Ce jour-là, il a cru halluciner : "Voir la photo de mon visage en grand, placardée sur la Tour Eiffel, je n'y croyais pas." C'était en 2019, un an tout juste après la création de son atelier de réparation d'électroménager à Cherbourg, Livermore. Le Valognais pur beurre, aujourd'hui jeune marié, se voyait décerner le premier prix des pros de l'artisanat. Une consécration pour ce tout jeune chef d'entreprise en même temps qu'une reconnaissance de sa belle idée très écocitoyenne : comment redonner vie à des matériels usagers pour prolonger leur existence en dépit d'une obsolescence programmée ?
Le chemin parcouru entre ce moment et sa prime jeunesse fut un long parcours, pas toujours facile. Au gamin qui viendrait aujourd'hui à pousser la porte de son atelier pour lui demander conseil, Damien Cottebrune, 31 ans, lui dirait qu'il faut croire en ses rêves et tout faire pour les réaliser. C'est l'expérience qui parle : "Je lui dirais : accroche-toi, ne renonce jamais : même si la vie peut être difficile, il ne faut jamais baisser les bras. Tout est possible avec le travail et la passion."
Le travail et la passion mélangés ont fait de lui un chef d'entreprise pas tout à fait comme les autres, créant son atelier de réparation en 2018 et répondant en cela à un vrai besoin du consommateur usager. 91 % des appareils défectueux qui lui sont confiés sont remis en route. De cette obsolescence programmée qu'il combat, il pourrait en parler des heures et des heures. "C'est de la responsabilité de tous, pas seulement du fabricant, mais aussi du consommateur. On s'est mis dans la panade à force de vouloir acheter tout et n'importe quoi, y compris des matériels dont on n'avait pas besoin !"
"Voir ce que les appareils
ont dans le ventre !"
Sa "maman-courage" lui a en a beaucoup donné, du courage. "À la maison, nous n'avions pas d'argent. Pour m'offrir la chaîne hi-fi que je voyais chez mes copains, j'allais dans les déchèteries récupérer des pièces pour m'en fabriquer." L'histoire a démarré comme cela. " J'ai toujours aimé regarder ce que les appareils ménagers ont dans le ventre. Comprendre ce qui les faisait fonctionner ou pas. Je me suis toujours plus intéressé aux appareils en panne qu'aux autres en état de marche."
Livermore est née sur cette niche, implantée d'abord en centre-ville de Cherbourg et désormais dans un local de Tourlaville. "Mon regret a été de devoir quitter le centre-ville, mais je n'ai pas eu le choix pour répondre à la demande de plus en plus grande des clients." Et en quatre ans d'existence, l'atelier du jeune Damien a fait des miracles. À ce jour, plus de 7 000 appareils sont passés entre ses mains et ont été réparés.
Du lave-linge à la machine à coudre en passant par le micro-ondes ou le lave-vaisselle, le réparateur a réponse à peu près tout, va même jusqu'à fabriquer, quand c'est nécessaire, des pièces détachées ou des accessoires pour réparer les machines qui lui sont confiées. "Je suis comme un médecin urgentiste de l'électroménager."
Le médecin barbu ne roule pas sur l'or, il réussit à se dégager un salaire d'à peine 1 300 euros par mois, mais se réveille chaque matin en ayant la passion du métier qu'il s'est choisi. "Le jour où je n'aurai plus de plaisir à ce que je fais, je m'arrêterai."
Chez Damien, l'obsolescence n'est pas programmée.
L'atelier des robots
L'atelier des robots
Un inventaire à la Prévert
Une dizaine d'appareils
dépannés chaque jour
On dirait un inventaire à la Prévert. Chez Livermore, passent toutes sortes d'appareils, petits, moyens et parfois très gros. Damien se penche sur tout ce qui lui est confié : machines à coudre, robots mixeurs, micro-ondes, machines à laver, lave-vaisselle, sèche-linge, petits appareils électroniques, centrales vapeur, etc. Il a fait le compte : à ce jour, 7 023 appareils ont été dépannés dans son atelier depuis sa création en 2018, soit une moyenne de 10 à 15 appareils dépannés chaque jour. Taux de réussite : 91 % !
40 000 € pour démarrer
Un accompagnement par
une banque coopérative
Pour se lancer, Damien Cottebrune a dû emprunter de l'argent. Il a sollicité un crédit de l'ordre de 40 000 € auprès de plusieurs banques qui ne l'ont pas suivi, pour se tourner finalement vers une banque coopérative. Le financement de son entreprise entre dans sa démarche : spécialisée dans ce genre de soutien, la NEF, qui se présente comme une banque "éthique et solidaire", finance exclusivement des "projets à impacts positifs".
Les bons plans
Militant du circuit court,
même pour se détendre en ville
Manchois pur beurre, Damien Cottebrune, jeune marié, s'est installé à Cherbourg pour y créer sa petite entreprise. Où aime-t-il flâner quand il délaisse un petit peu ses robots ménagers ? Voici ses bons tuyaux et ses bons plans, les adresses sympas qu'il recommande en ville : boire un verre au Carabot dont il adore l'ambiance qui y règne après dîner ou aller manger un morceau au Club Dinette, bar restaurant bio. Damien est militant du "circuit court", y compris quand il faut se détendre en ville !
Grosses Têtes
Un réparateur branché,
féru de radio
Sa radio est branchée à longueur de temps dans l'atelier. "C'est un média qui ne triche pas. Contrairement à d'autres sources d'information, la radio est fiable et directe." L'après-midi, quand il n'écoute pas Tendance Ouest, il avoue avoir l'oreille collée au transistor pour écouter de temps en temps l'émission des Grosses Têtes : "J'adore leur humour corrosif !" Damien, s'il devait se reconvertir un jour, aimerait pouvoir animer une émission de radio sur les conseils et bons plans de dépannage d'électroménager.
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