas d’impôts. “Beaucoup touchent les minima sociaux”, concède Christophe Bouillon. “Il y a eu une véritable paupérisation due à la désindustrialisation. La population est très jeune. Nous faisons donc en sorte que les Cantiliens soient les premiers à travailler sur les grands chantiers de renouvellement urbain”.
Pour adoucir son image, la commune de l’ouest rouennais joue aussi sur son côté vert : la proximité de la forêt, une gestion écologique des espaces verts, l’installation de ruches sur la mairie, l’ouverture de deux jardins collectifs, etc. Des détails, peut-être, mais des détails qui se voient.
“Je veux que Canteleu soit une ville comme les autres”, insiste le député-maire socialiste. “Les choses s’améliorent. La demande de logements sur notre ville augmente. En 2004, une agence immobilière a même vu le jour ici, une chose inimaginable peu de temps auparavant. Quand nous avons lancé le projet de lotissement des Chemins de Flaubert, nous avons vu arriver de gros promoteurs immobiliers privés. C’est révélateur, comme le fait que la moitié des nouveaux arrivants ne sont pas originaires de Canteleu”. A force de chercher à devenir une ville comme les autres, Canteleu se distingue. Un beau paradoxe.
Thomas Blachère
Repères
Cités. La Cité Verte, bâtie en 1955, puis la Cité Rose ont vu le jour sur le plateau qui abritait jusqu’alors quelques fermes, un château et un sanatorium, en lisière de forêt.
Transports. En 2012, douze millions d’euros seront investis pour équiper la ville de stations Teor (T3) toutes neuves. La municipalité en profitera pour refaire la voirie.
Fierté. En septembre, lors de la fête de la Saint-Gorgon, un grand personnage déambule. Ses membres, assemblés, représentent les différents quartiers de Canteleu.
Apaiser. La municipalité veut “créer de la cohésion sociale”. Le tissu associatif est particulièrement soutenu. Dans les écoles, des ordinateurs sont à disposition des élèves.
Il fait bon vivre dans la Petite Manchester
Etonnante Bapeaume-lès-Rouen ! L’ancien cœur industriel de Canteleu au temps des usines de textile, lorque lui fut donné son surnom de “Petite Manchester”, était tombé dans l’oubli. Anémié par la désindustrialisation, il se morfondait derrière les hangars du MIN. A tel point que ce quartier historique de Canteleu était appelé “Bapeaume-les-Ruines” par ceux qui y vivaient. Mais depuis plusieurs mois, tout change : des centaines de logements, un square, ou des bâtiments publics, ont vu le jour.
Le renouveau de Canteleu passe aussi par Bapeaume, dans un ouest rouennais en plein essor. “Mon premier acte de maire, en 2001, a été d’acheter le terrain pour réaliser le parc des Moulins, plus un rond-point”, raconte le maire Christophe Bouillon. “Deux actes forts pour montrer aux habitants que ça allait changer, et pour convaincre les promoteurs et les bailleurs sociaux d’investir”. Une salle des fêtes ouvrira en 2013. La “Petite Manchester” revit.
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