"C'est la chose la plus difficile de ma vie et en même temps ma meilleure aventure." C'est ainsi que Yelyzaveta Korobka résume sa vie de réfugiée ukrainienne en France. La jeune femme, qui se fait appeler Elizabeth dans son pays d'accueil, vient tout juste de fêter ses 18 ans. Elle est arrivée seule, en avril dernier, avant d'être rejointe au Havre par sa mère et son jeune frère Ivan, âgé de 12 ans.
Douze plats
sur la table de Noël
Mais la perspective de devenir majeure inquiète l'étudiante en économie-gestion. "Mon père resté en Ukraine, c'est un peu triste comme anniversaire. Et c'est très effrayant, car ma mère et mon frère vont repartir en Ukraine. Ma mère ne veut pas rester", raconte Elizabeth, dans un français limpide. De la vie actuelle dans son village d'Andriivka, près de Karkhiv, à l'est du pays, elle ne dit en revanche pas grand-chose. Trop dur. En cette fin novembre, malgré la destruction d'un site de production voisin, ses proches restés au pays ont encore de l'électricité. Pour l'instant.
L'étudiante préfère raconter les traditions de son pays pour les fêtes. En Ukraine, on célèbre Noël le 7 janvier, mais les festivités débutent "quarante jours avant". Un décalage hérité de la culture orthodoxe. La veille, pour la Sainte-Soirée, les filleuls apportent à leur parrain et marraine la koutia, un plat sucré à base de blé, de riz, ou d'orge auquel on ajoute noix, miel, raisins secs et graines de pavot. "On dit que si cette tradition est respectée, ils seront comblés toute l'année. À leur tour, ils offrent des petits cadeaux ou de l'argent." Sur la table de fête, douze plats sont servis, "un symbole qui renvoie aux douze apôtres, précise la jeune réfugiée. Il est important d'essayer chacun des plats, mais vous ne pouvez pas tout manger, sinon le frigo sera vide toute l'année !" L'autre temps fort est la soirée du 13 janvier, le nouvel an ukrainien, et la journée du 14. "Toutes ces fêtes sont synonymes de famille, de repas, et d'une atmosphère chaleureuse", déclame Yelyzaveta. Après les examens en France, elle formule un espoir : "J'espère arriver en Ukraine pour le nouvel an et le fêter avec ma famille, c'est mon rêve." Et si les combats se poursuivent ? La gorge se serre : "C'est difficile de répondre. J'espère vraiment que je pourrai."
En attendant, Elizabeth poursuit sa vie d'étudiante, hébergée au Centre régional jeunesse et sport comme d'autres Ukrainiens, dont certains sont devenus des amis. "On a prévu de décorer nos chambres. J'ai une seule guirlande pour le moment, sourit Yelyzaveta, avec un brin de retenue. Je ne sais pas si je peux vraiment faire la fête, à cause de la guerre dans mon pays."
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