C'est la fin du Rubis. Ce sous-marin nucléaire d'attaque a réalisé son dernier voyage samedi 5 novembre, de Toulon, son port d'attache, à Cherbourg, son port de construction. C'est ici qu'il va être démantelé puis déconstruit pièce par pièce. Le Rubis aura servi pendant 39 ans les couleurs de la Marine nationale française. Ce sous-marin est impressionnant quand on le voit à quai, mais finalement, il est assez petit par rapport à d'autres sous-marins du même type : 2 700 tonnes, 73,6 m de long, presque 8 m de diamètre, et entre 75 et 80 hommes d'équipage à bord. En tout, il aura passé 14 ans sous l'eau et fait 1 million de nautiques soit 50 fois le tour de la Terre.
Un démantèlement de plusieurs mois
Le Rubis n'a plus de torpilles ou de missiles à bord, mais son désarmement n'est pas fini pour autant. "Le désarmement est constitué de plusieurs étapes, dont l'étape de démantèlement", explique le capitaine de frégate Laurent Falhun, l'actuel et dernier commandant de ce vaisseau. Il poursuit : "Cela consiste à dénucléariser le sous-marin dans un premier temps. On va enlever le combustible nucléaire, le mettre sous surveillance. Ensuite, on va découper la coque, la tranche qui possède à l'intérieur le réacteur nucléaire. On va l'entreposer ici, sur la base navale, avec une surveillance bien étroite. Ensuite, nous allons ressouder les deux parties du sous-marin, qui sera dénucléarisé, et nous allons procéder à la phase de déconstruction, en respectant les normes environnementales." Le désarmement va durer un mois, puis la Direction générale de l'armement s'occupera de la déconstruction qui, elle, va durer plusieurs mois.
De l'émotion
Pour le capitaine de frégate Laurent Falhun, emmener un navire vers sa fin est un moment particulier. "Il y a forcément un peu d'émotion, parce qu'on rencontre les anciens commandants. Nous les avons fait naviguer en juillet. On échange beaucoup avec eux, on a les souvenirs de chacun. Après, ce n'est qu'une page qui se tourne, il faut se tourner vers les nouveaux sous-marins", assure-t-il. De sa période à bord, il retient surtout son équipage. "En tant que commandant, je suis particulièrement fier de mon équipage. Je suis fier de leur combativité, de leur enthousiasme et de la confiance qu'ils me portent. C'est bien de ça dont je suis fier. Je me souviendrai surtout de l'équipage", précise-t-il.
Le capitaine de frégate Laurent Falhun et le capitaine de vaisseau Alexandre Caron, dernier et ancien commandant du Rubis.
Un constat partagé par le capitaine de vaisseau Alexandre Caron. C'est le commandant de la base navale de Cherbourg, mais il a servi une mission comme commandant du Rubis. "Les derniers jours de mer étaient consacrés à un très grand exercice, catamaran 2014. On devait observer une force proche des côtes, mettre en œuvre des forces spéciales. Ce souvenir pour moi était très marquant, parce que tout l'équipage était mobilisé pour répondre au mieux aux objectifs qui nous étaient fixés. De voir toujours cet enthousiasme de chaque personne à bord pour la réussite de la mission, c'est quelque chose qui est vraiment frappant et extrêmement satisfaisant pour un commandant", explique-t-il.
Le dernier exercice : Rubis contre Suffren
Le Rubis a dû remonter de son port d'attache, Toulon, vers Cherbourg. L'occasion pour l'équipage de faire un dernier exercice contre le nouveau SNA : le Suffren.
Le dernier voyage du Rubis n'a pas été une croisière tranquille. Entre Toulon et Cherbourg, l'équipage a recueilli des renseignements, mais ce n'est pas tout, il a aussi réalisé un exercice au large de la Côte Atlantique contre le Suffren. C'était la rencontre de deux générations de sous-marins nucléaire d'attaque : l'ancienne et la nouvelle.
Cet exercice a permis à l'équipage du Suffren de bien prendre en main ce nouveau SNA, il a d'ailleurs gagné cette mission contre le Rubis. Pour le commandant du Rubis, malgré la différence et l'écart technologique entre les deux bâtiments de la Marine nationale, son équipage n'a pas démérité. "C'est évident qu'il [le Suffren] a été meilleur que nous. Il a des portées de détection plus importantes, il est plus discret." Mais pour lui, l'équipage n'a pas à rougir de sa prestation et de sa combativité. Le sous-marin vétéran a tenu son rang.
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