Et sa silhouette devrait continuer à gagner en beauté et surtout en solidité au fil des mois. Mais ce château est plus qu’un chantier visant à sauvegarder un bijou du patrimoine de Seine-Maritime. Il est aussi le moyen, pour des dizaines de personnes, de se réinsérer dans le milieu professionnel. Depuis le 1er novembre 2009, l’association Cursus, basée à Elbeuf, a déployé des équipes sur le chantier. “Nous avons 92 personnes qui sont actuellement en insertion sur différents chantiers au sein de la Crea et notamment au Château de Robert le Diable,” explique Laurent Auger, directeur de l’association.
Déblayer et sécuriser
Le château de Robert le Diable, c’est d’abord la promesse d’un travail de titan. “Le batiment était à l’abandon depuis 2003 lorsque la communauté d’agglomération l’a racheté en 2007”, note Martine Taillandier, maire de Moulineaux et élue en charge du château de Robert le Diable à la Crea. Le monument, qui autrefois se visitait a dû être fermé en 2003. Une des priorités a été de commencer par mettre en sécurité le site et ainsi préserver le public des chutes de pierres et le lieu, des intrusions. Pas de chance, en 2007, la tour Nord, appelée aussi Tour de Rouen, a été la proie des flammes. Pour panser toutes ces plaies et réouvrir ce lieu au public, 420 000 € par an sont consacrés aux travaux.
“Nous voulions inclure une dimension sociale aux travaux que nous devions y entreprendre et c’est pourquoi nous avons pensé à des chantiers de réinsertion.” Aujourd’hui 12 personnes sont en poste sur ce lieu pour le moins exceptionnel. Il faut non seulement consolider les murs mais également assurer l’étanchéité des épaisses murailles. Un chantier de longue haleine. Sans compter l’entretien des espaces naturels. La végétation était devenue plus qu’exubérante autour du château et commençait à envahir et recouvrir des murs. Le premier travail est donc de tout débroussailler avant de pouvoir s’attaquer à la consolidation du gros oeuvre.
Pour les personnes qui sont affectées sur ce chantier, aucun pré-requis technique n’est exigé. Ils viennent ici découvrir et apprendre un métier mais aussi la ponctualité, le respect, la discipline. Ces ouvriers ont signé pour un CDD de six mois “mais leur parcours ici est en moyenne de 12 mois”, précise Laurent Auger. “Beaucoup d’entre eux bénéficient du Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE).” Oeuvrer sur ce chantier est pour eux un premier pas fait dans le chemin qui mène à un nouveau travail.
En plus de consolider ces grands murs, débroussailler les lieux, ils apprennent également à accueillir le public. L’association Cursus gère aussi l’événementiel, organisé autour du château. Car si l’on ne peut pénétrer à l’intérieur de l’enceinte, les extérieurs demeurent accessibles. “Notre but est de faire venir les gens pour leur faire découvrir à chaque fois quelque chose de nouveau.”
De Richard Cœur de Lion aux touristes
Les légendes sont nombreuses autour de l’identité de fameux Robert le Diable mais on a pu établir avec exactitude qui il était réellement. Ce dont les historiens sont certains, c’est que Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, y a séjourné. On lui attribue même l’édification du château. Une forteresse est attestée sur les lieux dès le XIIe siècle, vers 1180. Détruit, puis reconstruite, elle aurait été définitivement démantelée au XVe siècle pour éviter aux Anglais, qui approchaient de Rouen, de s’y installer.
Le château a traversé les siècles. Il ne retrouvera plus sa gloire passée mais les travaux en cours vont permettre de sauver ses ruines de la destruction. Elles revivent maintenant à travers les animations organisées occasionnellement. Le château de Robert le Diable ouvrira ses portes au public, lors des journées européennes du patrimoine, les 17 et 18 septembre prochain, sur le thème “Voyages en patrimoine.”
Quelques repères
. 50 000 € C’est le prix payé par la communauté d’agglomération pour acquérir les ruines du château de Robert le Diable qui appartenait auparavant à la famille Cosserat.
. Robert Duc de Normandie en 1027, il fut le père de Guillaume le Conquérant, futur roi d’Angleterre, et aida le roi de France Henri I dans la lutte contre les grands vassaux.
. Public La mise en sécurité du chantier a été la première chose réalisée au château de Robert le Diable, afin que le public puisse profiter de ce trésor patrimonial.
. Cursus Le château est aujourd’hui livré aux bons soins d’ouvriers de l’association Cursus, qui y a mis en place un chantier d’insertion professionnelle.
Anne Letouzé
(Photo Association Cursus)
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