"Esteban, tu peux mettre plus de lumière blanche ?", demande Rogerio Gonçalves, avec son accent espagnol. Le technicien lumière s'exécute. Les demandes du jongleur sont nombreuses durant ses répétitions. Une fois que la lumière est réglée comme il le désire, il s'attaque au son, puis joue son tour en entier. Attention, il n'est pas bien calé sur le rythme et Anthony Roca tique. Lui, c'est Monsieur Loyal, présentateur des deux heures de spectacle le jour J, mais aussi celui qui doit s'assurer en amont que toute la préparation soit optimale, que la fluidité des numéros soit parfaite. Pendant les quelques moments de répit, il lit ses notes, répète son texte. Tout doit être prêt pour dans deux jours, même "les répliques à donner au clown", explique-t-il. Avant, le Monsieur Loyal, le coordinateur général, c'était Karl Borsberg, créateur du cirque éponyme. Depuis l'an passé, il a décidé de passer la main, ayant déjà assez de boulot comme ça pour organiser son spectacle de Noël.
Boomerang, moquette et famille
Pour la troisième fois, il a planté son chapiteau sur le parking du Parc des expositions de Caen. Et comme toutes les autres années, c'est sa famille qui vient l'aider à tout mettre en place. C'est lui qui, par sa passion, a emmené ses parents avec lui dans le monde circassien, tout l'inverse des traditionnelles familles implantées depuis des années. Quand sa tante accroche les boules aux sapins de Noël, son père s'occupe de clouer la moquette. Et Rogerio Gonçalves est lui toujours en train de répéter, faisant tourner son boomerang sur un cure-dent coincé entre ses lèvres, glissant toujours d'autres directives aux techniciens perchés là-haut.
Une fois que tout est bien calé, il cède sa place à Marion et Jonathan, qui répètent leur numéro de main à main. Le tout sous les yeux de Luciano le clown, conquis par cette "ambiance familiale" au cirque Karl Borsberg. Les répétitions vont se poursuivre le lendemain, afin que tout soit prêt deux jours plus tard. "Certains artistes ne sont même pas encore arrivés, glisse Karl Borsberg, pas inquiet du tout. On a l'habitude de se préparer rapidement." Son rôle à lui, outre le fait d'être le grand artisan de tout le spectacle, sera d'être à la billetterie. "Les gens doivent être bien accueillis dès le départ", souligne-t-il. S'il reconnaît que ses "nuits sont compliquées en ce moment", notamment car "la mise de départ est importante" pour son spectacle, il remarque que l'engouement chez les spectateurs "est vraiment présent". De quoi espérer dépasser le record de 10 000 entrées l'an passé ?
Gérard Legoupil, l'oncle de Karl Borsberg
Depuis sa retraite, il aide son filleul à la billetterie et gère les réservations. Il s'émerveille devant chaque spectacle, même s'ils ne les voient pas vraiment !
"Il fallait quelqu'un de confiance à la caisse", assure Gérard Legoupil, oncle de Karl Borsberg. Ancien cadre dans l'arboriculture, il donne un coup de main à son neveu depuis sa retraite, il y a douze ans. Son rôle est d'accueillir les spectateurs à la billetterie, "toujours avec le sourire". Son plus grand plaisir : "voir les gamins ressortir avec la banane". Mais de fait, il ne peut quasiment pas assister aux représentations, même si ce grand amateur du monde circassien se débrouille toujours pour jeter un œil aux différents spectacles.
Anthony Roca, Monsieur Loyal
Présentateur, il doit également avoir un œil sur la scène, le public ou les coulisses.Depuis l'an passé, il a pris la place de Karl Borsberg dans ce rôle prépondérant.
Originaire de Nantes, il a développé au fil des années une véritable passion pour le cirque. Durant les deux heures de la représentation, c'est lui qui donne le ton et assure l'introduction des artistes, "en leur faisant plaisir, sans oublier de préciser s'ils ont été primés", sourit-il. Mais son rôle ne se résume pas seulement à cela. "Je dois vérifier que tout se passe bien au niveau de la lumière, du matériel, des artistes, qu'il n'y ait pas de problèmes dans le public…, énumère Anthony Roca. Le Monsieur Loyal est un véritable coordinateur."
Cheyenne Folco, trapéziste et danseuse
Elle se produit pour la seconde fois au cirque Karl Borsberg. Amatrice de sensation, elle n'a pas peur du vide et aime prendre de la hauteur.
"Il faut être un peu fou dans la vie !", s'amuse Cheyenne Falco. Cette Italienne possédant des origines françaises était déjà passée par le cirque Karl Borsberg, en 2017. Trapéziste, elle se produit à huit mètres de haut, là où elle se sent "à l'aise pour faire le plein d'adrénaline". Pour son numéro "un peu traître", elle sera attachée. Issue d'une famille baignée dans le cirque, elle propose également un spectacle de danse avec son père. De la boleadoras, une danse folklorique argentine, rythmique et spectaculaire.
Ils font le cirque Karl Borsberg
Qu'ils soient sous les feux des projecteurs ou dans les coulisses à s'activer, tous vont cohabiter pendant plus d'un mois. Dans une ambiance festive, les artistes, techniciens ou bénévoles issus de la famille de Karl Borsberg n'ont qu'un seul objectif : s'assurer que petits et grands passent le meilleur moment possible pendant deux heures.
Lucien Beautour,
alias Luciano le clown
Depuis le tout début,
il est le clown historique du cirque.
Issu d'une grande famille de circassiens,
il ne se lasse pas des rires du public.
Acrobate, équilibriste, trapéziste… Lucien Beautour en a joué des numéros au cirque, avant de "faire le clown, en vieillissant", concède-t-il, assis dans les tribunes. Ayant travaillé pour certains grands noms du cirque, même s'il refuse de trop s'épancher sur le sujet, il est présent presque depuis le début et a noué une véritable amitié avec Karl Borsberg. Mais il ne joue jamais le même numéro, "pour que les gens ne voient pas la même chose". Il propose trois entrées comiques, d'une poignée de minutes chacune, qui permettent de passer le temps pendant qu'on place le matériel pour le show suivant. "Un vrai casse-tête", assure celui qui ne savait pas deux jours avant le début des représentations ce qu'il allait faire sur scène. "Des gags, il y en a des milliers, mais même si ça à l'air facile, c'est en vérité difficile de faire rire", assure Lucien ou Luciano, au choix.
"Faire le clown, c'est une façon de rester jeune, même si mon corps me rappelle que je vieillis", s'amuse-t-il. Son clown est rempli de malice, ne sombre jamais dans l'obscénité et provoque le rire avec finesse, selon ses dires. À chaque spectacle, il assure que les spectateurs sont méfiants par rapport à lui et son âge avancé, mais une fois ses petits sketchs terminés, il se noie dans "les bisous des enfants, les compliments, les photos et même les dessins de ceux qui reviennent". Assurément, ce qui le motive à ne pas ranger son nez rouge au placard.
Esteban Sabatier, technicien lumière
Cet intermittent du spectacle éclaire le cirque pour la deuxième année de suite. La scène à 360° est un véritable défi technique, mais cela lui permet de se faire plaisir.
Esteban Sabatier est en charge de mettre en lumière les artistes. Avec la quarantaine de projecteurs à sa disposition, "du vrai bon matériel", il gère tout l'éclairage du cirque, de la scène au public. "Certains artistes sont très pointilleux et exigeants, d'autres n'ont pas de demandes particulières", explique-t-il. Esteban Sabatier peut alors laisser libre cours à son imagination et apporter sa note personnelle. Le plus gros de son travail est réalisé lors des répétitions, même s'il doit toujours être vigilant quand les représentations ont lieu.
Un spectacle pensé des mois à l'avance, avec des numéros originaux et rares
Un spectacle pensé des mois à l'avance, avec des numéros originaux et rares
Cette année, le thème du spectacle, qui se déroulera jusqu'au 8 janvier, sera le rêve. "Travailler dans le cirque, c'était mon rêve de gamin", justifie Karl Borsberg, créateur de ce rendez-vous désormais annuel. Durant la cinquantaine de représentations, les spectateurs pourront observer des numéros ravissant les petits comme les grands. "Je pense à mon spectacle au moins un an avant qu'il ait lieu, affirme le gérant. Certains artistes doivent être bloqués même deux ans à l'avance tant ils sont demandés." Ils viennent des quatre coins de l'Europe, même si "certains sont Normands" !
Le cirque pour tous
Proposer un spectacle durant la période des fêtes est devenu, pour Karl Borsberg, une tradition qui lui tient à cœur, car cela lui permet, en collaboration avec différentes associations, de faire venir des enfants défavorisés. L'occasion de les remplir, au moins pendant deux heures, d'un peu de bonheur avec différents numéros : magie, clown, danse, jonglage, numéro d'équilibriste… Tous les grands classiques circassiens vont y passer. Il sera même possible de retrouver des animaux originaux, "qu'on n'imagine pas forcément être dressés", dixit Karl Borsberg… On ne vous en dit pas plus, à vous de les découvrir !
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