Près de six millions de sapins naturels sont vendus chaque année en France. Avant d'arriver chez vous pour décorer joliment votre salon, le conifère a déjà bien vécu. "Il faut attendre entre cinq et sept ans pour qu'un épicéa soit commercialisé et entre sept et dix ans pour un nordmann, explique Christian Lair, patron de la Ferme des Ifs, dans l'agglomération caennaise. C'est un travail de longue haleine." La priorité est d'avoir suffisamment d'offres pour les fêtes de fin d'année.
Entre 5 et 10 ans de travail
Les ventes de sapins débutent un mois avant Noël. Mais, "en janvier, on commence déjà à travailler pour le Noël suivant. On débute la plantation au printemps. L'été, on fait l'entretien de l'herbe et là, en ce moment, on coupe et on prépare", raconte Nicolas Jamet, co-gérant de la pépinière d'Évrecy, qui vend entre 7 000 et 8 000 sapins chaque année, ce qui représente environ 50 % de son chiffre d'affaires annuel. Sur son exploitation de 14 hectares, deux essences se partagent l'espace : l'épicéa et le nordmann, plus apprécié pour sa douceur et la durée de ses épines.
"On travaille avec du vivant"
À la Ferme des Ifs, 4 hectares de sapins sont cultivés pour les fêtes de fin d'année.
Avec ses salariés, ils s'occupent de toute la maturation de A à Z. "On part de la graine. Ensuite, il y a deux ans de semis. Les quatre premières années, ce sont des bébés sapins, ils ne font que 15 cm de haut", précise le professionnel. Certains atteignent jusqu'à dix mètres de haut. À une vingtaine de kilomètres de là, sur la plaine de Caen, Christian Lair plante une variété de sapin alternative sur sa parcelle de 4 hectares. Le pungens est "un arbre bleuté qui est plus odorant que l'épicéa". Cela fait plus de trente ans que l'entreprise familiale plante des sapins et laisse la nature parler pour les voir grandir. "On travaille avec du vivant. Le plus contraignant, ce sont les mauvaises herbes. Elles ont tendance à envahir les sapins quand ils sont petits. La deuxième difficulté, c'est l'attaque du gibier", ajoute Christian Lair, confronté à 35 % de pertes lors des années les plus catastrophiques. S'ils ne sont plus nombreux à en produire, les deux professionnels s'accordent pour dire que la Normandie est une terre propice à la culture de sapins, hors étés de canicule. "Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Le climat tempéré convient au sapin." De là à trouver le sapin parfait ? "Il n'y en a pas vraiment, sourit Nicolas Jamet. Pour moi, un sapin parfait a des épines partout, il est bien équilibré et bien étagé avec une belle couleur verte !" Joyeux Noël à tous !
Le parcours du sapin : de sa récolte à sa replantation
De sa récolte à sa replantation, découvrez en images le parcours de votre sapin de noël, star des fêtes de fin d'année.
Après avoir été cultivé puis décoré dans le salon, le sapin peut être replanté après les fêtes.
Après les fêtes, que devient-il ?
Après les fêtes de Noël, certains s'aventurent à replanter leur sapin, à condition qu'il ait encore des racines.
En bois, en carton, en feutrine, en plastique, le sapin se décline sous toutes ses formes. Le vrai, avec ses épines et son odeur, reste tout de même le roi dans les salons. Une fois les fêtes passées, il est l'heure de le déshabiller, de lui ôter ses guirlandes lumineuses et de s'en séparer.
Replanter son sapin
Certains optent pour le dépôt en point de collecte, d'autres s'aventurent à le replanter dans leur jardin, à une condition : que le sapin acheté ait des racines. C'est de plus en plus rare à trouver dans le commerce. "Il est impossible de replanter un sapin coupé. Sans racine, l'arbre ne peut pas reprendre", alerte Christian Lair, pépiniériste à la Ferme des Ifs. Ces sapins peuvent, comme c'est le cas à la communauté urbaine de Caen La Mer, être collectés puis broyés. Chaque année, la Ville de Caen collecte en moyenne 6 000 sapins qui seront transformés en paillage pour les massifs de fleurs de la collectivité. Alexandre Frandemiche, très sensibilisé au circuit court, replante ses sapins dans son jardin depuis 2014. "J'essaie de l'acheter le plus tard possible, quinze jours avant le réveillon, pour éviter le choc thermique. Moins le sapin est dans la maison, plus il a de chances de faire succès à la replantation." Sur huit sapins replantés, deux ont survécu. "Il faut aussi le replanter rapidement après les fêtes", poursuit-il, sans pour autant se vanter d'avoir la main verte. Aurélien Régné, spécialiste en la matière, donne quelques conseils. "Un sapin qui a passé du temps dans une pièce chaude subit un traumatisme. Il faut l'arroser, le maintenir humide, explique le responsable des espaces verts à Caen La Mer. La terre doit coller pour créer une sorte de cataplasme autour des racines." Prévoyez un trou suffisamment grand pour le replanter, ajoutez-y du terreau et "évitez de le placer trop à l'ombre. Un sapin a besoin de lumière pour se développer", poursuit-il. Réfléchir à son emplacement est primordial, surtout lorsque l'espérance de vie d'un sapin est estimée entre 30 et 40 ans. "Il ne faut pas placer le sapin trop près de la maison, cela peut verdir le mur." Privilégiez plutôt un endroit isolé sur la pelouse, loin des jeunes plantations.
De son côté, Bérangère Trichet conserve son sapin dans un pot depuis trois ans, faute d'un jardin suffisant. Cette année, elle va pouvoir le replanter. "On choisit un sapin au départ et on le voit évoluer au fil des saisons. Il pousse, il grandit, il change de couleur, c'est joli !" Et pour le porte-monnaie ? "À l'achat, c'est plus cher qu'un sapin coupé, mais en deux Noëls, c'est rentabilisé !" Alexandre Franchemiche voit aussi d'autres avantages à replanter son sapin. "C'est un arbre qui garde de la couleur en hiver. Il permet aussi de créer un mur végétal pour se protéger du vis-à-vis", conclut-il.
Les revendeurs de sapins en font un business
Le sapin est la star de Noël. Pour les revendeurs de sapin, cette période de fin d'année a beaucoup d'avantages, notamment économiques. Explications.
Des sapins de Normandie
et de Bretagne
Vous pouvez acheter votre sapin en pépinière, sur internet, mais aussi dans les grandes surfaces, chez des fleuristes ou encore dans les jardineries. C'est le cas par exemple du magasin Botanic à Louvigny, près de Caen. La jardinerie ne cultive pas les sapins, elle assure simplement la revente. "Ces sapins viennent de Normandie et de Bretagne", confie Baptiste Ranette, salarié de la pépinière. Les sapins normands sont acheminés depuis Alençon et de l'exploitation des Sapins du Bocage à Vassy, dans le Calvados.
Grossistes, fleuristes...
Avec la revente de sapin, le magasin y voit aussi un intérêt commercial. Pour chaque sapin rapporté après les fêtes, un bon d'achat de 10 € est offert au client. Sur les 7 000 sapins vendus par an à la pépinière d'Évrecy, la majorité est destinée aux particuliers et le reste aux collectivités, associations, grossistes et fleuristes. À ses débuts il y a 35 ans, la Ferme des Ifs revendait aussi à des grossistes. Désormais, elle se concentre sur la vente au détail pour les particuliers. "On préfère faire moins de quantité et avoir une relation directe avec le consommateur", confie Christian Lair, pépiniériste à la Ferme des Ifs.
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