L’aéroport de Rouen - Vallée de Seine revient sur terre

La question mérite d’être une nouvelle fois posée, à l’heure où Haute et Basse-Normandie affichent clairement leur ambition de voir le tarmac de Deauville devenir l’aéroport de toute la grande région. Pourtant, malgré les apparences, l’aéroport Rouen - Vallée de Seine est loin d’être inactif. “Il a une activité aéronautique assez importante pour un aéroport de région ; 80 avions sont basés ici”, rappelle Jérôme Arnaud (photo), responsable de la structure de Boos pour la société SNC-Lavalin, spécialisée dans les petits aéroports régionaux et gérant celui de Rouen depuis 2010.

Charters, jets d’affaires
Tous les samedis, le vol charter à destination de Figari (Corse), proposé depuis vingt ans, redonne un peu de vie aux lieux. Depuis le printemps, ces liaisons effectuées dans des avions de 95 places affichent 80 % de taux de remplissage. Preuve que la demande existe. A la rentrée, sur le même modèle, des charters relieront Malaga, en Espagne, ou Dubrovnik, en Croatie. “Mais nous souffrons aussi de la concurrence de Deauville, où les gros tours opérateurs préfèrent centraliser leurs offres régionales”, confie Jérôme Arnaud. Et puis la piste trop courte de Rouen (1 700 mètres), source de discorde depuis des années, empêche l’accueil de plus gros avions.

L’aéroport Rouen - Vallée de Seine, qui emploie douze personnes, avance donc sans prendre de risque, prônant réalisme et rigueur. Il faut dire que les collectivités n’ont plus envie d’injecter de l’argent dans une plateforme “structurellement déficitaire”. Aujourd’hui, la Crea n’a pour ambition  qu’une “gestion rigoureuse d’un aéroport régional”, comme l’affirme son vice-président Frédéric Sanchez, à la tête du Syndicat mixte de gestion. Le retour d’une ligne régulière ? Le sujet ne semble pas à l’ordre du jour, même si des discussions avec des compagnies aériennes existent. “En revanche, nous voulons faire de Rouen une base arrière d’activités de maintenance”, précise Frédéric Sanchez, conscient de la puissance des aéroports parisiens et du projet deauvillais, écrasant la petite piste rouennaise.

Autre potentiel à développer : les vols d’affaires. En 2010, sur les 5 000 passagers rencensés à Boos, un millier ont pris ces “jets privés, avions-taxis pour grands patrons et décideurs, souvent mobilisés à la demande. Il y a une vraie carte à jouer sur ce type de vols”, juge Jérôme Arnaud. Si seulement trois grosses entreprises rouennaises disposent de leur propre avion, “beaucoup d’entreprises peuvent être intéressées”. Début août, un courtier spécialisé dans ces transports va s’installer dans le hall de l’aéroport. Il aura la tâche de faire le tour du tissu économique local et de vanter les charmes des avions d’affaires, dont l’heure de vol est facturée 1 000 € minimum. Reste à convaincre les patrons.

Thomas Blachère

Rouen - Vallée de Seine en mode loisirs

Si l’aéroport garde un peu de vitalité, il le doit aussi aux activités de loisirs et diverses qu’il abrite. Petit tour d’horizon.
L’aéro-club. Fondé en 1911, l’Aéro-club de Rouen Normandie est très actif, disposant même d’un atelier de maintenance. Informations, tél. 02 35 79 18 26.
Location d’hélicoptère. Héli Evénements organise baptèmes de l’air, vols touristiques, d’entreprises ou photos. Informations www.helievenements.com
Planeurs. Boos a son GRAL... comprenez Groupement rouennais d’aviation légère, un club de planeurs proposant des vols à bord de ces avions sans moteur. Infos. 02 35 80 21 30.
Restaurants. Le hall de l’aéroport héberge un restaurant et un snack, repris depuis peu par la SNC-Lavalin, qui va tenter de développer leur activité.

. Repères .

Chiffres En 2010, l’aéroport Rouen-Vallée de Seine a accueilli 4 700 passagers commerciaux, contre 28 500 en 2009, quand la ligne Rouen-Lyon fonctionnait encore.

1991 C’est l’année d’inauguration de l’aéroport, géré depuis 2004 par un syndicat mixte réunissant la CCI de Rouen et la Crea. En 2010, sa gestion a été confiée à la SNC-Lavalin.

Vols d’organes On le sait moins, mais la piste rouennaise sert aussi aux vols sanitaires du CHU Charles-Nicolle, principalement des transports d’organes.

Foncier Avec la Chambre de commercie et d’industrie, la Crea veut valoriser le foncier de l’aéroport, soit 40 ha de terrain appelés à devenir une zone d’activité de premier ordre.