Ce sont eux que les patients ont au bout du fil pour un conseil médical non urgent, après avoir téléphoné au 15 ou au 116-117. Les médecins régulateurs libéraux des Samu-Centres 15 de Rouen et du Havre sont en grève, depuis le lundi 2 janvier.
+40 % d'appels
"Au Havre, nous enregistrons 30 à 40 % d'appels supplémentaires, cela devient quasi impossible de réguler en sécurité", dénonce Jean-Luc Duménil, directeur adjoint du Samu et président de l'Association médicale des urgences du Havre (Amuh). Il évoque "une hyperactivité qui n'est pas saine", avec des patients qui patientent de longues minutes avant de pouvoir échanger avec un médecin.
Jean-Luc Duménil
Si la triple épidémie (Covid/grippe/bronchiolite) actuelle a eu un impact, la hausse des appels était déjà tangible avant les virus hivernaux. "Les patients qui n'ont pas de médecins traitants ont bien compris que le 116-117 pouvait leur rendre service, y compris pour des renouvellements d'ordonnance", poursuit le médecin. Sur la zone couverte par le centre du Havre, 50 000 patients n'ont pas de médecin traitant. À cela s'ajoute l'obligation de téléphoner au 15 avant d'accéder aux urgences hospitalières.
"Nous participons à la régulation depuis 1978. Si l'on attire l'attention aujourd'hui, c'est vraiment que l'on est à la limite de ce que l'on peut faire", assure Jean-Luc Duménil, selon qui quinze médecins libéraux sont nécessaires chaque jour pour assurer la permanence téléphonique (y compris la nuit) et l'accueil dans les maisons médicales de garde.
Face aux difficultés actuelles, au Havre, trois médecins régulateurs ont déjà jeté l'éponge.
Des mesures d'incitation
Pour assurer "cette activité de service public", les médecins libéraux volontaires sont contraints de quitter leur cabinet et leurs patients habituels. Parmi la trentaine de médecins havrais, 40 % sont âgés de plus de 60 ans. Pour en convaincre de nouveaux, le président de l'Amuh plaide pour des mesures d'incitation fortes : "On peut jouer sur la défiscalisation de cette activité ou pourquoi pas une majoration de 25 % des honoraires, comme dans les zones déficitaires."
Jean-Luc Duménil
"Un travail de fond est engagé", indique l'Agence régionale de santé
Pour assurer le service pendant la grève, des médecins ont été réquisitionnés par l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie. Elle précise qu'elle a également acté des renforts en assistants de régulation médicale pour tous les Centres 15. Jusqu'au 31 janvier, la rémunération horaire des médecins régulateurs libéraux est accrue pendant la nuit. "Un travail de fond est engagé avec les équipes médicales pour améliorer structurellement les conditions de travail et redonner de l'attractivité à la fonction de régulation, plus que jamais essentielle à la performance de notre système de santé", ajoute l'ARS.
À Rouen, la mise en place d'un Système d'accès aux soins (SAS) similaire à ce qui existe au Havre est lancée, avec des recrutements prévus en 2023 d'opérateurs de soins non programmés et d'assistants de régulation médicale qui renforceront le Samu.
L'ARS rappelle par ailleurs qu'avant de contacter le 15 ou le 116-117, "le premier réflexe pour une demande de soins doit être de contacter son médecin traitant lorsqu'on en dispose".
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