En pleine crise énergétique, les alternatives existantes pour se chauffer restent les bienvenues. La Normandie regorge d'une ressource inestimable : la haie bocagère. "Comment valoriser les haies ?" Une question centrale qui a été posée dans le cadre d'un projet appelé "Approche transversale et systémique de l'arbre dans le Perche", mené par le Parc régional naturel du Perche. Jeudi 10 novembre, le parc a convié la Fédération des coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA) Normandie ouest et la Scic bois bocage énergie pour une formation sur l'entretien durable des haies bocagères et les débouchées possibles de cette ressource.
Une histoire de "recepage"
Le premier objectif de cette journée de formation, à laquelle une vingtaine d'agriculteurs a participé, est de montrer le potentiel durable d'exploitation de la haie. Pour cela, la Cuma Innov'61, qui regroupe une centaine d'adhérents, a ramené son matériel. Cette confédération mutualise du matériel agricole pour la taille des haies. Ainsi, la pelle sécateur permet de couper les arbres. Un conducteur formé guide l'engin. Le maître de mot de la journée, pour Mathieu Gadeau, animateur Bois énergie à la Cuma, c'est le "recepage" (technique connue dans les vignobles) : couper tout en assurant la repousse de la haie.
"On fait en sorte que la haie ne soit plus une charge pour l'agriculteur mais, au contraire, une production d'énergie rémunératrice et durable."
Pour cela, pas question de tout faire à la pelle, la tronçonneuse permet de couper au raz de la souche. Grâce à ces outils, les agriculteurs ont la possibilité de gérer leur haie, favoriser la repousse tout en limitant leurs frais. La déchiqueteuse permet quant à elle de produire du bois en plaquettes afin de favoriser ses débouchées et sa potentielle revente.
Une vingtaine d'agriculteurs a participé à la journée de formation à la taille de haie, organisée jeudi 10 novembre.
Source d'énergie "extra-locale"
Une fois la haie taillée correctement, elle devient une ressource illimitée. En Normandie, la Cuma estime plus de 140 000 km de haies et de cordons boisés. Une partie infime serait valorisée. En plus d'être un support essentiel pour la biodiversité, les haies dessinent les paysages normands. La société Bois bocage énergie propose des plans de gestion aux propriétaires de haies sur une durée de quinze ans. Elle fédère plus de 215 adhérents, dont 150 sont des agriculteurs. La société accompagne les propriétaires pour trouver des débouchées à leur haie taillée.
Ecoutez ici : Mathieu Gadeau, du Cuma
La haie peut être utilisée de différentes façons :
– en bois plaquette pour former une litière sous les animaux, elle remplace la paille
- en praire pour l'amendement
- en paillage pour remplacer les bâches et éviter les mauvaises herbes
- en fourrage pour nourrir les animaux (avec des essences comme le Fresnes)
- en chauffage pour alimenter des chaudières individuelles ou collectives
Dans l'Orne, 63 chaudières collectives (mairies, écoles…) utilisent du bois issu des haies bocagères. La majorité d'entre elles sont alimentées grâce aux haies taillées par des agriculteurs. La haie bocagère serait ainsi une énergie "renouvelable, extra-locale, non délocalisable, et économique", selon Mathieu Gadeau, de la Cuma, et Sylvain Betolaud, chargé de mission à Bois bocage énergie.
Ecoutez ici : Sylvain Betolaud, société bois bocage énergie
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Bonjour,
Ça fait 30 ans(ou plus) que l'Rtat (entre autres) a encouragé la destruction des haies via les remembrements . L'agriculture moderne avec la culture des céréales prédominante a aussi faciliter cette destruction . Ça va être compliqué de faire marche arrière...