Le mouvement initié par le collectif "Médecins pour demain" semble faire consensus parmi les praticiens. La grève de ces jeudi 1er et vendredi 2 décembre est largement soutenue par les organisations syndicales, de l'Union française pour une médecine libre à la Fédération des médecins de France en passant par le conseil national de l'ordre des médecins. Pour la première fois depuis 2015, un très large front syndical appelle à la grève pour faire pression sur l'exécutif. Les professionnels ont ainsi appelé à fermer les cabinets durant ces deux jours, pour alerter sur la surcharge de travail alors que les épidémies saisonnières frappent l'Hexagone ces dernières semaines, grippe, bronchiolite et désormais la Covid-19 qui connaît un rebond dernièrement.
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Au cœur des revendications, la revalorisation des tarifs conventionnés des consultations de base de toutes les spécialités, et en particulier les généralistes, de 25 à 50 euros afin de s'aligner sur le coût moyen des consultations en Europe et l'indexer sur l'inflation.
Pour Marianne Lainé, médecin généraliste à Rouen et vice-présidente de l'ordre des médecins de Seine-Maritime, la hausse des tarifs est "fondamentale", mais il s'agit surtout d'alerter sur l'organisation des soins et en particulier la régulation médicale, qu'elle pratique elle-même pour le Samu. Ce système permet aux urgences hospitalières de réorienter une partie des patients vers la médecine de ville lorsqu'il n'y a pas de caractère urgent. "Actuellement, on est à peu près à 30 appels par heure et par médecin… Maintenant, nous sommes deux à réguler en même temps, c'est épouvantable, cela nous expose à un grand stress", explique la professionnelle. Selon elle, les généralistes travaillent en moyenne 52 heures par semaine.
"Lorsqu'on régule au Samu, on s'aperçoit que des patients ont vu un médecin dans la journée et aussi la veille, et il y a un tel besoin d'immédiateté de réponse qui est inadapté à une prise en charge soignante", explique Marianne Lainé. Une charge de travail qui pèse sur la profession et notamment les jeunes praticiens. Un projet de loi adopté en première lecture au Sénat propose aux élèves de quatrième année d'internat de médecine de faire leurs stages dans des zones de déserts médicaux. Les professionnels y voient un début d'entrave à la liberté d'installation des médecins. Pour Marianne Lainé, il faut rendre ces territoires plus attractifs. "Sur le territoire, on ne peut plus du tout avoir un praticien par village, nous ne sommes plus assez nombreux… Les jeunes ne partiront pas tout seuls dans un cabinet, mais en exercice partagé avec d'autres confrères, oui", explique Marianne Lainé. La praticienne a décidé de faire grève ce jeudi 1er décembre, mais son cabinet reste ouvert avec un service de garde pour "les motifs urgent de la journée".
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