Dans le nord-Cotentin, 20 % des habitants n'ont pas de voiture, soit ils n'en trouvent pas l'utilité, soit ils n'en ont pas les moyens, soit ils sont engagés dans une volonté de se déplacer autrement. "Une voiture coûte environ 6 000 € par an de pouvoir d'achat pour une famille et avec la hausse du carburant, ça pèse lourd sur le budget", précise le président de l'agglo du Cotentin David Margueritte.
Se déplacer autrement
Les courbes de Cap Cotentin, réseau lancé il y a seize mois et proposant toute une panoplie de transports pour se déplacer, sont en hausse depuis le début de sa mise en route. Une progression "extrêmement forte" est même constatée en février et en mars 2022 au début de la guerre en Ukraine, avec la flambée des carburants et la crise énergétique. "Notre offre correspond à un vrai problème de pouvoir d'achat et à la volonté de se déplacer autrement", ajoute David Margueritte. "Les gens qui veulent s'installer nous demandent d'abord s'il y a un médecin puis nous interrogent aussi sur notre réseau de mobilité." Le facteur "développement durable" entre en jeu aussi quand on ne souhaite pas prendre son véhicule.
"Nous sommes cités en exemple comme un territoire ayant pris le problème à bras-le-corps"
La "révolution" de la mobilité a été prise au deuxième semestre 2020 selon David Margueritte. "Nous étions 11 intercommunalités à l'époque et le fait d'être uni et de parler d'une même voix depuis 2017 - année de création de l'Agglo du Cotentin -, nous avons réussi à construire un réseau unique en France." Cap Cotentin a en effet rencontré son public très vite et la crise énergétique amplifie le succès. Le pari collectif lancé il y a trois ans est plutôt réussi : "Nous étions en retard dans le domaine des déplacements, il y avait peu de liaisons, zéro points de transport à la demande - plus de 500 aujourd'hui -… Nous sommes désormais en avance avec une ligne ferroviaire Cherbourg-Valognes pour 1 €, nous sommes cités en exemple comme un territoire ayant pris le problème à bras-le-corps." Une révolution "très forte en peu de temps". La partie ne fut pas simple au début avec la contestation de chefs d'entreprise par rapport à l'instauration d'une taxe Mobilité.
Aujourd'hui, il n'est pas non plus question de se débarrasser de la voiture, bien au contraire. "Le réseau Cap Cotentin est évolutif et doit s'adapter à toutes les mobilités sans qu'on soit l'ennemi de la voiture. Celle-ci reste une solution de mobilité indispensable pour un grand nombre de nos concitoyens. On ne veut pas la chasser, on veut offrir des alternatives." Offrir une solution à celles et ceux qui ne veulent plus de véhicule ou de deuxième voiture. "Il ne faut pas culpabiliser celui qui a la voiture, il n'y a pas une mobilité qui doit l'emporter sur les autres." En revanche, les élus sont bien décidés à mener un combat contre l'autosolisme, une personne seule dans la voiture : "Il y en a quand même beaucoup." Et sur ce sujet, un long travail est à mener.
L'arrivée du Bus nouvelle génération : que va-t-on y gagner ?
La Ville de Cherbourg-en-Cotentin et l'Agglo du Cotentin s'associent pour moderniser leur réseau de mobilités. Un gros chantier est en cours : le Bus nouvelle génération (BNG).
Un nouveau Cherbourg-en-Cotentin est en train de se dessiner avec le projet de Bus nouvelle génération (BNG). Ce nouveau service proposé à la population entrera en fonction d'ici 2024. Il doit améliorer la circulation de tous en ville, que ce soit en voiture, en bus, à vélo ou à pied… Le BNG prévoit "une meilleure répartition des modes de transport", plus de végétation en ville et plus d'espaces publics agréables. Car pour David Margueritte, président de l'Agglo du Cotentin, "derrière le BNG, il y a de l'aménagement urbain et de la mobilité douce, et une volonté d'avoir un réseau encore fluide" : "Un réseau est efficace si sa vitesse commerciale (temps de transport dans un bus) est efficace." Comprenez : des bus auront leurs voies dédiées du début à la fin et ne connaîtront pas les bouchons !
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BNG : un premier départ dès 5 h 30,
jusqu'à minuit le week-end !
Ce projet bénéficiera à l'ensemble du réseau Cap Cotentin. Pour Arnaud Catherine, vice-président aux mobilités à la communauté d'agglomération, "l'objectif de ce nouveau réseau qui n'avait pas changé depuis plusieurs années est de permettre à tous les usagers d'avoir des bus, sortes de tramways, fiables, à l'heure, avec une fréquence élevée, une grille et une amplitude horaires élargies". Le temps de trajet sera réduit sur l'ensemble du réseau, le premier départ des bus est prévu à 5 h 30 au lieu de 6 h 30 actuellement, avec une fin prévue jusqu'à 22 heures contre 21 heures en semaine, et même minuit le week-end.
Avec aucun retard prévu sur ces lignes BNG. "Cette infrastructure va permettre de s'extraire de la circulation aux heures de pointe, il y aura donc une fiabilité avec des voies dédiées", détaille Arnaud Catherine. Avec le BNG, cinq nouvelles lignes de bus seront créées sur le réseau actuel. Il prévoit de desservir les quartiers Est et Ouest de Cherbourg-en-Cotentin, ainsi que le port et les hauteurs de la ville. La gare sera transformée en pôle d'échanges multimodal et trois stations intermodales seront créées en entrée de ville.
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La tarification est unifiée avec le trajet à 1 € ou la journée à 4 €, ou solidaire avec des tarifs dégressifs et la gratuité proposée en fonction du quotient familial.
Aujourd'hui, le chantier est arrivé à son quatrième mois. "Nous respectons le calendrier prévu et le secteur gare sera livré pour l'automne 2023 alors que c'était programmé pour 2024", ajoute l'élu. L'inauguration de la première station intermodale, à Anjou, quartier Les Provinces, est prévue début 2023. Celle pour le nouveau Quai Alexandre III à l'été 2023. Le lancement officiel du BNG est programmé à 2024.
Des travaux et des tensions
Comme pour tout projet - comme celui-ci "de grande envergure" -, les travaux peuvent perturber la circulation et la vie commerçante (lire par ailleurs) : "Nous entendons les critiques, fait remarquer David Margueritte. Mais on ne peut pas moderniser un territoire sans travaux. Je ne regarde pas dans le rétroviseur et je pense que ces aménagements seront une réussite. Si on est trop dans la critique, il y a toujours le risque de ne rien faire sous la pression de tel ou tel intérêt."
"Nous avons aujourd'hui un réseau de mobilité unique en France"
Le réseau de mobilités mis en place dans le Nord-Cotentin il y a un peu plus d'un an par la communauté d'agglomération rencontre son public.
Arnaud Catherine, vice-président à l'Agglo du Cotentin, suit de très près le réseau de mobilités du Nord-Cotentin et le chantier du Bus nouvelle génération (BNG) de Cherbourg-en-Cotentin.
Quel bilan tirez-vous des mobilités
dans le Nord-Cotentin ?
"Nous étions dans une zone blanche en termes de mobilités dans le Nord-Cotentin il y a encore quelques années. C'était vraiment le désert. Aujourd'hui, nous sommes parvenus à mettre en place dans ce domaine un réseau unique en France, c'est une référence pour notre territoire composé d'une ville, Cherbourg-en-Cotentin, et de zones peu denses. Nous avons une offre adaptée au territoire et nous proposons des solutions autres que la voiture."
Quelles sont les mobilités qui marchent ?
"Les lignes interurbaines de bus fonctionnent très bien, leurs fréquentations ont été multipliées par 2,5 en un an (chiffres d'octobre 2021 à octobre 2022). Et toutes nos autres statistiques augmentent. Le transport à la demande est un succès, tout comme la ligne ferroviaire Cherbourg-Valognes... Nous avons aussi mis en place l'autostop dans le secteur de La Hague, et dès janvier, nous allons lancer un système de covoiturage. L'objectif est d'utiliser tous les moyens de déplacement sans exception. Sans oublier le BNG bien sûr."
Souhaitez-vous lutter contre l'autosolisme, soit le fait d'être seul dans son véhicule ?
"C'est un enjeu majeur pour les années à venir. Chacun doit faire des efforts, il y a beaucoup de conducteurs seuls dans leur véhicule."
Trottinettes : carton plein à Cherbourg-en-Cotentin
Cet été, des trottinettes et vélos électriques ont fait leur apparition partout dans la Ville de Cherbourg-en-Cotentin. Le public est-il au rendez-vous ?
Voilà un dispositif qui rencontre réel succès auprès des habitants de Cherbourg-en-Cotentin. Les 500 trottinettes et 250 vélos électriques mis à disposition depuis cet été en libre-service partout dans la commune nouvelle semblent avoir trouvé leur public, selon Arnaud Catherine, adjoint aux mobilités.
Cette expérimentation de la Ville, d'une durée d'un an, avait été mise en place pour compenser la gêne occasionnée par le chantier du Bus nouvelle génération (lire notre article page 5). Cet été, 50 000 trajets avaient pu être effectués par 8 000 utilisateurs différents. Il y avait donc une demande réelle. Quelques incivilités ont toutefois été enregistrées. "Nous sommes en train de statuer sur la pérennité de ce service, il y a vraiment un public attaché avec ce nouveau moyen de transport", précise fin décembre Arnaud Catherine.
Pour profiter de ce service qui existe déjà à Bordeaux en Gironde et à Dieppe en Seine-Maritime, il suffit de télécharger l'application Bird sur smartphone. Un QR Code sur le véhicule permet d'activer ce dernier. Vous pourrez ensuite circuler, le paiement étant automatique sur l'application, le pilote du deux-roues ayant au préalable inscrit son numéro de carte bancaire ou associé un service de paiement en ligne. Côté tarifs, il faut compter 1 € le déblocage du véhicule puis 14 centimes la minute. Quand le trajet se termine, le client doit garer sa trottinette ou son vélo dans l'une des 155 aires de stationnement matérialisées par des traçages au sol.
Bus nouvelle génération : des astuces pour éviter les travaux
La Ville de Cherbourg-en-Cotentin a dû faire face à plusieurs plaintes par rapport aux travaux du Bus nouvelle génération (BNG). Mais des habitudes ont été prises.
Circulation difficile au début
Les élus avaient le choix entre des travaux réalisés sur une période longue de trois à quatre ans, ou un chantier de 18 à 24 mois : "Nous avons opté pour la deuxième solution", précise Arnaud Catherine. Avec la difficulté d'avoir des travaux partout en même temps, mais c'est un "choix" pour que le projet puisse voir le jour plus vite. "Le début du chantier a été pénible, il y a eu des plaintes de commerçants sauf que nous n'avons reçu qu'à fin décembre deux dossiers de demande d'indemnisation."
Des habitudes prises
Malgré tout, des habitudes ont été prises et ont amélioré la circulation au fur et à mesure. "Nous avons constaté une augmentation des cyclistes", note Arnaud Catherine. Dans le projet, l'aménagement de 4,3 km de voies cyclables est prévu dans le centre-ville, soit un total de 15 km. "D'ici à 2026, nous allons changer le visage de la Ville."
Une application lancée
Le vélo et la trottinette électriques luttent contre la circulation difficile dans le centre-ville de Cherbourg. En janvier, l'application Klaxit sera aussi lancée par la Ville, il s'agit d'un service de covoiturage domicile - travail. Si le covoituré ne va payer qu'un euro, le conducteur va se voir proposer un tarif plus avantageux. Une réflexion est aussi lancée pour la mise à disposition de voitures. Enfin, différents points sur l'avancée des travaux sont réalisés régulièrement.
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