Noël sans chocolat, peu l'envisagent. Surtout pas Olivier Viel, qui travaille la fève de cacao comme on façonne une pépite d'or. Un savoir-faire hors pair qui lui vaut d'être pris d'assaut lors des fêtes de Noël et de Pâques, durant lesquelles il fait 70 % de son chiffre d'affaires. Depuis 2014, le chocolatier parfait son art sur ce joyau gustatif dans son atelier, Le Petit Chocolatier, basé à Alençon.
Pour devenir un maître gourmand, il a choisi de casser les codes, d'obtenir le diamant brut que lui-même sera chargé de sculpter. Des étoiles plein les yeux, Olivier Viel s'envole vers "l'Ile du chocolat". Un scénario qui ferait même saliver le père Noël.
Ses premières fèves, le professionnel les a rapportées de São Tomé-et-Príncipe, archipel proche du Gabon, en Afrique de l'Ouest. "On a vidé nos valises pour transporter notre première cargaison de 70 kg, se rappelle le chocolatier, accompagné depuis ses débuts par Cécile, son épouse. À ma surprise, ça a été difficile d'acheter des fèves en si petites quantités car les grosses entreprises avaient déjà la main." De retour dans l'Orne, Olivier Viel tente des recettes chez lui, et parvient à séduire l'exigence de ses papilles. À Alençon, les gourmands ne se sont pas fait prier pour venir acheter les merveilles concoctées par le gastronome. En 2017, le chef reçoit sa première distinction au Salon du chocolat, à Paris.
Un chocolatier engagé
Sensible aux conditions de travail et à la rémunération des agriculteurs, il cofonde le Club des chocolatiers engagés avec Christophe Bertrand, composé de neuf professionnels. "C'était mon souhait de départ de gérer l'ensemble du processus, quitte à court-circuiter le système actuel, raconte l'artisan. Le coût doit être fixé par le producteur et non par les boursiers." Grâce à cette coopérative, la rémunération des fournisseurs de cacao est assurée. Le club a commencé avec 200 kg de fèves et, aujourd'hui fort de 80 adhérents, il pèse 30 tonnes. La passion d'Olivier Viel est contagieuse, Adrien Chauvin, à la tête du restaurant alençonnais Lalaizan, ne se passe plus des friandises de l'artisan. "J'aime sa démarche et sa volonté de tout faire A à Z", déclare le restaurateur venu récupérer ses boîtes de chocolats quotidiennes.
Olivier Viel transforme aujourd'hui près de 1 500 tonnes de cacao par an. Ses fèves proviennent d'une dizaine de pays différents : Madagascar, Tanzanie, Cameroun, Canada… Il s'approvisionne deux à trois fois par an pour répondre à la demande de sa clientèle. Chaque variété de cacaotier procure une saveur chocolatée unique. Celle originaire de São Tomé-et-Príncipe, l'amelonado, offre une note aromatique "proche des fruits rouges", selon le chef. Plus puissant, le trinitario du Cameroun se rapproche du goût de la banane. Le maître chocolatier connaît le palais de sa clientèle : il confectionne des bonbons et des moulages composés de 63 % de chocolat et 73 % pour les tablettes.
Son amour du chocolat et son sens de l'engagement, Olivier Viel les a vus récompensés plusieurs fois. En octobre dernier, avec un Award et une tablette d'or, la plus haute distinction distribuée au Salon du chocolat. Régaler ses clients, Le Petit Chocolatier en a fait son fer de lance. La féerie de Noël prend une toute nouvelle saveur : celle d'un chocolat travaillé avec respect, sensibilité et savoir-faire.
Le cacao : l'art du délice
Le Petit Chocolatier gère la production de son chocolat de A à Z.
Du personnel et du matériel
Trois employés en production
et trois en vente
Le Petit Chocolatier emploie six personnes, trois en production et trois en vente. Côté matériel, le temporisateur à main permet d'obtenir un chocolat à point, car le tempérage est la clé d'un chocolat "brillant, cassant, et uniforme". Cet appareil est nécessaire afin de produire des moulages, des bonbons et des tablettes. Le reste des machines utilisées par Olivier Viel : un four et un broyeur, tout l'arsenal pour faire du bean to bar (en français de la fève au chocolat), et une concheuse.
Un cacao engagé
De São Tomé-et-Príncipe
à l'atelier ornais
Pour le maître chocolatier, l'aventure commence à Sao Tomé-et-Principe, "l'île du chocolat". Et Olivier Viel influence d'autres chefs : Christophe Bertrand, à la tête de A la reine Astrid, noue un partenariat avec Aristide, au Cameroun. Ensemble, ils se lancent dans le soutien des producteurs de cacao avec le club des chocolatiers engagés né quelques années plus tard. Grâce à leur engagement pour une rémunération plus juste des cacaoculteurs, ils font vivre 1 500 familles au Cameroun.
Les étapes de fabrication
Quand les fèves
deviennent des tablettes
Les fèves arrivent à Amsterdam en containers, dans de gros sacs. Première étape de transformation, la torréfaction. Grillée, la fève libère les arômes du cacao. Une étape qui demande un vrai savoir-faire. S'ensuivent le concassage et le vannage. La peau séchée est séparée de la fève. Après un pré-broyage et un couchage, le chocolat passe dans la tempéreuse. À noter qu'Olivier Viel utilise une technique à l'ancienne de couchage sur meule de pierre. Dernière étape : la transformation du chocolat en tablette, bonbon ou moulage.
Camembert chocolat
Un produit original
et engagé
Si l'artisan propose la vente de nombreux produits, l'un d'entre eux attise particulièrement la curiosité : le camembert chocolat. L'emballage en bois donne l'illusion d'un vrai fromage. L'histoire de ce faux fromage normand est à l'image du tempérament du chef, toujours prêt à défendre ses valeurs. En 2019, le Parlement européen vote l'interdiction de produire du fromage au lait cru. Les producteurs montent au créneau et Olivier Viel, en soutien, sort son camembert chocolat.
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