Construit sur une ancienne casemate allemande de la Seconde Guerre mondiale, le sémaphore de la Hève se dresse fièrement sur les falaises. À gauche, s'étale la ville du Havre, sa plage, son terminal croisières et les portiques du port au loin. En face, la silhouette du CHU de Caen sur l'horizon. Et partout ailleurs, l'immensité de la mer. Cette vision poétique contraste avec le son de la radio qui crache ses messages inaudibles pour une oreille non entraînée. Les hommes et femmes qui peuplent les lieux, eux, n'en ratent pas un mot. C'est le cas du Premier-Maître Christophe, adjoint au chef de poste. Le Dieppois de 47 ans est en poste depuis un an à Sainte-Adresse.
"Nous sommes des guetteurs, on observe tout"
La mission principale du site est la surveillance. "Nous consignons toutes les informations des navires qui entrent et sortent du Havre", explique le Premier-Maître Christophe. Les données (provenance, destination, cargaison, équipage, etc.) sont transmises et centralisées au Centre opérationnel de la Marine nationale à Cherbourg. Les militaires repèrent aussi en un clin d'œil tout objet ou personne à la dérive. Ils déclenchent au besoin une opération de secours. Le sémaphore est enfin un équipement militaire et stratégique. On se dit alors que l'on doit en voir des choses depuis là-haut, surtout dans le contexte international particulièrement tendu. Sur ce point, la discrétion est de mise, et la réponse forcément laconique : "Nous sommes des guetteurs. On observe tout."
Un petit repas de fêtes le soir du 24
L'ambiance de Noël a-t-elle sa place dans un tel endroit ? Ni sapin ou guirlande dans la vigie, mais il s'agit tout de même d'améliorer l'ordinaire pour les trois officiers de garde pour 24 heures et qui se relaient au poste de surveillance toutes les quatre heures. "On essaie de trouver un moment pour se faire un petit repas de fêtes. Vers 19 heures en général", raconte jovialement le Premier-Maître Christophe. Il se souvient de la table de l'an passé : escargots, foie gras et saumon. L'alcool est évidemment proscrit. "Jamais pendant le service !"
La nuit du 24 au 25 décembre est calme. "Le commerce est presque à l'arrêt. Il n'y a quasiment pas de pêcheurs. Pas de plaisanciers. Le trafic chute de 80 % par rapport à l'habitude", estime le Premier-Maître Christophe. Mais la vigilance reste maximale. Alors, question légitime : voit-on passer le père Noël dans les jumelles ? "Ça arrive. Tout dépend de l'heure et du planning de sa tournée", répond le militaire dans un sourire malicieux.
L'histoire des "oreilles de Mickey"
pas de chapo
Si tous les Havrais ou presque savent à quoi fait référence l'expression "Les oreilles de Mickey", notre curiosité s'arrête au panneau "Terrain militaire, défense d'entrer" sur les grilles de l'établissement de la Marine nationale. Le site est l'un des quatorze sémaphores de la Force opérationnelle de surveillance et d'information territoriale de Cherbourg. Il couvre une zone s'étalant de l'embouchure de la Seine à Antifer.
Le tout premier équipement du Cap de la Hève date de 1860. Il est évacué en 1905 en raison de l'éboulement de la falaise. Un nouveau sémaphore est reconstruit, mais il est détruit par les bombardements à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Utilisant pour fondation un ancien blockhaus allemand, la tour actuelle est érigée au tournant des années cinquante. Elle est modernisée à plusieurs reprises depuis, la dernière fois en 1993.
Pour contacter les secours en mer
Toujours utile : connaître par cœur le numéro des secours en mer. Par téléphone, c'est le 196, et pour la radio (VHF), le canal 16. Soyez attentifs aux messages de vigilance de la Préfecture maritime, notamment pour les épisodes de grandes marées. Enfin, pour éviter le déclenchement inutile d'opérations de secours, notez que toute perte de matériel ou d'objet en mer doit être signalée.
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