"Aujourd'hui, on peut fièrement dire que l'on vient du Havre, et c'est reconnu", estime Marc Delahaye, citant le tram et les permanentes rénovations qui effacent petit à petit la "ville triste et coupée en deux" qu'a été la cité Océane. Le Normand naît en 1961. Il passe son enfance à la Mare Rouge, passage Jean Goujon. Il garde le souvenir d'une grande ferme cauchoise à proximité. Le quartier se transforme vite. Collégien à René-Descartes, il observe "la construction d'Auchan Mont-Gaillard et la disparition de la campagne en ville au profit d'immeubles". Sa planche de salut, c'est la plage. Pendant l'été, il s'y rend tous les jours. "C'était un vrai rituel. Mes parents avaient une cabane."
"Ma relation à la mer est née
sur la plage du Havre"
Ce souvenir d'enfance est fondateur pour le jeune Havrais. "Ma relation avec la mer est née là. Sans doute aussi d'un grand-père que je n'ai pas connu, qui était maître charpentier de marine au chantier Augustin-Normand", raconte-t-il fièrement.
Son bac en poche en 1979, il part étudier à Rouen. Marc Delahaye veut devenir prof de SVT. "Mais ce n'était pas pour moi", estime-t-il. Ses ambitions, ensuite, dans l'aquaculture, se heurtent à la réalité du marché. Il prend le large. Direction la Côte d'Ivoire, pour son service national. Il effectue une coopération de 18 mois au Centre de recherches océanographiques d'Abidjan. De retour en France fin 1986, il est recruté à Paris par le Fonds d'intervention et d'organisation des marchés de la pêche maritime et des cultures marines (FIOM). "Une époque pionnière d'aide à la modernisation de la profession."
Cherbourg, son nouveau havre
Après un crochet de deux ans par Agde (Hérault) pour offrir un cadre de vie plus favorable à sa famille et diriger sa première criée, il rentre en Normandie. Marc Delahaye y modernise le centre des marées de Cherbourg. "Nous avons été la première criée de France à lancer l'achat à distance", pointe-t-il, permettant de dynamiser les ventes au-delà du Cotentin. Après 25 ans de service, il devient en juin 2018 directeur du Comité régional des pêches maritimes de Normandie (CRPMN), dans le contexte encore récent de la réunification de la Normandie. Un tiers de l'activité est seinomarine, contre les deux tiers pour les voisins de l'autre côté de l'eau. "Il fallait faire attention à ce que ne soit pas une absorption, mais bien une fusion, explique Marc Delahaye, pour développer la 'Normanditude' des pêcheurs de la région." Un premier pari gagné, avant de nombreux autres chantiers.
Les dossiers chauds du Comité régional des pêches de Normandie
Le secteur normand de la pêche génère un chiffre d'affaires annuel de 180 millions d'euros, pour 70 000 tonnes de marchandise.
La région compte 1 800 à 2 200 marins pêcheurs. "La fusion nous a permis de penser par nous-mêmes", explique Marc Delahaye, estimant que les Seinomarins étaient initialement davantage tournés vers les Hauts-de-France et les Bas-Normands vers la Bretagne. Le secteur normand de la pêche génère un chiffre d'affaires annuel de 180 millions d'euros pour 70 000 tonnes de marchandise. La première ressource est la coquille Saint-Jacques (35 %), suivie du bulot (18 %) et de la sole (5 %). Le Comité des pêches, présidé par le Calvadosien Dimitri Rogoff, agit aussi sur de nombreux dossiers. L'éolien en mer d'abord. "On continue à avoir un dialogue exigeant avec les promoteurs des parcs offshore, pour le respect des périodes de pêches pendant les travaux et des mécanismes d'indemnisation. Mais l'impact cumulé des différents sites reste toutefois à évaluer", prévient Marc Delahaye. Il y a aussi le sujet de la chatière du Havre. "L'estuaire de la Seine est la machine à produire de la richesse biologique sur toute la Manche-est." Le Brexit "reste d'une actualité permanente", concernant Jersey et Guernesey et les zones de protections au sud de l'Angleterre. Enjeu d'avenir, enfin : la décarbonation de la pêche. "On travaille à d'autres modes de propulsion. Des expériences probantes sont attendues dès 2030. C'est demain", conclut Marc Delahaye.
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